Ali Dilem sera décoré des insignes de Chevalier des arts et des lettres au cours d’une cérémonie spéciale prévue lundi à Alger. Cette décoration française lui sera remise des mains de Madame Noëlle Lenoir, ancien ministre des Affaires européennes, en présence, notamment, de Monsieur Xavier Driencourt, ambassadeur de France à Alger, Haut représentant de la République française.
Né à Alger en 1967, Ali Dilem est, actuellement, dessinateur de presse (ou caricaturiste) au quotidien «Liberté». Il participe, également, à l’émission de télévision Kiosque de TV5 Monde, sur la chaîne francophone TV5. Il a déjà reçu prés d’une vingtaine de prix internationaux, dont le Prix international du dessin de presse en 2000. Il a également reçu, en 2005, le Trophée de la liberté de la presse, décerné par le Club de la presse du Limousin et Reporters Sans Frontières, ainsi que le Cartoonist Right Network Award for Courage in Editorial Cartooning (Prix du courage en caricature), décerné à Denver aux Etats-Unis, en 2006. Après des études à l’Ecole nationale des Beaux-arts d’Alger, la carrière journalistique de Dilem a démarré en 1989 au quotidien (qui paraît quand il peut) Alger Républicain. A partir de 1991, il anime «Le Dilem du jour» au quotidien Le Matin, avant de passer en 1996 à Liberté. Il a fait l’objet de plusieurs procès en diffamation. En 2001, son nom a été attribué à des amendements au code pénal (amendements Dilem). Ali Dilem a publié les ouvrages «Taiwan, two, tri, viva l’Algiri» et «Boutef, président». Il est aussi membre de la fondation Cartooning for Peace, créée sur l’initiative de l’ONU, en réponse à l’affaire des caricatures danoises. Institué en 1957, l’Ordre des arts et des lettres est une décoration honorifique française. Gérée par le ministère de la Culture, elle récompense «les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire, ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde».
Kader Bakou
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/10/07/article.php?sid=107033&cid=8
8 octobre 2010 à 20 08 25 102510
Mouvement des walis: Les critères de sélection
par El Yazid Dib
Tôt annoncé, tant attendu ; le mouvement des walis vient de se faire sans surprise particulière. Ceux qui sont partis le savaient déjà. Ceux qui arrivent vont savoir ce qui se passe là-haut. Mais quel est donc ce mythe sélectif entourant cette caste de hauts fonctionnaires ?
Le poste de wali serait le pivot le plus important sur lequel repose l’Etat, sinon la république. Son domaine brasse tous les secteurs. Des événements de droit ou de fait, il en sera responsable. L’ordre public, le pain, l’eau, le toit, la quiétude civile sont autant d’espace d’attributions que ses droits arrivent à peine d’être dissociés de ses obligations.
Le pouvoir local prétend-on est assez rétréci et limité pour les walis. Le concept de la forte décentralisation, certes n’est pas encore arrivé à maturité tant les attelles centrales ne veulent pas se soumettre à une exigence, d’ailleurs impérative à peine d’étouffement du circuit de la décision et qui consiste en un besoin populaire de localiser, rendre proche le verdict dans l’issue des tracasseries administrative. Renforcer le pouvoir du wali par la wilayisation de certaines attributions dévolues sans conteste à une autorité centrale perçue le plus souvent comme une relation personnelle ou une intimité corporatiste, n’ira pas à dégarnir davantage les quelques fonctions attributives rattachées à un maire le plus souvent soumis aux fins désirs d’un wali en mal de déversoir d’impudence. Un wali n’avait nul besoin, si pour « degourbiser » un ensemble de taudis à rassembler toute une kyrielle d’autorisations auprès d’une ou plusieurs autorités sises à Alger
Cette entité plénipotentiaire dans le démembrement des rouages de l’Etat qui tout de même est conforme à l’ombre de la conception préfectorale napoléonienne, manque d’un cadre juridique et descriptif de profil, d’aptitude et de compétence. Elément de l’un des plus grands corps de l’Etat, le wali par défaut de statut particulier, est assimilé à un fonctionnaire d’un rang hiérarchique supérieur, faisant de hautes fonctions au même titre, mis à part le mode de désignation et la différence de solde ; qu’un directeur d’exécutif. De ce fait, ce fonctionnaire hors paire, se trouve objet à toutes les sollicitations possibles et imaginables. Il est pris pour un demi-dieu. Il tend à créer des riches ou appauvrir les autres. Les sautes d’humeur, le tempérament personnel et l’œil intime feraient de lui ou un allié incontournable pour certains opérateurs locaux ou un censeur de fortunes et un vecteur d’inimité pour le reste. D’où la nécessaire, tel que dit par le ministre de l’Intérieur, obligation d’en assurer périodiquement une rotation. Il est fortement salutaire d’opérer un tel redéploiement. Ceci permettra dixit Ould Kablia « d’éviter la familiarisation relationnelle ». Un wali sans mouvement, est un wali otage d’une localité. S’il a trop perduré, il perdra toute main mise sur les affaires de la cité. Un wali fraichement installé allait permettre au moins un nouveau souffle, dans la mesure où le rangement des uns et des autres subira sans doute un changement. Est-il un personnage politique non partisan, un manager gestionnaire ou un simple mais très haut fonctionnaire? Le caractère, le comportement et la carrure d’un wali sont, en l’absence de règles; une affaire de personnes. L’intempestivité de l’un est saisie chez l’autre comme une atteinte à l’obligation de réserve qui sciemment indéfinie ; porte, elle aussi des délires à tout le monde. La gentillesse managériale n’est pas incompatible avec l’exercice du pouvoir, et pourtant l’écart de langage, le mépris des autres, ou l’autoritarisme excessif ne seraient pas comme cursus pédagogique à faire incruster dans le manuel éducatif des walis. Il n’y a pas de pépinière de walis. On les pioche à des exceptions ; de partout et d’ailleurs. Et l’on se pose ainsi la question de savoir si le wali est un métier ou une mission, une charge ou une faveur ? Le dernier mouvement demeure assez éloquent pour essayer de distinguer quelques raisons de relève, de mutation ou de nomination. Pour ceux demis de leur fonction, il est clair à voir le profil de chacun des onze concerné que la plupart ont atteint un âge de retraite sinon celui d’une ménopause dans la dynamique qui doit guider chacun d’eux. Pour ceux ayant subit juste un changement géographique, la raison est parfois complexe sinon inouïe. L affectation d’un wali à telle région reste à justifier par le plus qu’il aura à y apporter. Son cran, son dada ou autres traits intrinsèques le caractérisant seraient ainsi mis en évidence. A l’ex-wali de Jijel, affecté à Etarf, on lui trouve une décision assez raisonnable. Car le monsieur, baroudeur qu’il est ; aura certainement à secouer vivement la léthargie qui fait somnoler cette wilaya depuis longtemps. Mais de là, à faire venir dans une wilaya qui a connu de grands changements en termes d’infrastructures de base et d’équipement etc. mais demeurant encore nécessiteuse au sens culturel, convivial et touristique, un provenant d’une wilaya à la dimension peu enviable, c’est insondable. Sétif/Médéa. Il est aussi de cette sélection, qui fait que ses critères n’ont eu de cure sur leurs récipiendaires. Un secrétaire général qui est censé faire ses classes dans une wilaya de moindre importance, car promu wali, se voit à la tête d’une wilaya qui lui est limitrophe et aux multiples couacs. Tizi-Ouzou/Boumerdès. Que dire alors d’un wali qui depuis son poste de secrétaire général et durant plus de 12 ans, n’a fait sa rotation en qualité de wali que dans un espace réduit ne dépassant pas les 500km de diamètre à l’Est du pays ? Tébessa/Biskra/M’sila/Oum el bouaghi. Il est de même de certains walis à qualifier in-extremis de rescapés. L’ex-wali de Boumerdès avec l’affaire des 30 hectares du marché de l’agro-alimentaire s’est totalement débiné de ses responsabilités en les jetant toutes sur son secrétaire général. Il disait qu’il « était en congé ». Un congé ne provoque pas la rupture du contrat de responsabilité à un tel échelon de la hiérarchie. Un wali n’est pas en congé.il se repose. L’on n’est certes pas coupable du fait personnel, mais l’on assume pleinement l’obligation de supervision de la délégation de pouvoirs octroyée. Oran, capitale de l’Ouest croule sous les décombres d’une gestion diluée. L’arrivée d’un wali du constantinois aurait-elle l’espoir escompté pour une vive et rapide réhabilitation ? Bechar et ses chroniques judicaires, serait-elle mieux lotie, avec l’arrivée du plus jeune et beau wali de la république ? Nonobstant les douze nouveaux promus. L’homme qui venant droitement du Centre d’Alger où il officiait en délégation de wali, ira wali-plein à Illizi, apportera-t-il, outre mesure sa modernité, son élégance et sa bonne humeur pour sortir un tant soit peu cette région de son désert culturel ? Mascara, ville de l’émir Abdelkader, suffira-t-elle, à contenir l’excédent de dynamisme d’un nouveau chef exécutif éprouvé aux glissières algéroises et rompu aux branle-bas le corps ?
La nature est ainsi faite. Quelque soit l’apparat que l’on porte, l’uniforme que l’on endosse ou la fonction que l’on exerce, l’essence profondément humaine finira un jour, le temps d’une pause ou d’une collation d’adieu ; par redécouvrir sa véritable espèce. La faiblesse. Dans tous ses sens nobles et positifs. L’homme du fait d’une activité quelconque tend à produire une copie de son être en vue de paraitre ce que peuvent croire ses vis-à-vis. Dans son temps, le temps coule à flot sans qu’il puisse à intermittence s’en rendre compte. Epris par cette idylle fonctionnelle, cherchant à chaque coup le comment fabriquer une image qui n’en est pas authentiquement sienne, l’homme-lige, héros d’un mandat, acteur principal s’oublie vite et se perpétue à croire à la durée du rôle. Une fois : pour une raison ou une autre, positive ou négative ; le rideau tombe, qu’il fend sous une émotion capable de le déshabiller le laissant se voir dans toute sa nudité d’homme sentimental, sensible et périssable. Ce mouvement des walis aura à entrainer, lors de réceptions d’adieu, beaucoup de pleurs, d’aigreurs et de regrets. Ce seront des instants pleins de silence plaintif et de soupirs sans cris. Pour une dernière fois, l’amabilité et la sincère courtoisie, se dispenseraient des usages d’un protocole certes recommandé, mais contraignant et inutile. Justement, c’est ce lourd protocole auquel, l’homme se soumet ou tient à y soumettre les autres, qui dans de pareils moments fout le camp et brise les cadenas de toute chasteté. Un wali à l’Est du pays, touché par ce récent mouvement, pourtant muté ailleurs dans une wilaya au même diapason que celle qu’il quitte, a fondu en larmes face aux égards de grands respects reçus par sa personne lors à bon escient d’une collation d’adieu. Ce wali là, ne pleure pas en l’exercice de ses fonctions. Son moral est toujours de plomb même à vivre les hécatombes, ou à lire la comptabilité macabre. Son attention était ce respect continu qu’il manifeste envers son environnement. Mais dans cet aveu d’adieu, il ne manquera pas, tout en ciblant les grands événements de sa wilaya, de citer les faits ayant marqué aussi sa vie personnelle. Sa maladie et la disparition de sa mère. Il a tenu à remercier sa population pour ce double soutien. L’assistance venait de croire que derrière chaque wali se cache un homme. Tout à fait ordinaire, avec ses déboires, ses penchants, ses peines et ses douleurs. Ainsi, l’homme est toujours et le restera à jamais homme, malgré le jeu de rôles précaire et révocable que l’on lui attribue jusqu’à nouvel ordre.
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8 octobre 2010 à 20 08 26 102610
L’ENTV : la chèvre de M. tout-le-monde
par Abdou B.
