Lu dans un journal : « Jamais un ministre de la Communication n’a osé aborder la question épineuse et problématique de l’Entv avec autant de franchise.(…) Nacer Mehal, donne un coup de pied dans la fourmilière. Fort des directives du président de la République, Nacer Mehal se trouve libéré, renforcé dans ses missions de ministre de la Communication. Désormais, il marque son passage au gouvernement comme le ministre de la communication qui a secoué la tour d’ivoire dans laquelle s’est enfermée l’Entv. La «perestroïka» est en train de souffler sur l’Unique, les prochaines semaines, voire jours seront décisifs pour l’avenir de l’Entv »
On l’a compris : le tout nouveau ministre de la Communication, Nacer Mehal, ancien directeur de l’Agence presse service est l’homme providentiel, celui qui va bouleverser la télévision algérienne jusque-là sclérosée. Il ne sait d’ailleurs plus quoi annoncer qui épaterait le mieux les Algériens. «L’heure est aux réformes. Il est d’une nécessité impérieuse d’insuffler un nouvel élan qualitatif afin d’améliorer les prestations de la télévision… » Il se dit désolé de la médiocrité des programmes proposés par l’ENTV durant le mois de Ramadan et présentera même ses excuses à tous les Algériens : «L’ENTV a été largement critiquée pour les programmes qu’elle a diffusés pendant le mois de Ramadan. Et je tiens à présenter officiellement mes excuses à tous les téléspectateurs algériens.» Avant de s’engager :: «La Télévision nationale commence à faire un bon travail, et ce, conformément aux nouvelles orientations données par le président de la République»,
On y est : Bouteflika ! Gloire au président !
Nacer Mehal a la vilaine propension de prendre les Algériens pour des cons.
1. Il place la question dans la « médiocrité d’une grille de Ramadhan » alors qu’elle réside dans la gestion hégémonique de la communication de masse, et donc de la télévision, comme axe stratégique d’exercice du pouvoir pendant onze ans par ce même Bouteflika qui donne aujourd’hui de « nouvelles orientations »
« Il n’y aura qu’une seule chaîne de télévision. Et il n’y aura pas d’autres chaînes de radio. Je veux contrôler ma machine. » disait-il, déjà, Sur France Culture, septembre 2000.
La mainmise sur la communication a été impitoyable. Cette gestion hégémonique a commencé le 29 juin 1999, soit un mois après sa prestation de serment, par le limogeage, en plein Conseil des ministres, du ministre de la Communication et de la Culture, Abdelaziz Rahabi. “Vous comprendrez, M. Rahabi, que je veux m’occuper moi-même de la Communication.” En fait, il avouait déjà des projets de musellement de la presse et d’accaparement de la télévision pour ses propres idées totalitaires. A partir de cet instant, il s’imposera comme quelqu’un de boulimique en tout : il veut tous les postes. Il ira jusqu’à déclarer : « C’est moi le rédacteur en chef de l’Agence de presse. » La même agence que dirigeait Mehal !
« Je veux m’occuper moi-même de la Communication. » Zouaoui Benamadi n’a pas pris suffisamment à la lettre la formule péremptoire du prophète-président : recruté l’été1999 à la Présidence en qualité de conseiller à l’information,l’ancien directeur d’Algérie-Actualités se verra limogé au bout de quelques jours pour s’être autorisé des libertés dans la communication du président. Il sera repêché quelques mois plus tard pour occuper la direction de la radio où, en chat échaudé, il se gardera de mécontenter de nouveau l’autocrate-président.
2. La solution n’est pas de « farder » la chaîne unique, mais d’ouvrir l’audiovisuel
Les Algériens n’attendent pas de voir lancer un nouveau JT ou une nouvelle grille de Ramadhan » mais de voir la fin de la gestion hégémonique de la communication de masse, et donc de la télévision.
Il faut restituer la liberté de créer, de s’exprimer, d’entreprendre.
Or, pas folle la guêpe, le ministre de la Communication, Nacer Mehal, a écarté, jeudi à l’Assemblée populaire nationale, le recours dans l’immédiat à l’ouverture du champ médiatique. Faut pas pousser ! Autrement dit, les « réformes » c’est s’arrêteront à la nouvelle robe de la speakerine. » On ne peut aussi passer sous silence les aspirations de la population », conclut Mehal.
Comment ne pas le croire ?
L.M.
9 octobre 2010
Non classé