Le Carrefour D’algérie
Samedi 9 Octobre 2010
« … Ma mère n’a pas un coin «facebook» et ne sait même ce qu’est facebook. Elle n’a pas d’adresse email et ne sais pas ce que cela veut dire. Ma mère n’a pas de téléphone portable bien que de vieilles femmes en possèdent déjà un peu dans le pays. Elle n’a pas de Ipod, ni de lecteur MP3. Encore moins une collection de CD ou de DVD.
Ma mère ne sait pas ce que veut dire octet, ni giga, ni RAM, ni même débit. Internet est pour elle ce que fut la télévision lors des premiers jours de l’indépendance. Ma mère n’a découvert la télécommande que vers la fin de sa vie, ainsi que la plaque chauffante dans la cuisine. Ou même le mixeur, le congélateur et la pondeuse à glaçon. Ma mère n’a pas de pseudonyme sur la Toile mondiale et ne sait pas ce que c’est un virus, un disque dur, un plantage ou un formatage. Pour elle, le logo du Windows est une belle photo. Et les cartes mémoires ou les flashdisk sont des objets non identifiés appartenant à ses enfants et à un monde qu’elle ne connaît pas. Avec le micro-ordinateur, l’univers de ma mère est jonché d’objets dont elle n’a jamais pu imaginer l’arrivée à l’époque où la télévision ne devenait en couleur que lorsqu’on avait la fièvre ou qu’on recevait un coup sur la tête. Ma mère ne connaît qu’un seul genre de souris et ne saura jamais comprendre ce qu’est un écran tactile. C’est à peine si elle peut comprendre ce que veulent dire les mots «télécharger», cloner, «graver». Non pas qu’elle soit idiote ou dépassée, mais seulement l’enfant d’un monde qui n’existe plus: un monde où les télévisions avaient des lampes qui se grillent, où on devait se lever pour faire baisser le son et où les émissions commençaient à 17 heures avec le Coran et se terminaient à 11 heures du soir. Un monde sans satellites et sans débit. Où le téléphone était fixe mais où les rêves étaient sans fil.
9 octobre 2010
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