« Quiconque flatte ses maîtres les trahit. » Massillon
En Allemagne, 31% des députés sont des femmes. Ces dernières sont-elles génétiquement plus intelligentes que les Algériennes? Bien sûr que non, sinon ce serait la réhabilitation des thèses nazies sur la supériorité d’une race sur les autres ou l’infériorité. Et c’est bien le sinistre E. Zemmour fan rance de ces thèses qui déclame sans risquer une avalanche de procès que «les Arabes et les Noirs sont les plus grands trafiquants». Si l’Allemagne arrive à ce pourcentage de la représentation populaire, pourquoi pas l’Algérie? Cette dernière dirait un dirigeant de la majorité actuelle «n’est pas l’Allemagne»! Celle-ci est donc mieux lotie! Cependant l’argument d’ordre bien entendu supposé uniquement politique ne tient pas. Les partis de la majorité peuvent très facilement trouver lors d’élections communales ou législatives 33,18% de femmes qui ont des tonnes de vrais diplômes, de l’expérience, du charisme, une grande facilité d’élocution, un physique pas du tout repoussant et les faire élire comme ils le font pour des hommes. Et du coup l’opinion étrangère aurait le bec cloué pour longtemps, comme «les ennemis», «les jaloux du pays» et «les pays étrangers» que la puissance algérienne et la place incontournable qu’elle a pour les dossiers de la Palestine, du nucléaire iranien et israélien et pour le dynamisme et la productivité des médias adhérents à l’union africaine de radio et TV.
Mais il semblerait que le nombre insignifiant féminin de maires, de parlementaires, de dirigeants de la sphère économique, médiatique et politique ne découle même pas d’une démarche politique. Le système à la remorque de l’intégrisme, des courants archaïques et réactionnaires, des farouches tenants de «la virilité» est partisan de la femme cachée. Cette part honteuse, maudite de l’humanité est mieux à la maison même si les éventuelles candidates peuvent avoir, comme des hommes virils, moustachus et/ou barbus, l’échine souple, le «oui sidi» en bandoulière, le doigt levé même en dormant et hijab repassé la veille de l’Aïd. Cette APN, très virile est illégitime nous dit un parti qui y siège. Elle est antidémocratique et béni-oui-oui nous dit un autre qui y siège. Paradoxal? Non, peut-être qu’à chacun sa mission et les femmes sont bien au domicile pour faire des gosses et le couscous.
L’APN si décriée, si critiquée est néanmoins innocente. Ses tics et ses tocs sont programmés depuis sa naissance, sur la durée, comme celle des pays arabes et africains. A part l’Afrique du Sud. On exige avec beaucoup de naïveté que la majorité à l’APN et au Sénat se conduise autrement que ses homologues en Egypte, au Congo, en Angola, au Mali, en Arabie Saoudite et au Koweït. Ces pays et d’autres sont les modèles indépassables qui font baver de jalousie les électeurs anglais, allemands, français et canadiens. Mais on y siège. Le Brésil peut avoir une femme présidente et aucun parlementaire, pour ça, ne risque une embolie. Les Allemands ont une femme chef du pays qui n’est ni l’Algérie, le Bénin ou la Jordanie. Les mâles à Berlin n’en font pas une maladie. Les parlementaires dont certains (les sénateurs) ne sont pas définitivement acceptés par M. Bouteflika, voteraient-ils pour avoir une femme présidente de l’APN, de l’APC d’Alger ou de Sonatrach? Voteraient-ils une loi interdisant la persécution des non-musulmans et des non-jeûneurs? Jamais de la vie alors que le druidisme est reconnu comme religion en G.B. Oui, on sait que l’Algérie n’est pas l’Angleterre où les hommes ont perdu leur nif et leur virilité depuis le jour où ils ont accepté que le roi soit une reine.
Dans un pays qui n’est pas le Danemark pourri de Shakespeare, ni l’Australie et encore moins l’Angleterre, les dirigeants véritables et les figurants en Algérie ne veulent surtout pas se démarquer d’un centimètre des régimes arabes et africains. Essayer de se rapprocher des plus grandes démocraties des pays mécréants, c’est vouloir s’éloigner à grande vitesse des thèses salafistes, de Ghazali, de Karadhaoui, du clergé local qui ont des visions très claires et précises de la relation femme et politique, gouvernants/gouvernés et sur les libertés assimilées sans rouge au front au kofr, inscrites juste pour décorer.
L’APN, du moins certains de ses membres ont fait preuve d’un courage, d’une témérité incroyables. Ils ont posé des questions sur la chaîne unique et son fonctionnement pour ce qui est de son programme le plus minoritaire, comme il l’est dans les plus grandes chaînes généralistes. Il y a des chaînes d’information continue dont la reine mère (pour les Algériens) est Al Djazira. L’événement sans aucune importance et sans effet aucun sur le paysage audiovisuel qui est bon dernier au Maghreb, a cependant occupé quelques espaces dans les journaux privés. Toutes les classes sociales, tous les courants politiques, tous les Algériens ont une curieuse relation avec la TV. Comme une famille démunie mais très nombreuse qui ne possède qu’une chèvre en fin de vie, les Algériens veulent chacun dans sa frustration paraître à la TV. Les membres de la «famille» X ou Y, les partis grands et petits, les membres de l’exécutif, les occupants des bancs du Parlement, les walis, les DG des entreprises publiques, les directions des organisations de masse, le clergé, tous veulent téter l’ENTV.
Hélas, la seule chèvre en fin de vie ne peut satisfaire tant de désirs, de caprices, de courtisans, d’opposants, de charlatans, etc. Les uns veulent avec le lait de cette chèvre faire du fromage, les autres du lait caillé, d’autres encore du lait bouilli ou du l’ben, etc. Le pauvre animal desséché, surclassé par du beau bétail tombé du ciel est mort et aucun parlementaire ne s’en est aperçu. Le Parlement a posé les mauvaises questions, pas à la bonne personne, pour que chacun le soir venu, les premières dix minutes du JT compte ses apparitions, celles de son camp et ensuite rapidement s’en aller voir le monde, des gouvernances, des manifestations, des fêtes, des décors magnifiques, des stades fabuleux, des millions de visiteurs dans les musées, des TGV futuristes, des films, des opéras, etc. Quant à la pauvre chèvre ENTV, les critiques, les opposants, les concurrents dans toutes les langues ont et auront longtemps de quoi s’occuper.
Le temps que les parlementaires lisent le cahier des charges (toujours en vigueur) de l’ENTV et se demandent si dans les démocraties les TV publiques et privées sont régulées par l’exécutif ou par un conseil indépendant, seul habilité à recevoir les plaintes et réclamations des partis, des syndicats et de la société à travers la presse et la justice dans certains cas fixés par la loi.
Les députés veulent juste leur part du lait d’une chèvre qui ne peut plus rien donner et qui est surclassée depuis longtemps par de belles génisses, arrogantes, dominatrices, libres, insolentes, talentueuses qui font l’opinion mondiale, sont présentes partout dans le monde et se paient régulièrement leur président, leurs partis, leur parlement, leur gouvernement par l’humour, les guignols, les dessins et caricatures. C’est le prix de leur crédibilité chez elles et chez nous.
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8 octobre 2010 à 20 08 27 102710
Octobre 88 : le sens d’une rupture
par Ammar KOROGHLI *
Rappel. Du 4 au 10 octobre 88, une partie de la jeunesse algéroise après celle d’autres villes de l’intérieur- s’est mise en émeute. Comme élément avancé pour apprécier la situation explosive: la conjoncture économique et les revendications sociales et culturelles des grandes agglomérations étouffantes.
Entre ce qui est exprimé et les non-dits figurent le népotisme et la corruption à combattre, la nomenklatura à mettre hors jeu avec sa tchi-tchi. L’affrontement entre manifestants et forces de l’ordre a révélé la fracture entre les exclus du circuit scolaire et de l’emploi et les défenseurs d’un système bâti sur l’octroi de privilèges aux âmes bien nées.
D’évidence, la presse dite nationale ne pouvait que colporter l’opinion d’un régime pourtant honni alors que, comme à l’accoutumée, celle étrangère ne pouvait que chercher à exacerber le moindre fait et geste ayant lieu en Algérie. Après l’affrontement sanglant, l’expectative et les tergiversations du pouvoir hésitant qui, par la voix de son président, chercha à tempérer la situation en un discours télévisé où il fut question de démocratisation de la vie publique.
A titre de rappel, quelques titres de journaux à l’effet de mesurer les appréciations de cet événement. Ainsi, pour El Moudjahid : Halte au vandalisme (6/10/88) et Appel au calme du commandement militaire (7/10/88). Pour Le Figaro : Algérie : les émeutiers massacrés (10/10/88); pour Jeune Afrique : Algérie : révolte sans lendemain ou début d’un grand changement (19/10/88); pour Libération : La bataille d’Alger (10/10/88) et L’Algérie à feu et à sang (10/10/88)…
A lire de plus près ces différents journaux (choix non exhaustif), on relève que El Moudjahid énumère les données objectives de ces émeutes : crise économique mondiale, dévaluation du dollar, chute des revenus pétroliers, sécheresse (6/10/88). A aucun moment, les analystes du journal attitrés il est vrai à d’autres tâches- ne font référence aux tares du régime, encore moins aux hommes qui nous gouvernent. Mais, faut-il s’en étonner ?
Autre exemple du même journal qui publie le communiqué N°1 du commandement militaire chargé de gérer la situation. Ce dernier, évoquant des mouvements de foule à l’origine d’actes de vandalisme, parle de jeunes manipulés par les ennemis du peuple algérien et de la révolution. Comme langue de bois, on ne fait pas mieux. De même, il évoque les horreurs concrètes de la destruction, du vandalisme, du pillage systématique, ajoutant que les sinistres cerveaux qui ont à ce point suborné cette frange de la jeunesse auront fait la preuve d’une haine de ce pays et de sa jeunesse à l’égal de l’ampleur des intérêts qu’ils ont à défendre !
Qui seraient donc ces sinistres cerveaux ?
Quant à Algérie actualité, pourtant réputé moins dogmatique (illusion ?), il évoque un activisme ouvriériste, des aventuriers sans foi… renégats à leur pays; l’objectif de ceux-ci seraient (auraient été) de tout mettre en oeuvre pour saborder le processus des réformes. Là aussi, açabya oblige, les citoyens algériens ne connaîtront pas ces aventuriers et ces renégats, ou peu.
Evidemment, la presse française parle différemment de cet événement. Ainsi, Le Monde se révèle plutôt prolixe sur la présence des forces de l’ordre dans les quartiers résidentiels (gendarmes et militaires en armes en position aux points de passage obligés), des blindés aux carrefours stratégiques, des commandos parachutistes et des hélicoptères militaires. De même, il évoque la cohabitation conflictuelle qui révèle le caractère non monolithique du pouvoir (8/10/88). Le gouvernement algérien mise sur l’annonce de réformes pour favoriser l’apaisement, peut-on lire dans le même journal (12/10/88).
Quoi qu’il en soit, dans son discours télévisé du 10 octobre 88, Chadli Bendjedid parle d’ actes de vandalisme et de sabotage à l’encontre des institutions économiques, administratives, sociales et celles qui symbolisent l’Etat. Aussi, conclut-il: Sur la base de la Constitution, j’ai personnellement pris les mesures nécessaires pour préserver le pays, la révolution et la nation. Sa conviction est qu’il est temps d’introduire les réformes nécessaires dans le domaine politique.
Notons donc les mesures nécessaires et les réformes nécessaires… Ainsi, gouverner n’est plus l’art de prévoir (la chute des revenus pétroliers, par exemple), c’est devenu pour le pouvoir un moyen de naviguer à vue et ne prendre des mesures voire envisager des réformes- que lorsqu’elles deviennent nécessaires.
Et encore ! En effet, les réformes politiques qui auraient été les bienvenues, sans effusion de sang et au moment où le pays vivait une certaine stabilité politique et une relative aisance financière- maintenaient pour l’essentiel le système du parti unique, mais prévoyaient théoriquement la liberté de candidature aux élections locales et législatives et la suppression de la tutelle pour les organisations de masse et professionnelles. En revanche, pour les promoteurs de ces réformes, il n’est en aucun cas possible d’établir le multipartisme avec des milieux qui visent le pouvoir et l’obtention de privilèges dans le cadre d’une démocratie de façade, alimentée par des surenchères démagogiques.
Voilà, il fallait passer par la torture physique (après celle morale, de longues années) l’asphyxie par l’eau, les brûlures par l’électricité, les ongles arrachés, les matraquages par instruments contendants, les violences sexuelles (sodomisation par instruments : bouteilles ou manches de pioches), les tessons de bouteilles sur lesquels il faut ramper- (Cf. à ce sujet Octobre de Abed Charef, Editions Laphomic, Alger, 1990) pour que le pouvoir donne l’illusion aux citoyens algériens qu’il se séparait de deux de ses serviteurs : Cherif Messâadia, responsable du secrétariat permanent du comité central du FLN et Lakhal Ayat, responsable de la police politique, qu’il nommait un nouveau gouvernement dirigé par Kasdi Merbah (ancien responsable de cette même police politique et dont on dit qu’il a été sans doute l’appui de poids ayant permis la désignation de Chadli Bendjedid à la présidence de la République), qu’il organisait un référendum le 3 novembre 1988 à l’effet d’approuver ces réformes (92,27 % des suffrages exprimés. 92,27 % !) et que le 6ème Congrès du FLN désignait Bendjedid comme candidat unique à la magistrature suprême.
Décidément, le système était loin d’être à l’agonie.
Tenants et aboutissants d’octobre 88 Deux thèses se font face en vue d’expliquer l’avènement d’Octobre 88. Afin d’en dégager les implications mais aussi de désigner les responsables de cette situation-, force est de mettre en lumière celles-ci et de les soumettre à débat et à critique.
La première thèse parle de manipulation du régime en place. Autrement dit, octobre serait le résultat voire la mise en scène- des acteurs du système politique algérien. La seconde thèse pense qu’il s’agit d’une insurrection populaire.
S’agissant de la première opinion, on peut, en toute vraisemblance, parler du soulèvement d’une partie du régime contre l’autre, tant il est vrai que chez nous, les catégories politiques connues dans les pays occidentaux droite/gauche- et celles de la philosophie politique des ex-pays de l’Est lutte des classes et dictature du prolétariat- n’ont pas cours. En tous les cas, ces catégories sont occultées par la présence de clans qui se disputent le pouvoir, chacun faisant appel à sa clientèle.
Les politologues et les constitutionnalistes peuvent interpréter octobre 88 comme une tentative de coup d’Etat. Ainsi, M’Hamed Boukhobza pense qu’il s’agit d’une manipulation, mais que cette dernière est intervenue à un moment de crise de la société… Il pense également qu’octobre aura permis au pouvoir de commencer à se poser les bonnes questions sur l’Etat, sur sa légitimité, sur ses rapports à la société… Deuxième élément important, octobre a montré la fragilité du pays en tant qu’Etat, que Nation, que devenir.
S’agissant de la seconde opinion, elle renferme sans doute également une partie de la vérité. En effet, il n’est que d’évoquer les sévices multiples supportés par les Algériens : chômage, inflation, problèmes du logement, de la santé, du système éducatif; érosion du pouvoir d’achat; pénuries en tout genre… Ainsi, l’ennemi, c’est aussi la villa cossue, la limousine rutilante, les bourgeois crâneurs. En ce sens, Octobre a été conçu et appliqué comme une transition violente d’un système bureaucratique et autoritaire parvenu au terme de ses possibilités vers un autre, fondamentalement différent.
Général major en retraite et ancien ministre de la Défense nationale, Khalèd Nezzar pense que : Contrairement aux idées répandues, le 5 octobre ne fut ni un événement spontané, ni une recherche de liberté et de démocratie. Malgré l’absence d’une enquête officielle vainement demandée, nous pouvons affirmer qu’à l’origine, il ne s’agissait que de contestations publiques fomentées en prévision du congrès du FLN, dans l’espoir de conforter certaines tendances. La manifestation, échappant à ses artisans, ne manqua pas d’être chevauchée par toute une cohorte de forces de toutes obédiences (El Watan du 15 mai 1996).
En toute vraisemblance, d’une part, le pouvoir en place s’offre en spectacle : un clan veut chasser l’autre, à défaut d’accord à travers les appareils d’Etat, du FLN et de l’Armée; d’autre part, l’Algérien a trouvé là l’occasion pour dire non, fut-ce d’une manière diffuse, à toutes les politiques connues par le pays et soldées par des échecs successifs, à son détriment.
En tout état de cause, des signes avant-coureurs avaient annoncé octobre : incarcérations arbitraires, grèves des travailleurs, soulèvements dans d’autres villes, autre qu’Alger. Devant ces coups de boutoir, le pouvoir s’est doté d’une nouvelle ligne politique : du socialisme spécifique ayant montré ses limites- aux réformes économiques libéralisme spécifique ?-. Ces réformes s’articulent, selon ses promoteurs, autour de deux pôles : au plan économique, c’est la restructuration des entreprises publiques en vue d’aboutir à leur autonomie. Au plan politique, le système du parti unique continua d’être en vogue.
Enfin, pour mémoire, le fait saillant qui interpelle la mémoire, c’est la férocité avec laquelle certains Algériens armés ont tiré sur d’autres Algériens, armés il est vrai de leur colère juvénile. Celle-ci, attisée par de longues frustrations, a abouti à une tentative de démantèlement de certains symboles du régime en place et des signes arrogants de richesse de la nomenklatura.
Le multipartisme tel qu’il est né et la situation socio-économique dégradée sont à coup sûr les axes s’offrant à l’analyse. Ils doivent faire l’objet, à chaque fois que de besoin, d’un bilan sans complaisance, ni concessions pour verser à l’actif d’octobre ce qui doit l’être, traduire en justice les zélateurs de l’ordre inique en Algérie et oeuvrer à la mise en place d’une pensée politique algérienne expurgée de toute tentative de récupération du sang versé depuis octobre 1988.
Par ailleurs, au moment où se déroulaient des événements graves de conséquences (en Algérie) pour les tenants des réformes en matière économique, environ deux millions de citoyens algériens ont probablement vécu leur exil avec plus de morosité, d’autant que, au moment où Pinochet s’est vu infliger un NO d’une majorité de Chiliens, il est à se demander si les dirigeants d’Alger – pernicieux et corrompus à souhait jusqu’à la moelle vont enfin tirer la leçon. Ce ne sont, au fond, que de mauvais élèves comme aurait dit le général Giap.
Oseront-ils procéder à un plébiscite propre et honnête pour mesurer leur audience, non plus à l’applaudimètre ou à l’audimat d’une presse (écrite et télévisée) aseptisée -, mais au pouvoir des urnes, les pieds des Algériens ayant appris à voter depuis 1980. Le NO d’une jeunesse, en 1988, n’exprime pas seulement le refus d’une quelconque nomenklatura, il est la traduction du refus d’un système qui les a exclu de l’arène où se décide leur sort.
Le régime a incontestablement réussi à se discréditer d’une façon durable et définitive. Au fort du drame qui ne cesse de frapper de plein fouet les citoyens algériens (auxquels il ne reste, par moments, que la rue pour exprimer le mécontentement à l’égard d’un régime politique qui les a souvent opprimé et d’un système économique qui les a tenu en mépris), la presse officielle de l’époque a trouvé le moyen par un tour de passe-passe qui lui est familier de justifier, à priori et à posteriori, l’incapacité chronique d’un gouvernement aux abois. Aussi, parle t-elle de 900 personnes arrêtées en flagrant délit de pillage et vandalisme, exhibant en pleine page des photos avec ce titre : Scènes de vandalisme.
Or, à moins d’être frappé de cécité journalistique, force est de constater que si scènes de vandalisme il y a eu et s’il y avait des personnes à arrêter pour flagrant délit de pillage de l’Etat et de vandalisme, il faut se tourner vers les caciques du pouvoir tenus en laisse par une direction de l’armée qui a continué de s’appeler conseil de la révolution (et ensuite membres du bureau politique du FLN), divisés quant à la ligne à suivre en vue d’une meilleure distribution de la rente provenant des hydrocarbures. Cela, les rédacteurs d’une presse qui était également au service exclusif du régime désormais dans le box des accusés, le savaient, en toute vraisemblance, mais n’osaient le dire.
Autres cieux, autre cynisme. La très officielle organisation Amicale des Algériens en France, par la voix autorisée de son chef d’alors a eu à qualifier les événements d’octobre 88 de chahut de gamins qui a dégénéré. Ce mouvement est sans racine et sans lendemain et ne peut avoir aucune conséquence. Sur une chaîne française l’ex 5-, il a cru devoir affirmer, d’une manière péremptoire, digne des bourreaux-crates ayant dévoyé le FLN historique : Chadli est le seul président a avoir été installé au pouvoir par la voie de l’élection ! Elections, le ridicule ne tuant pas, qui font état de 95% de voix au candidat unique à la présidence de la République, désigné par un collège de techno-bureaucrates militaires et civils confondus, représenté par de pseudo-tendances au sein du FLN devenu le lieu de règlement de comptes étranger aux délégués élus du peuple, après avoir assumé le rôle d’ oiseau fabuleux de la mythologie politique algérienne.
Octobre 88 a, tout de même, sonné le glas d’un système défini comme le monopole du pouvoir par une élite de gérontocrates. Celle-ci a privatisé le politique pour le réduire à l’état de propriété de clans qui se le disputent à travers le clientélisme, les prébendes, le népotisme, le parasitisme et autres ismes si fort joliment dénoncés par la charte nationale.
Les événements d’octobre ont fait avancer l’Algérie vers une certaine voie de démonopolisation de la vie publique et, par ricochet, de réappropriation du politique par la société civile anesthésiée jusqu’alors par la peur. Faut-il rappeler que Novembre 54 a été l’oeuvre d’une poignée d’hommes déterminés à en finir avec le colonialisme?
Ces événements ont, d’une certaine manière, fait replier l’Algérie sur elle-même en ce sens que les dirigeants algériens, après un certain réaménagement du pouvoir, ont essayé de revenir à la normale par tous les moyens. Le tout était de savoir s’il s’agissait d’une normalisation sournoise ou d’un passage vers la démocratisation de la vie politique où la société civile aurait la possibilité de participer aux affaires de l’Etat, à travers des représentants élus.
* Avocat-Auteur Algérien (Extrait d’un ouvrage inédit « L’Algérie à l’épreuve de la démocratie »)
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8 octobre 2010 à 20 08 28 102810
Evaluation et qualité à l’université
par Rachid Brahmi*
Si nous nous référons aux articles de la presse écrite et aux contributions d’acteurs de la famille éducative, le système éducatif algérien, tous paliers confondus, ne cesse de susciter interrogations et inquiétudes qui se manifestent également dans maints espaces, formels ou informels, privés ou officiels, médiatisés ou non.
Et s’il est indéniable que comparativement aux années postindépendance, le système éducatif a connu un déploiement quantitatif, aujourd’hui en ce troisième millénaire où les investissements en recherche- développement et innovation, en éducation et en formation croissent encore plus rapidement que les investissements traditionnels, la qualité de l’enseignement demeure l’inéluctable moyen pour le développement. Ainsi, il a été élaboré plusieurs recommandations concernant la qualité de la formation universitaire, lors de rencontres en Algérie ; mentionnons le séminaire international sur le système LMD qui s’est tenu à Alger le 30 et 31 mai 2007, et qui avait notamment accordé une large part à l’assurance qualité, à l’évaluation et à la gouvernance à l’université.
Dans ce sens, l’agence nationale de presse APS, reprise par plusieurs titres, a rapporté ce début du mois d’octobre, lors d’un entretien accordé à des responsables au niveau de la tutelle que «la rentrée universitaire aura pour slogan «la qualité des enseignements» et ce, à travers le coup d’envoi de l’opération d’évaluation nationale des établissements universitaires pour «garantir un enseignement de haut niveau qui réponde à des normes internationales».» Il était assurément temps de déclencher les opérations en vue d’une formation de qualité, celle-ci étant indissociable des procédures d’évaluation dont celles concernant l’étudiant (1). Sachant que la qualité et la normalisation sont deux concepts polysémiques étroitement liés, les processus de normalisation, dans le domaine de la qualité, ont connu une extension fulgurante et l’amélioration de la qualité, à travers des standards internationaux touche aujourd’hui les organismes de formation(2).
Il semble utile, de rappeler ici brièvement, les démarches universellement adoptées, pour asseoir un système qualité(2), car toute démarche qualité est soumise au respect des recommandations de l’Unesco et des standards internationaux. Selon une définition, l’assurance qualité dans l’enseignement représente «les moyens par lesquels un établissement peut garantir avec confiance et certitude, que les normes et la qualité de l’enseignement qu’il dispense soient maintenues et améliorées». Deux types d’approche sont alors pris en considération : la qualité inhérente aux idéaux et à la nature désintéressée du Savoir et la qualité extrinsèque qui répond aux objectifs économiques. La démarche qualité obéit à des procédures telles l’audit, l’accréditation et la certification. Les critères d’évaluation sont aussi bien internes qu’externes à l’organisme de formation. Conformément à l’article 11 de la déclaration mondiale sur l’enseignement supérieur publié par l’ONU, nous sommes amenés à édifier une culture de la qualité et à évaluer tous les éléments qui concourent à la qualité de la formation dont les enseignements, les programmes, la recherche, les ressources humaines, les infrastructures, les équipements … L’évaluation multiforme, régulière, excluant toute approche rigide et faite avec le consentement des acteurs en présence (étudiants, enseignants, personnel technique et administratif…) garantit la confidentialité des procédures d’évaluation qui sont évaluées à leur tour afin d’améliorer les processus de la démarche qualité. Par ailleurs, convenant que les libertés académiques et le respect des droits de l’homme ont une influence décisive sur la gestion de la qualité, l’UNESCO a établi en 2006 des lignes directrices destinées à toutes les parties prenantes de l’enseignement supérieur (gouvernements, établissements de formation et prestataires, associations estudiantines, organismes d’assurance qualité et d’accréditation…). Ces lignes proposent entre autres, des outils et une synthèse des meilleures pratiques afin d’aider les Etats membres à évaluer la qualité de leur enseignement supérieur et de «protéger les étudiants et les parties prenantes contre les services éducatifs de qualité médiocre». D’un autre côté, les pays membres de l’OCDE ou ceux du processus de Bologne (les initiateurs du LMD) à travers leurs réunions périodiques font de la qualité de l’enseignement et de son maintien leur principal cheval de bataille. Voilà quelques éléments concernant des approches globales universellement admises.
Pour revenir au «coup d’envoi de l’opération d’évaluation nationale des établissements universitaires» selon les termes utilisés par les responsables de la tutelle, les universitaires, ne pourraient qu’adhérer aux principes de cette démarche tant attendue. Relevons ici, que la quasi-totalité des enseignants a appris par la presse, et non pas par les circuits de communication du ministère, maintes décisions et ce «coup d’envoi» qui engagent l’avenir de l’université. Soulignons aussi, que sans l’instauration des marques d’une bonne gouvernance, basée sur la concertation, la sensibilisation et limplication franche de la famille universitaire, rien de sérieux ne pourra se faire. Concernant l’évaluation, celle-ci doit être déclenchée à tous les niveaux, pour tous les éléments en interaction, dans la transparence et selon des critères scientifiques établis. Il s’agit donc d’évaluer les infrastructures, quand on sait que les salles comportent souvent des effectifs surchargés, que les moyens matériels sont insuffisants ou mal gérés, que les étudiants sont mal logés, mal nourris, mal transportés ; que par rapport à nos voisins, nous sommes mal classés quant à la pénétration et l’usage des TIC dans l’enseignement.
Il s’agit aussi de procéder à une évaluation des ressources humaines. Une bonne gouvernance exige une formation adéquate en management de nos responsables, en dehors de leurs compétences scientifiques respectives. Concernant les enseignants, il faut peut être souligner, l’observation sur le terrain le montre, que le grade et les compétences scientifiques demeurent insuffisants pour assurer un enseignement de qualité, puisqu’il est établi que les compétences dans l’enseignement sont également d’ordre pédagogique et relationnel. Ainsi, la fonction pédagogique(3) étant le point nodal d’une formation de qualité à l’université, il faudrait encourager les recherches en didactique des disciplines, comme il est temps de mieux asseoir la formation en didactique et en techniques de communication, aussi bien pour les étudiants en fin de cursus, que pour les enseignants nouvellement recrutés. Il faut également mentionner l’importance que nous devons accorder à la transdisciplinarité au sein de nos universités. Et puis un enseignement de qualité doit commencer à la base, c’est-à-dire dans le cycle primaire. Il est par conséquent fondamental de procéder à des évaluations au niveau des paliers de l’éducation nationale. Car la qualité de la formation parait difficile à réaliser, si les bacheliers ne possèdent pas les connaissances et les capacités requises dès leur entrée à l’université. Dès lors, la formation des formateurs, à travers des recyclages et en mode continu, demeure l’une des actions à approfondir. Sous d’autres cieux on encourage ce qui est appelé la formation continue ou l’apprentissage tout au long de la vie. Par ailleurs, à l’ occasion de la journée mondiale des enseignants, célébrée ce 05 octobre, l’Unesco à travers son site Internet, précise que «les enseignants sont la principale ressource de l’éducation. Sans eux, il est impossible d’accéder à une éducation de qualité.» L’Unesco qui exhorte les gouvernements et la communauté internationale à augmenter les investissements en faveur des enseignants, attire l’attention sur le statut de ces derniers et sur leurs conditions de travail’. Assurer donc un enseignement de qualité sans une gestion optimale de tous les moyens et les ressources nécessaires, relève de la quadrature du cercle. A titre d’exemple, la gestion du temps pédagogique, qui est l’un des paramètres à prendre en compte, pose de grands problèmes dont certains sont exogènes à l’université (6).
Ces quelques notes incomplètes et éparses étant émises, souhaitons l’ouverture d’un large débat sur l’opération d’évaluation à l’université. Le chemin est ardu, car la complexité est présente, mais l’espoir est permis, tant que la qualité de l’enseignement ne soit pas un simple slogan et pour autant que la volonté, la concertation et la communication soient effectives.
*Université d’Oran
Références :
(1) Rachid Brahmi In El Watan du 04 mai 2010 : De l’évaluation de l’apprenant dans le système éducatif
(2) Rachid brahmi In le quotidien d’Oran du 20 mars 2008 : De la qualité et de l’enseignement en un topo
(3) Ali Derbala In Le quotidien d’Oran du jeudi 15 juillet 2010 : De la pédagogie dans l’enseignement supérieur
(4) S Shiba, A Graham et D Walden In édition Dunod 1997 : 4 révolutions du management par la qualité totale.
(5) http://www.unesco.org/fr/education/
(6) Rachid Brahmi In le Quotidien d’Oran du lundi 23 février 2009 : Gérer le temps pédagogique à l’université
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8 octobre 2010 à 20 08 29 102910
L’évaluation de quoi ?
par Ahmed Saifi Benziane
Voilà venu enfin le moment de vérité, celui de l’évaluation qualitative de nos offres e formation particulièrement depuis que le controversé LMD a forcé les portes de nos Universités, poussé par le vent de la globalisation, de la mondialisation ou encore celui l’internationalisation. Copier/coller sur une matrice qui a longtemps servi de serpillères pour se moucher un nez qui disparaît au fil des jours. Combien a-t-on formé de cadres dans les Universités depuis l’indépendance ? Où sont-ils et que font-ils ? Mutisme sur la question puisque personne ne s’y est jamais intéressé et les pouvoirs publics se sont toujours contenté de parer aux urgences, sous la pression d’une démographie assassine, qu’aucune politique n’a pu arrêter, si ce n’est celle de la précarisation croissante. Que l’on s’adonne aujourd’hui à l’évaluation qualitative de nos Université est en soi louable et les expériences menées de par le monde sont à plus d’un titre riches en enseignements. Mais il faut en définir les contours, les objectifs et surtout une méthodologie adaptée, pour éviter d’en faire une opération tape à l’œil. Comme d’habitude. Evaluer est un apprentissage en soi, de techniques qui obéissent certes au bon sens, mais avec des objectifs clairs. En fait pour des pays où la formation supérieure a des traditions, des modes de fonctionnement qui les ont propulsé vers la modernité, les questions liées à l’évaluation qualitative ont permis une progression des méthodes pédagogiques, une Recherche Scientifique orientée vers l’autosuffisance puis l’exportation, grâce à un mode de gouvernance où l’Etat se désengage des nominations des responsables. Le président de l’Université, le recteur ayant une autre définition, représente la communauté universitaire auprès de l’Etat et pas l’Etat auprès de cette même communauté. Nous sommes loin, très loin de cette option bien que des Universités maghrébines fonctionnent sur ce mode depuis qu’elles ont été évaluées. Les «enquêtes d’habilitation», ce filtre policier qui conditionne les nominations dans les postes supérieurs de l’Etat, fait des nominés à un poste, des redevables aussi bien envers le «filtre» qu’envers le gouvernement. Dans un système d’évaluation qualitative les candidats à un poste de responsabilité relèvent du ressort du Conseil d’Administration ou d’une structure apte à choisir son chef et ne sont pas forcément des académiciens.
Ils peuvent venir du monde des affaires, du monde de la culture, du monde politique. Ils sont choisis par rapport à leurs capacités à mobiliser des ressources propres et à atteindre des objectifs chiffrables, même si l’Etat apporte une contribution financière conséquente allant parfois jusqu’à 70% du budget. Ceci explique pourquoi on hésite à mettre en œuvre des systèmes d’évaluation depuis 2003 date de parution du décret portant organisation des structures du Ministère de l’Enseignement supérieur. Une sous-direction de l’évaluation avait pour rôle de remplir cette mission depuis 7 ans. Pourtant l’Algérie s’était inscrite dans des programmes Européens de type Tempus pour acquérir les techniques développées en France et qui on porté leurs fruits en Tunisie et au Maroc. L’objectif consistait à faire certifier les diplômes d’ingénieurs et les hisser au niveau européen. Car de nos jours on certifie une formation tout comme on certifie un bien ou un service. C’est ce qui fait l’attraction vers une Université et pas vers une autre. C’est ça la mondialisation. Le danger c’est qu’avec un diplôme aux normes internationales, ou du moins européennes, un ingénieur peut devenir candidat à l’ «immigration positive» aux frais de l’Etat qui le forme. Il aura un diplôme certifié et reviendra moins cher en rémunération que son équivalent en Europe ou ailleurs.
Qui restera au pays formateur ? Lourde question, lourdes conséquences pour qui devine ce qui risque de se passer, mais qui est tout de même indispensable pour la survie du LMD et par extension pour celle de l’Université Algérienne. On est loin de l’évaluation des places pédagogiques diversement estimées, du nombre de lits et de repas au service de l’étudiant, du nombre de bus et de bien d’autres préoccupations anatomiques qui font le lit des grèves et autres «perturbations». Il reste que l’évaluation telle qu’elle est conçue selon les différentes écoles, implique dans tous les cas la mise en œuvre de programmes étalés sur une période plus ou moins longue avec des incidences financières conséquentes. La capacité pédagogique de l’enseignant n’y est pas absente et plutôt mise en évidence pour parvenir aux résultats attendus. La question reste de savoir comment convertir des diplômés recrutés selon une grille définie par la Fonction Publique en enseignants, et de là, en enseignant-chercheurs. Selon le «communiqué définitif» de l’ «audition annuelle» relative au secteur de l’Enseignement Supérieur nous aurions 38.000 enseignants dont 7401 de rang magistral qu’il s’agira aussi d’évaluer. Par qui ? Certainement pas par les «filtres» habituels mais bien par des procédures anonymes où le copinage, la famille, la patronymie, l’alliance conjoncturelle ou durable s’effacent devant la norme.
Pourquoi ? Parce que dans le système d’évaluation il y a deux étapes fondamentales. La première consiste à collecter les données caractéristiques de l’établissement évalué pour tester sa capacité à se connaître en répondant à des questions quantitatives qui nécessitent dans certains cas beaucoup de temps. Cette étape peut être franchie par les moyens internes de chacun. La deuxième étape est moins faciles à traverser parce qu’elle fait appel à un œil extérieur d’experts de renommée parfois internationale. Et quand il s’agir d’un regard extérieur et de surcroit international l’Algérie n’aime pas cela. L’ «entre-nous» est une règle chez nous. Alors comment faire de l’évaluation en silence, sans passer par une autocritique et encore moins par le regard indiscret de l’étranger toujours prêt à nous porter préjudice en mettant en péril notre grandeur ? Deux solution ; ou bien retirer ce qui a été annoncé à grand coup de pub et accepter le discrédit. Ou alors procéder par étape en prenant un établissement ou deux et en leur sein un domaine ou deux et faire tourner les principes de l’évaluation en corrigeant au fur et à mesure avant de généraliser l’opération. C’est une affaire sérieuse à laquelle il faut accorder du temps en la plaçant au centre des préoccupations. Les feux de paille prennent vite et s’éteignent vite.
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8 octobre 2010 à 20 08 29 102910
Les jeunes et le changement
par Si Mohamed Baghdadi
Intéressé par l’expérience lancée par Ahmed Benbitour sur Facebook, je suis allé «naviguer» sur la page où il invitait les jeunes à s’organiser en Cercles d’Initiatives Citoyennes pour le changement (CICC). Cette visite m’a permis de connaître le regard des jeunes sur leurs problèmes et m’a inspiré ces quelques réflexions.
Qui, plus que les jeunes, aspirerait au changement. Simple loi de la nature, érigée en exigence politique, chaque fois que le pays entre en crise. Loi confirmée par une lecture du blog d’Ahmed Benbitour lançant son nouveau mot d’ordre, traduit à ma manière : «Avec la force de la jeunesse rien d’impossible».
Il y eut une trentaine de réponses, peut-être plus aujourd’hui, mais je me suis contenté des 30 premiers commentaires. J’ai trouvé qu’il serait intéressant et utile d’en faire une analyse pour mieux comprendre et cerner les lignes de force du discours «jeune» au 21° siècle.
Pour faire simple, j’ai regroupé les trente commentaires en deux grandes catégories, selon l’orientation dominante de leur contenu : réalisme et volontarisme.
1 LE REALISME
Le slogan, forme suprême de la langue de bois ?
C’est d’abord au niveau de la perception du slogan que s’exprime le réalisme des jeunes. Le premier à ouvrir le feu des réalistes et à mettre tous les politiciens dans le même sac :
Ilyes déclare, péremptoire et sans nuance : «tous pareille !!! Personne ne pense aux intérêts du peuple c’est certain».
Et plus loin
«Vous perdez du temps, il y a rien à changer puisque tout est en place pour ne pas être changé pour changer, le changement aura lieu le jour ou les puits de pétrole seront épuisé»
D’autres le relaient, notamment «Abderahmane Djillali» -(c’est son pseudo)- qui se demande pourquoi Benbitour n’a t-il pas tenu ce langage quand, durant des années, il a servi aux plus hauts postes du gouvernement?
C’est un écueil face auquel sont et seront confrontés tous les hommes politiques qui veulent pour une nouvelle fois, accéder au pouvoir. Toujours est-il qu’un homme politique n’est jamais libre de ses choix et de ses mouvements. Face à un pouvoir totalitaire il ne peut que se soumettre ou se démettre. Ahmed Benbitour, face au viol annoncé de dispositions constitutionnelles, a préféré présenter sa démission.
Farouk et Sid Ali ne veulent pas tomber dans la «sloganite» comme du temps du «FLN, du FIS ou des communistes». Un mot d’ordre étant l’expression d’une tension autour d’un objectif à atteindre, d’une action à entreprendre, ils l’auraient souhaité plus proche du réel et moins porteur de cette langue de bois, mode d’expression favori des partis politiques visant le pouvoir. De ce point de vue, le Collectif central du projet «benbitourien» aurait du innover et non adapter son slogan principal au monde des jeunes. Il aurait ainsi fait, lui-même, preuve de changement.
La démographie
En affirmant que du point de vue démographique (75% de la population ont moins de 30 ans) étant plus nombreux, Berkane conclut très logiquement que le pouvoir devrait revenir aux jeunes. Or la réalité est toute autre, puisque l’un des intervenants, «Algérie Avenir», né en 1962, et se trouvant à l’approche de la retraite, après avoir parcouru le cycle d’une vie bien remplie : des études, du travail, suivi d’une migration à l’étranger où il s’est fait une situation honorable, va revenir, comme Ulysse, «plein d’usage et raison» au pays natal, sans que les dirigeants de 1962, où le système de gouvernance, aient beaucoup changé. Il constate avec étonnement et amertume que rien n’a véritablement évolué de ce point de vue. Alors que dans quelques pays de la «vieille Europe», comme la grande Bretagne, entre autres, les nouveaux dirigeants, au plus haut niveau, ont tout juste, un peu plus de quarante années.
L’immobilisme du système et la caporalisation de la société par le bâillon et la religion, la carotte ou le bâton, du fait d’une gouvernance de type totalitaire, ont eu pour fâcheuses conséquences, la dévitalisation de la vie politique, culturelle et sociale, surtout marquée par la marginalisation des jeunes.
Et «Mossaab» de constater, encore une fois, «Nous sommes détruits moralement de tous les côtés» ; la question «comment se libérer» dans de pareilles circonstances est toujours lancinante pour lui et pour bien d’autres qui ne voient pas le bout du tunnel. Même après le fameux séminaire d’octobre 2007 ayant réuni les membres du gouvernement et les walis, pour définir les contours d’une politique nationale de la jeunesse.
Nora faisant le même constat de marginalisation, regrette que le pouvoir, expert en manipulations ne se serve de la «force jeune» qu’à l’occasion des élections ou autres manifestations similaires. En fait, acheter des voix revient à acheter des consciences en les pervertissant.
Au lieu de leur offrir l’occasion de se former à l’école, le pouvoir a fait de celle-ci, la première institution de conditionnement des esprits et l’étouffoir par excellence, de la démocratie et de l’éducation citoyenne. Un tort qui rejaillira, un jour ou l’autre, sur le pouvoir lui-même. Comme la répression aveugle de toute manifestation; la dernière en date, hautement symbolique, étant celle de la commémoration du 22° anniversaire du 5 octobre 1988.
A bien y réfléchir, tous les constats avancés par les jeunes portent, «en creux», les lignes de force de la rupture et du changement. C’est à ce niveau que les réflexions des Cercles d’Initiatives Citoyennes pour le Changement (CICC) devraient s’exercer, de manière autonome, dans un premier temps ; puis dialectique, en échanges et confrontations inter CICC, dans une seconde étape.
2 – LE VOLONTARISME
C’est Salima qui, avec pertinence, lucidité et clairvoyance, balise les voies du changement, en faisant une remarque de taille. Qui, parmi la multitude des jeunes, est véritablement concerné par le changement ? La question est ainsi posée en termes de classes, même si ce n’est pas explicitement abordé, par elle, sous cet angle.
La réponse est claire : les mal lotis de la vie et de la société. Les enfants de nantis ne réclament et ne réclameront pas le changement. Vivant dans l’aisance et le luxe, ils ne se sentent nullement concernés par celui-ci ; leurs intérêts résident, au contraire, dans le statu quo. Aujourd’hui, ils sont tous parvenus à faire fructifier les affaires de la famille ou du clan auquel leur famille appartient, grâce aux chippas mirobolantes prélevées sur la rente pétrolière. Le neveu de Chakib Khelil qui a, bien des fois, défrayé la chronique nationale, doit en savoir quelque chose, maintenant que son beurre est fait et que leur rapt est accompli.
Face à l’immobilisme du système et à l’opération de destruction du moral des jeunes, «Moussaab» prend conscience que «le salut est entre nos mains». Tout autant que Salima qui enfonce le clou en affirmant «Arrêtons de râler et de pleurnicher, il faut nous imposer ! A nous de gravir les marches !».
Avec Ilyes, elle prévient «le jour où il n’y aura plus de pétrole, il n’y aura plus de changement.»
Les deux, mettent en évidence l’incurie du système, incapable de concevoir et réaliser un programme crédible et cohérent pour l’après pétrole, indispensable à la survie de la nation. Certainement, aussi, pointent-ils du doigt la politique vorace de l’ancien Ministre de l’énergie loin de penser à sauvegarder les intérêts des générations futures, en conservant en terre, le pétrole et le gaz qui leur auraient été destinés.
En effet, de ce point de vue, les dix dernières années semblent avoir été perdues ; avec un Temmar incapable de relancer le processus d’industrialisation du pays et un Chakib Khelil plus enclin à servir ses maîtres américains. Mieux, il faillit tout leur livrer avec sa loi mortifère de 2005, qui a vu certains décideurs, intervenir en tant que garants des intérêts de la nation et du peuple.
Révolution et «pétrole gris», l’éducation et le métro
Abdeljalil précise la direction des efforts à déployer et des énergies à mobiliser, en écrivant :
«Je crois d´abord il faut faire une nouvelle éducation pour c jeuns parseque l´education c t un investissement et le best investissement c dans l´etre humain a quoi ca sert par exemple un METRO et le peuple ne sait pas la valeur du METRO.»
Juste rappel, au moment où tout le monde constate que la fin des énergies non renouvelables créera de sérieux problèmes, à un pays ayant quitté, depuis longtemps, les voies salutaires du développement planifié. Mais qui, au lendemain de l’indépendance, choisit la voie royale, celle de l’éducation. L’éducation et la formation des enfants et des jeunes, seules pistes capables d’assurer un développement durable au pays, grâce à un «pétrole gris de qualité». Toutefois, Abdeljalil devrait comprendre que l’éducation et le métro ne sont nullement incompatibles. Bien au contraire, ils se tiennent la main. Et, comme hier, certains parlaient de «l’éducation et de l’électricité», on pourrait se doter d’un nouveau mot d’ordre: «l’éducation et le métro».
Aussi convient-il dés à présent de faire la «révolution» mais la révolution n’est-elle pas un ébranlement global – dans un secteur marqué par près de vingt ans d’immobilisme didactique et pédagogique. Chose inexplicable s’il ne s’agissait d’assurer, coûte que coûte, la pérennité d’un système «à bout de souffle», parce qu’inapte à produire du changement de qualité.
Tout au long de la lecture de ces commentaires, j’ai été plus d’une fois convaincu que les jeunes ne veulent plus de grandes théories ni de textes difficiles à saisir et à traduire en actes. Ils veulent prendre concrètement leur place au soleil d’une société inégalitaire, mais dont la plus grande partie réclame la justice et le droit.
Ils aspirent à des mesures tangibles, prises pas seulement dans l’urgence et sous le poids de la crise, pour faire taire de justes revendications, mais durablement installées dans le temps. Un emploi décent après leurs études ; et pas des années de chômage et d’insupportables attentes, au cours desquelles les acquis scolaires et universitaires se dégradent et se dévalorisent. Les crédits de l’ANSEJ ou de toute autre niche ou institution dispensatrice de micro crédits qui finissent par ne plus être opérationnels tant les délais
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8 octobre 2010 à 20 08 32 103210
Les dents de l’amour
par Boudaoud Mohamed
Dieu donne de la viande à ceux qui sont dépourvus de dents.Proverbe algérien
J’ai entendu dire qu’un homme nommé Benhchichate Kacem n’avait pas cessé, durant quarante cinq jours, de verser des torrents de larmes sur la couscoussière en bois que sa maman lui avait légué en héritage deux heures avant que son âme ne foute le camp pour toujours, dégoutée par un corps que la vieillesse et les maladies avaient transformé en une viande spongieuse grouillante de microbes malodorants. Inconsolable, le cœur comme malaxé par les pattes d’un gorille, les os déboîtés par de violents sanglots entrecoupés de plaintes à fondre la pierre, à faire chialer un bulldozer, il poussait, en couvrant l’ustensile de baisers enflammés, le même appel poignant qui déchiquetait le foie de son épouse et de ses enfants : «Maman ! Maman chérie ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? Qui prendra soin maintenant de ton bébé ? Qui me donnera raison ? Qui me grattera la tête ? Qui me nettoiera les oreilles ? Où vais-je trouver l’odeur sainte et enivrante que dégageait ta chair bénie ? Maman, ta voix me manque ! Qui me racontera comment tu m’as sevré à l’âge de cinq ans ! Maman, pourquoi es-tu partie alors que ton bébé a encore besoin de toi ? Maman, où es-tu ? Que fais-tu dans le Paradis ?»
À la fois emmerdée et déchirée par ce chagrin qui liquéfiait son époux, le quarante-sixième jour à quinze heures exactement, Dalila Bent Djelloul décida de mettre un terme à cette souffrance beuglarde. Pour dire la vérité, elle craignait surtout de voir un jour son mari se métamorphoser en une pâte coulante. Déjà qu’il n’était pas bien fameux avant que sa maman ne crève, manquant de vigueur et de persévérance, elle tremblait à l’idée qu’elle pourrait un jour perdre le maigre et fade plaisir qu’elle lui arrachait de temps à autre.
Ce jour-là donc, d’une voix douce et compatissante, elle lui adressa ces paroles : «Kacem, pourquoi dis-tu des choses qui me griffent le cœur ? Certes, Dieu t’a pris ta maman, mais Il t’a laissé ta femme ! Voudrais-tu fâcher notre Seigneur ? Viens !… Tantôt, j’ai pris un long bain !… Si la morve du chagrin n’avait pas bouché tes narines, tu aurais senti le parfum délicat que dégage ma chair scrupuleusement épilée ?… Tu aurais déjà sauvagement tué la bête fébrile qui me grignote les nerfs !… Viens ! Les enfants ne sont pas là !… Nous sommes seuls comme au début de notre mariage !… Ta mère elle-même serait mécontente si elle te voyait dans ce piteux état, pleurant au lieu de t’occuper de ton épouse, qui sent bon, qui ruisselle, offerte, la peau douce comme de la soie, affamée, la raison ruinée, prête à toutes les folies… Viens ! Viens ! »
Mais on raconte que ces prières pleines de promesses ne réussirent pas à extraire Benhchichate Kacem du deuil pleurard qui l’avait entièrement avalé. Au contraire, on rapporte que l’homme s’était brusquement levé, jaillissant du matelas sur lequel il pleurait la défunte, et, les yeux chargés de haine, la couscoussière serrée contre la poitrine, il aboya, sa bouche crachant des gouttes de salive grosses comme des billes : « Que me veux-tu ? Laisse-moi tranquille ! Crois-tu que ta carcasse savonnée et épilée pourrait me faire oublier que maman est morte ? Eloigne-toi de ma douleur ! Je pleurerai sur cette couscoussière jusqu’à mon dernier soupir ! Ôte-toi de mon chemin ! » Après quoi, on rapporte que notre héros s’était enfermé dans le salon en claquant violemment la porte derrière lui.
C’est, parait-il, une heure plus tard que s’était produit l’extraordinaire événement que voici. Toujours dans le salon, toujours chialant, Benhchichate Kacem vit une fumée jaune et épaisse surgir brusquement de la couscoussière, s’élever en se tortillant dans l’air, prendre la forme d’un être humain, puis se poser sur le sol, dans un froissement feutré. Et le cœur battant à se rompre, la carcasse pétrifiée, la bouche ouverte, les cheveux hérissés comme des épines, les yeux exorbités, notre héros entendit cette étrange apparition lui dire : «Que la paix soit sur toi, Kacem ! N’aie pas peur, je ne te ferais pas de mal ! Ne t’affole pas inutilement ! Sache que je suis un djinn ! Après t’avoir observé pendant un mois, j’ai pris la décision d’apparaître aujourd’hui à tes yeux ! Laisse-moi t’avouer que jamais je n’ai vu une créature aussi dévouée à sa maman que toi ! C’est un musulman comme toi que je cherche depuis un bon bout de temps, parcourant le monde sans répit ! Voici mon histoire : Nous vivions paisiblement, moi et mon épouse, lorsque un jour, je me suis mis à déceler chez elle des signes de mécontentement. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour découvrir la cause de cette froideur agacée : ma vigueur s’était vachement avachie. Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, mais dans mon pays, une femelle insatisfaite n’hésite pas une seconde : elle fout le camp !… Mais permet-moi de me gratter un peu, j’ai des démangeaisons partout ! Ça vient sûrement de cette couscoussière vermoulue ! Elle grouille d’insectes ! J’aurais dû me choisir un autre abri pour te surveiller !… »
On raconte que le djinn s’était longuement gratté en poussant des gémissements de plaisir. Après quoi, il reprit sa merveilleuse histoire en disant : « Mais, je suis amoureux fou de ma femme. Il me fallait donc trouver quelque chose pour l’empêcher de me laisser tomber. C’est un vieux djinn qui a résolu mon problème. Il m’a dit que le seul moyen de garder mon épouse était de retrouver ma vigueur. Or, d’après lui, soigneusement pilées, les dents d’un homme dévoué à sa maman fournissent un puissant aphrodisiaque. Selon ce vieillard bourré à craquer d’expérience, sniffée, une dose infime de cette poudre ragaillardit formidablement. Tu comprends maintenant pourquoi c’est toi que j’ai choisi ! Mais ne t’affole pas ! Je n’userai d’aucune violence à ton égard ! C’est un marché que je te propose ! Tu m’offres toutes tes dents et en contrepartie tu auras deux sacs remplis de pièces d’or avec lesquels tu pourras réaliser tes rêves les plus fous ! Avant de me répondre, sache que si tu acceptes ma proposition, tes dents seront enlevées sans la moindre douleur ! Tu ne sentiras absolument rien ! Tu ne verseras pas une seule goutte de sang ! Alors ! Que dis-tu de mon marché ? »
On rapporte que notre héros accepta sans hésitation et avec une grande joie l’offre du djinn. Qui aurait commis l’ânerie de refuser pareil échange ? Quelques minutes plus tard, après avoir bien caché ses deux sacs d’or dans un des meubles qui encombraient le salon, Benhchichate Kacem s’était mis à réfléchir à ce qu’il pourrait s’offrir pour commencer avec le trésor que Dieu venait de lui accorder si généreusement. Et le désir qui se tortillait depuis plusieurs années dans ses profondeurs s’imposa à sa pensée : tu dois commencer par renvoyer au plus vite ton épouse chez ses parents et t’offrir ensuite du bon temps avec une gonzesse bien potelée. C’est qu’il y avait très longtemps qu’il ne posait plus les yeux sur la viande cabossée de sa compagne.
Une fois séparé de sa femme, on dit que notre héros quitta Sidi-Ben-Adda pour aller vivre dans une ville. Là-bas, il s’acheta une somptueuse villa, une jolie voiture, des tas de vêtements chics, se pommada, se gomina, se farda, se teinta, se parfuma, puis partit à la recherche de la fille de ses rêves.
Sa quête ne dura pas longtemps. Quelques jours après, roulant dans sa voiture pimpante, il aperçut une jeune fille dodue se déhanchant délicieusement sur le trottoir. Son cœur se mit à galoper nerveusement dans sa poitrine et les bêtes faméliques qui peuplaient ses reins se mirent à hurler. Il décida de la séduire.
Ce ne fut pas difficile. C’était une étudiante en psychologie qui pourrissait d’ennui dans la Cité Universitaire où la seule distraction qui s’offrait à ses yeux de temps à autre était celui de chats s’accouplant frénétiquement sous le soleil. Ces ébats excitaient douloureusement sa chair et elle souhaitait se métamorphoser en chatte soumise, le ventre plaqué contre la poussière et les dents de son partenaire plantées profondément dans la nuque…
Dégoûtée par des professeurs qui confondaient un cours avec un sermon, émerveillée par les tas de billets qui jaillissaient des poches de son séducteur, notre étudiante accepta de sortir avec lui. Les restaurants, les cadeaux et les promenades en voiture gommèrent les consignes et les avertissements que sa maman lui avait pondus en abondance dans les nids moelleux de sa cervelle. Et une nuit, entraînée par Satan que Dieu le maudisse, après un succulent dîner arrosé de jus délicieux, l’innocente étudiante se retrouva sous le même drap que Benhchichate Kacem, pas un fil sur la peau, chauffée à blanc par un désir qui hantait douloureusement ses hanches charnues depuis plus de dix ans…
Cependant, personne n’aurait pu prédire ce qui allait arriver à notre héros ! Qui aurait supposé que l’étudiante en psychologie allait se mettre à hurler comme une folle : «Mords-moi !Mords-moi ! Mords-moi !», vers les oreilles d’un homme aux gencives roses et nues comme celles d’un bébé !… En effet, on raconte que notre héros, avant de rejoindre le lit, profitant de la faible lumière que diffusait une petite veilleuse, s’était débarrassé de son dentier en cachette et l’avait rangé dans un tiroir, craignant deux malheurs : que son râtelier se déboîte pendant les désordres de l’amour et que son amoureuse découvre qu’il portait une prothèse…
Pauvre homme ! Alors que la viande brûlante de sa bien-aimée criait des «Mords-moi ! Mords-moi ! Mords-moi !» de plus en plus violents et exaspérés, Benhchichate Kacem agonisa en quelques spasmes gémissants, puis s’effondra, mou comme un beignet…
Alors, folle de rage, effroyablement frustrée, pleine de haine, avec des dents tranchants comme une guillotine, l’étudiante en psychologie arracha d’un seul coup les attributs de notre héros et les lui cracha au visage…
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8 octobre 2010 à 20 08 33 103310
L’œil, les deux bras et les deux pieds
par Slemnia Bendaoud *
Les peuples des pays développés dorment d’un seul œil, travaillent dur avec l’aide de leurs deux bras, et surtout d’arrache-pied. Ceux des pays sous-développés, considérés comme des va-nu-pieds ou des bras-cassés, se croisent constamment les bras, regardent toujours le temps passer et l’occident travailler. Ils le font convaincus de leurs idées et finalités, inspirés de leur seule fainéantise et nombreuses bêtises.
Et avec tout cela, ils veulent entrainer tout ce beau monde, civilisé et si intelligent, à croire dur comme fer au mauvais œil qui les poursuit leur vie durant. Qui les hante à tout moment ! Quelle autre bêtise ! Entre ces deux mondes, la nature a déjà tranché, en érigeant ses barrières et ses nombreuses tranchées. Géographiquement, il y a entre ces deux mondes ces océans et ces mers, dont la Méditerranée. Et culturellement, il y a cet esprit bien éveillé, d’un côté, et surtout mal réveillé, de l’autre. Un partage fait en toute iniquité, dirons les uns. Fondé uniquement sur la valeur du travail, répliqueront tout de go, ces autres êtres, soucieux avant tout de leur propre bien-être ! Entre les premiers cités et ces bons derniers, il n’y a, hormis leur appartenance commune à l’espèce humaine, à différents niveau de la hiérarchie des valeurs et des utilités, aucun autre lien les mettant sur un pied d’égalité sinon côte à côte. Ils sont nés pour se regarder trop longtemps à distance et non en face à face, ni dans le bleu ni dans le marron des yeux ! Pas même dans le miroir de la vie ! Ils se regardent disons-le tout simplement- à la sauvette ! Non pas hantés par une quelconque peur d’habiter le territoire de la pupille de l’autre, sinon le monde voyageant et mouvant alentour ou dans sa périphérie, mais par crainte de se faire découvrir à l’autre au premier regard balayant furtivement l’espace tout indiqué et impliqué ou même l’horizon accidentellement ébréché, objet de leur discussion.
Tenter une hypothétique comparaison entre ce monde évolué du nord de la planète et celui dévalué du sud du même univers mais marchant à l’envers et collectionnant à souhait tous les échecs et autres revers possibles et imaginables de l’humanité toute entière, c’est plutôt aller vite en besogne, le faire avec le dos de la cuiller, tenter le diable ou l’impossible, tant l’écart est trop important, voire même énorme par endroits, et les mentalités complètement différentes les unes des autres, humant le progrès pour celles-ci et baignant dans la totale médiocrité pour celles-là. Tout comme il est très difficile de faire ce lien entre ce monde qui produit en quantités industrielles et celui-ci qui consomme de tout et à profusion. Ceux-ci activent et s’améliorent au fil du temps, ceux-là sont au repos forcé ou en chômage technique à longueur d’année. Pire encore, pendant que ces êtres humains évolués réfléchissent, ceux appartenant au monde des idées en hibernations se prélassent gratuitement au contact de ces rayons de soleil ardent qui leur visite tout les jours pour les réveiller de leur longue léthargie et profond sommeil. En fait, ces deux mondes se situent bel et bien à l’antipode l’un de l’autre. Les uns croient dur comme fer en l’avenir de la science et de ses nombreux bienfaits sur le devenir de l’humanité, les autres, par contre, se livrent pieds et poings liés à la grande supercherie de la superstition et drôles d’âneries ! Mieux, pendant que l’œil est ici très vigilant et fin observateur, scrutateur et parfois fouineur, tournant et retournant à l’infini et à souhait les films de la vie, des évènements importants, des pages de son histoire et celle commune à toute l’humanité sinon celle tout à l’heure écrite ou même finie d’être enfin bien traduite, dans les faits et dans son récit, là, plus au sud de la Méditerranée et de certains océans, où le soleil est à lui tout seul l’élément-clef de la vie en société, ce même œil, source d’inspiration et surtout d’inquiétude est carrément au repos et pour toute l’année ! Ce œil-là chôme lui aussi, tout comme le maitre des céans, côte à côte avec son frère jumeau, conscient des efforts à faire pour le monde qui travaille et des peines à finalement endurer, regardant entre deux battements de cils tout juste devant soi sinon à côté de lui et pas plus loin que son nez, dans son état mi-clos, fuyant même ce tableau fascinant de la nature, resté à l’état pur, brut et même par endroits assez sauvage, puisque toujours inchangé depuis déjà des générations entières.
Cet autre œil est ici bienveillant, accueillant, souriant, scintillant de joie et de bonheur et très fier de constamment participer à la prospérité et cette grande nation, engagé et dégagé de toute arrière-pensée ou autre soupçon. Ce même œil est de l’autre côté des océans et de la Méditerranée, plutôt très méfiant, réprobateur et méchant, dévisageant avec arrogance et au loin partenaires et les siens comme ces autres étrangers au pays ou supposés adversaires, dans un vrai rituel de cérémonial longtemps appris, ressassé et répété au besoin pour tout juste faire semblant de protéger le grand chef et sa cour d’ivoire ou de chair, le maitre incontesté des lieux et les siens, le Seigneur autoproclamé et l’autocratie encore au pouvoir depuis déjà la naissance de l’état-nation.
Sur cette rive-ci, l’œil du chef élu ou tout désigné comme celui du simple administré, voient tous ensemble dans la même direction, celle du futur par excellence, inspirés des mêmes principes et fixés, connectés ou concentrés sur les mêmes objectifs à atteindre par étape par l’ensemble des acteurs de la nation et du pays, éternels artisans du bien-être de la communauté sous toutes ses formes et autres aspects. Par contre sur cette rive-là, celle du sud de la Méditerranée par exemple ou par excellence, l’œil du chef et de ses sbires surveille à distance et au loin, de près et de tous les coins son monde alentour, plutôt inquiet des nombreux privilèges dont ils profite et se croit lui appartenir en toute propriété et impunité au moment même où l’œil perçant et fuyant le supplice de ses gouvernants reste constamment à l’écoute de la météo et des échos favorables lui parvenant de l’autre côté de ces mêmes mers et océans. Le monde évolué vit à la lumière de ses idées avant même de voir venir le progrès social dont celui-ci en profite à satiété. Celui vivant dans les ornières de son sombre quotidien mange à son pain noir et bifurque parfois sur le burlesque de l’insensé érigé en règle de conduite générale pour conduire et gérer les affaires du pays. Fort heureusement que l’humour est toujours là, souvent de passage dans la contrée, pour trouver ce moyen de dénoncer à tout bout de champ ce ridicule qui habite encore nos esprits ! Cet œil miséreux et misérable de nos décideurs en haut de la toute respectée hiérarchie du pouvoir pivote longuement dans son orbite tel un arbitre inquiet de la situation du jeu et prêt à intervenir à tout instant pour avertir les uns et carrément exclure ces autres brebis galeuses ou meneurs de grèves et d’émeutes, faisant régner sur le village et alentour une vraie terreur, puisque incapable de ramener au plus vite la paix sociale souhaitée par tout un peuple encore aux aguets. Plus au nord de la planète terre, l’œil intelligent à souhait, sans faire des atermoiement, et autres mouvements ou rotations d’origine suspects, croise l’autre œil, celui de l’autre, du passant, du chef comme celui du subordonné, dans ce climat serein et très correct où la hiérarchie bien structurée et établie ne touche jamais à l’intimité des gens et à leur liberté de communiquer, de s’organiser, de conscience ou même de voyager et de se déplacer d’un territoire à un autre, nantis de ces seuls textes juridiques, lesquelles restituent à la nation et ses administrés le sens profond du mot liberté. Plus au sud de la même planète et du monde en général, l’œil branché à différents degrés de la vision des choses de la vie, scrute à longueur de temps des horizons également différents, d’une stratification de population à une autre, d’un cercle tout indiqué au sein de la pyramide du pouvoir. Et parmi ces « sudistes » tout indiqués, une bonne partie de la population, les jeunes surtout, frustrés dans leur maudite vie, regardent surtout de l’autre côté de la Méditerranée et des conditions météos favorables pour tenter cette « traversée de l’espoir », espérant la faire la vie sauve pour trouver par-delà les vagues de la mer une bien meilleure situation que la leur du moment. Même si leur voyage en haute mer est synonyme de tous les dangers, prévisibles ou apparents où bien souvent la mort, bien réelle celle-là, est au rendez-vous pour venir les cueillir tels des rats empoisonnés ! Les autres, très puissants et bien nantis, profitant tous seuls des biens de toute la communauté, vivent dans le faste et l’opulence de la vie, en groupe d’intérêt et en petite famille, parfois bien parallèle à celle connue et reconnue par l’administration et ses nombreux administrés, n’utilisant leur œil, éternellement branché sur l’autre phobie de l’imitation et de la jalousie à tout bout de champ, gravement manifestée à l’égard d’autrui, que pour longtemps encore profiter de ces nombreux privilèges et acquits appartenant, en fait, à toute la société.
Après tout, l’œil, bon œil ou mauvais œil, (que dieu nous en préserve, je touche du bois !) implique surtout cette nécessaire vue, parfois dénuée de tout, fonction toute nécessaire, mais vraiment fondamentale et stratégique qui guide l’esprit des gens. Cette fonction oculaire voit tout en clair et éclaire tel un éclair, les consciences et le chemin tout tracé des uns, convaincus de suivre la voie royale et toute tracée du progrès dans laquelle ils excellent jour après jour, et l’itinéraire plutôt assez sombre de ces autres, incapables d’ouvrir même l’œil devant tant de dangers qui guettent sinon dévorent à pleines dents ces petites nations dites ou qualifiées en plus de « sous-développées ». Et même la réplique en règle « œil pour œil, don pour don… » ne tient plus le coup ou n’arrive plus à avoir la moindre incidence sur le rapprochement des uns avec les autres et en faire juste un même monde bien sage, prévoyant et voyant dans la même direction ou horizon déterminé. Au beurre noir ou encore bridé derrière ses licornes, l’œil des gens, ce gros œil, voulais-je dire, de ces personnalités qui émargent à ce sinistre honneur d’appartenir pour de bon au clan des pays sous-développés, contrairement à l’œil nu, principal guide de tous les projets et esprits des nations développées, ne voit finalement pas plus loin que le bout de son propre nez. La vie est souvent si facile à vivre. Pour cela, il suffit bien souvent d’en avoir le vrai coup d’œil, subtil et utile et de s’éloigner le plus possible de ces trompe-l’œil, lesquels éloignent l’être humain de la réalité des choses.
L’autre bras de fer entre le nord et le sud de l’univers, entre d’une part, cet Orient désorienté, et d’autre part, cet Occident, opulent et riche à volonté, complètement réorienté dans son esprit et politique économique vers l’intérêt immédiat et le profit consistant, à tirer ou à en soutirer de ses relations et colonies de ces pays pauvres d’esprit mais très riches en ressources humaines et potentialités naturelles, continue à toujours faire l’actualité, en divisant le monde en deux grandes entités distinctes : ces gens qui travaillent et ceux qui somnolent, ceux qui produisent à outrance et ceux qui en consomment à profusion, ceux prévoyant et très clairvoyants dans leur esprit, actes et analyses et ceux munis de toutes leurs facultés physiques et mentales mais assimilés à ces non-voyants, dévoyant tout au travers de leurs attitudes et comportements mesquins et de bas étage. Un tel bras-de-fer ne vaut, à vrai dire, même pas la peine d’être tenté ou engagé. Puisque déjà sur ce champ de bataille, il n’y a qu’un seul vrai soldat. Un seul combattant et homme de guerre et de défi sur ce seul maquis où l’effort de se battre est constamment présent d’abord dans l’esprit du compétiteur ou boxeur d’occasion. Le deuxième partenaire, attendu lui au tournant, ne fait quant à lui plus le poids ! Raison pour laquelle il s’est de lui-même complètement éclipsé et retiré de toute compétition ! Cela fait donc longtemps qu’il est déjà rentré chez lui, prenant donc congé de son monde. Attendant des jours meilleurs et surtout cette nourriture lui parvenant de l’étranger grâce à ce défilé ininterrompu de ces navires céréaliers et d’autres produits alimentaires contre le payement cash de son montant prélevé sur la rente pétrolière du pays, destinée, en fait, tout juste à satisfaire l’appétit de ces gros tubes digestifs, soucieux avant tout de s’empiffrer à l’extase de ce disponible stocké naturellement en sous-sol.
La différence réside probablement dans ces deux sens donnés à l’expression célèbre du non moins célèbre Mao Tsé-toung : « Un nouveau-né n’est pas une bouche supplémentaire à nourrir : mais plutôt deux bras qui cherchent à travailler ! ». A vrai-dire, tout le secret de l’humanité est dans cette phrase symbole de l’effort et de la paresse. Tout y est par contre bien enfoui ! Bien articulé, dans un sens comme dans l’autre ! Dans son état limpide, pur et clair, sinon complexe et trop confus pour ces lève-tard en quête de couleurs sombres et de crépuscule pour revenir au plus vite à leur moelleux et douillet lit. Entre retrousser ses manches pour travailler et faire la manche pour aller plus loin mendier, il y a un choix à faire. Ou encore entre dilapider ou saborder ses énergies naturelles transformées en produits de subsistance et de survivance et investir, d’autre part, son mangement du savoir dans des projets de grande importance et de consistance, il faut également choisir. Et bien choisir ? Et donc chacun des deux clans suscités a fait son choix. Du mieux qu’il le peut et surtout celui qui lui semble être en parfaite adéquation avec ses propres idées, du moment sinon celles bien triturées. C’est selon !
Ainsi donc, au moment où l’occident brasse à longueur de temps fortune et idées géniales, avançant à la vitesse d’un vrai TGV dans l’espace et dans le temps, explorant au passage de nouveaux horizons, l’autre monde au sud de la planète dont l’Algérie se croise tout simplement les bras, le regard happé par ce mouvement continue qui défile sous ses propres yeux, sans même pour autant l’inciter à se décider d’aller travailler ! Et si notre « brut » nous rend à présent si abrutis, celui-ci constitue probablement notre seule malédiction. Le dernier titre de Rachid Mimouni, portant comme titre le même nom, reste à ce propos toujours d’actualité, dix-sept ans après sa première publication. Un livre, en fin de compte à lire et bien méditer !
Qui dit bras, dit également la main à l’autre extrémité de celui-ci. Et sur ce chapitre-là, nous peuple sous-développé, nous Algériens du XXIème siècle, refusons tout naturellement de mettre la main à la pate. Nous ne manquons cependant pas de ces mains expertes, lesquelles font défaut aux autres dans tous les métiers et domaines de la vie ! C’est plutôt cette mainmise d’un système tout indiqué sur l’économie du pays qui appauvrit son peuple et détruit ses richesses, au demeurant inestimables à être convenablement évaluées. Naturellement, cela a eu pour effet de pousser la progéniture de l’Algérie vers la mer et ses élites vers cet exil risqué ou doré !
Conclusion : le pays a donc besoin d’une vraie réforme, et en profondeur. D’être d’abord mis sur le gril de ces pourfendeurs de cette économie de la rente à tout prix, laquelle ne rend le moindre service à l’humanité, ni ne produit un quelconque effet ou même intérêt pour toute la nation et ses nombreux administrés. Pour en arriver là, il s’agira de mettre sur pied une nouvelle stratégie. Ah ! le pied. Voilà un mot qui intéresse beaucoup le monde des Algériens jusqu’à les rendre par moment fous en le voyant taper dans un ballon ! Surtout ces toutes jeunes générations, lesquelles fuient à contrecœur le pays et sa mauvaise gouvernance. A l’inverse de ses paires des pays développés, suivant au pas de charge la cadence de ses ainés ces gens qui gouvernent toujours le pays- se nourrissant de la rente pétrolière et distillant ces bobards et autres mensonges afin de longtemps pouvoir se maintenir sur la plus haute marche du pouvoir, nos jeunes refusent de mettre le pied à l’étrier. Ils refusent carrément d’utiliser ce marché-pied proposé par des cercles tout indiqués. Ils savent très bien que les dés sont à l’avance déjà pipés, et que par conséquent, le travail fait à la sueur du front ou réalisé à la force des jarrets, ne paie plus. Ne rémunère plus jamais ! Ni même ne nourrit bien son monde.
Alors, ces jeunes-là, emportés par les relents de leur mal vie, versent constamment dans les futilités ! Dans leurs subtilités, avec cet espoir plutôt minime de pouvoir s’en sortir juste pour un moment. Ils préfèrent donc tout naturellement la mer à leur mère-patrie, la galère à leur «mur» d’à côté, l’aventure parée de ses nombreux risques que cette mort à petit feu qui leur est proposée à la maison et au Douar, plutôt l’oubli aux fins de ces lointains pays que cette inertie locale et autres souffrances sans bornes ! Ainsi, après le pied-de-grue fait autrefois devant les supermarchés des galeries et autres Souk El Fellah d’Algérie durant ces années de plomb, ces «hittistes» d’autrefois se sont transformés en ces «harraga(s)» d’aujourd’hui ! De mal en pis, leur vie continue malgré tout de broyer du noir dans un pays paradoxalement très riche en cet or noir, extrait en grande quantités de son sous-sol tout juste pour maintenir son monde longtemps au pouvoir. Cette ancienne équipe longtemps métamorphosée à la haute sphère des règnes du pouvoir déçoit à présent ces jeunes générations qui ont carrément tourné le dos à la vie comme l’ont fait leurs responsables devant l’ampleur du phénomène des «harraga(s)». Et tout bonnement ces jeunes-là se retournent volontiers vers la mer, en quête d’un quelconque espoir à cueillir au vol lors de leurs nombreuses traversées de la grande bleue. La pénible balade faite au milieu de ces vagues en folie, ces jeunes-là y vont le cœur bien serré et les yeux embués de grosses larmes de leur désespoir pour avoir à quitter à contrecœur le pays, la patrie et la famille, parfois sur un simple coup de tète ou de folie et d’un seul trait !
Aujourd’hui, l’Algérie est dirigée selon cette expression me semble-t-il- assez vulgaire à prononcer : «l’œil réprobateur, une main de fer et le coup de pied au derrière» pour faire mieux avancer son monde. Raison pour laquelle, notre jeunesse préfère, en échange, plutôt foutre le camp que d’avoir à subir l’impact de ces coups humiliants sur leur postérieur ! En êtres humains civilisés, libres et ouverts d’esprit, ils auraient certainement souhaité mieux vivre dans leur très chère patrie, selon bien évidemment cette bonne formule : «l’œil bienveillant, la main tendue à tout le monde et les pieds par terre». Eux aussi donnent bien raison à Mao. Leurs deux bras de l’être humain sont bien faits pour véritablement travailler et non pour ramer avec ! Ils en sont bien conscients. Ils souhaitent tout simplement que leurs responsables veillent aussi souvent sur eux et sur leur avenir, en le faisant «bon œil, bon pied» afin de les empêcher de continuellement braver la mer et ses nombreux dangers. Nos braves jeunes ne manquent cependant pas de génie dans leur tête ni même de force dans leurs bras. Ils souffrent plutôt de l’attitude très dilettante de leur avant-bras ! Parfois, pour remonter à la source, il faut bien monter très haut pour retrouver la clef du problème ou le symptôme et la nature du fléau qui dévore la société ! Revenir à l’histoire, parfois la plus ancienne, quoi ?
Et sans faire parfois cette très difficile gymnastique puis-je dire- chacun des acteurs sus-indiqués, notamment le lot des jeunes gens, a une idée assez précise sur l’ampleur du phénomène évoqué et des alibis, pour l’occasion, tristement invoqués, mais jamais, au grand jamais, pour une partie toute indiquée, l’impact du «désastre provoqué» !
Aller de l’avant est une vertu cardinale chez le monde évolué. Chez nous et déjà dans les années soixante-dix du siècle dernier, un receveur de la défunte SNTV, aux idées bien illuminées avait cette prémonition de crier, (mais avec quelle manie !) à la face de son monde, en prononçant ces mots qui allaient des décennies plus tard tracer la courbe d’évolution du pays. Il disait à ses voyageurs tout simplement : «avancez à l’arrière !» quel génie, ce Monsieur, très conscient alors du sens de l’évolution des choses qu’allait prendre le pays et sa population !
Manifestement, nos gouvernants ont fait leur choix, pour eux-mêmes et pour nous. Celui qui leur semble le plus être en adéquation avec leurs vœux, bien évidemment. Ils veulent tous retourner et nous entrainer dans leur sillage à cette glorieuse histoire de la révolution en fermant carrément cette porte du futur, laquelle constitue notre unique issue pour le moment ! On le sait, ils reviennent souvent même dans leur rêve, à cette belle histoire qui les bénit et chérit tant. Parfois, juste par nostalgie ! Comme le temps passe très vite pour ces vieux, et dure, par contre, toute éternité pour ces toutes jeunes générations !
(*) Universitaire et écrivain. Il est également l’auteur d’un titre intitulé : « Mohammed Moulessehoul, l’autre Yasmina Khadra » paru en Mars 2010 aux éditions EDILIVRE, France.
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8 octobre 2010 à 20 08 34 103410
L’art autrement vu : le masque et l’identité
par Mohammed Abbou
Dans beaucoup de pays, la question de l’Identité est devenue un thème récurrent à chaque échéance électorale. Voulant aborder le sujet, je me perds dans la multiplicité des approches et je réalise que s’il n’y pas entente sur une définition, c’est que le concept n’est pas autonome.
L’Identité est une succession de rôles sociaux. Toute la vie est un long processus d’identification.L’homme nous dit Emile BOUVRAND (1) est un «être étrange qui a , pour exister, besoin du miroir de l’autre». chaque personne se distingue par l’articulation qu’elle cherche entre sa vision d’elle-même et la perception que les autres ont d’elle.
Et Pierre HARTMANN (2) nous rappelle que le terme «personne» issu du latin «persona» désigne dans cette langue le masque de théâtre. Etymologiquement la personne est un masque.
Je me rappelle alors que mon ami Lamin DOKMAN, peintre de talent et dont la notoriété a franchi nos frontières, a eu l’heureuse inspiration de réaliser des masques d’une beauté à couper le souffle. Mais au delà de leur lumineuse esthétique, ces masques, mis côte à côte, racontent avec une rare poésie le parcours que prend nécessairement toute vie humaine. Dans la joie ou la déception, dans l’angoisse ou la détermination, dans le doute ou la conviction, dans l’enthousiasme ou la lassitude, dans la colère ou le regret . L’homme adopte des attitudes, des postures, des masques.
L’artiste a compris que le masque est un vecteur culturel, qu’il participe à l’ordre social. «L’Identité d’une personne serait le masque de sa soumission et de sa dépendance» (3).
Désormais Dokman ne permet plus au regard qui croise un masque d’être indolent ou distrait.
Il a poli, lissé, manucuré, sublimé le masque jusqu’au ravissement. Il l’a chargé d’une ubiquité excentrique et exhibitionniste.
Le masque est alors Soleil grandiloquent dans un bleu timide tiraillé par des mèches dorées qui nagent dans un blanc laiteux.
Il est un regard impérial sur le jaune verdoyant d’une histoire endormie.
Il se fond dans une flore engorgée par des fleurs à peine écloses mais qui se dressent fièrement dans leur vert paisible.
Il fait le guet dans une nature exubérante qui s’évapore lentement dans un nuage ambré.
Il est le troubadour aux couleurs confuses qui n’arrive pas à incarner l’ange bleu dont il a rêvé
Il est l’arlequin qui peine à communier avec un printemps dominant dans un jaune lumineux côtoyant un marron sage et rassurant.
Il est l’écorché vif quittant avec force un espace sombre que se disputent sans succès le vert et le bleu sous une lumière vacillante.
Il est la forme métallique qui se drape dans des feuilles persistantes aux couleurs telluriques.
Il est le visage ravagé par une peur indicible et dont la coiffure désordonnée cache mal des stigmates d’un marron et d’un bleu rougeoyants.
Il est le regard creux baignant dans des éclats jaunes et rouges, qui semblent prédire l’apocalypse.
Il est la tête engoncée dans des couleurs criardes qui trahissent un maquillage hâtif pour faire face aux sollicitations de la vie.
Mais le masque sait aussi devenir spatial et mécanique et sans se départir de son fort béguin pour le bleu, il s’articule autour de tiges en or qui cherchent à brouiller un regard déjà absent.
Il peut devenir une prêtresse aux yeux étirés à l’infini et qui émerge de ses propres racines. Elle donne le dos à un horizon rouge au dessein singulier et avance dans un halo jaunâtre souligné par le noir de son présent défait.
Il se fait frimousse espiègle et aguichante donnant libre cours aux rires de la vie dans une profusion de pétales bleues en mouvement dans une gerbe de mousse blanche.
Il sait devenir épanouissement d’une féminité qui offre son équivoque émotion, son ambivalence entre la sensualité des lèvres roses et l’autorité d’un front en acier vieilli, entre la tendresse du regard et la rigueur d’un menton qui plonge sa raideur dans une sève d’un bleu houleux .
Il est volupté d’un voile en damier irrégulier déclinant le vert dans toutes ses nuances mais qu’étrangle un ourlet bleu comme un sort écrasant de sévérité.
Il est profondeur d’une âme auréolée par des perles enfilées en tresses denses et brillantes sur une crinière abondante présage d’un avenir profus.
Il est la conscience d’une face translucide enchâssée dans des rais de lumière et étreinte par un environnement théâtralisé.
Il est l’écume d’un bonheur oublié timidement évoqué par des perles boisées sur des joues poudrées à l’excès.
Il est la caricature d’un rêve trop lointain pour émouvoir mais qui arrache encore un sourire à des lèvres d’un mauve pulpeux.
Il est le piège du mauvais mais aussi l’écrin des racines en diamant et des firmaments en fleurs de lotus .
Dokman sait tout cela et il en nourrit notre imaginaire jusqu’à la fascination .
Quand le poète s’empare de la langue des couleurs et qu’il fait de la lumière son principal témoin, il finit par trouver à la mémoire un refuge sûr dans tout regard innocent.
Mais à cette mémoire il donne de nombreux visages pour mieux préserver sa réalité. Elle ne se cache pas mais, dissimulée, elle excite la curiosité et réveille l’esprit engourdi par la routine.
C’est par le masque que passe le chemin de la vérité.
Alors s’offrir un masque est peut – être le dernier luxe qu’autorise encore une société qui a enterré sa pudeur et où la dignité ne survit que masquée.
Et Dokman a embelli à l’envi le moyen d’échapper à la servitude de l’identité.
1)- Emile BOUVRAND : Dossier thématique Université Rennes II 12007.
2)- Pierre HARTMANN : Le personnage de théâtre entre masque et travestissement.
3)- A TOURAINE :
Introduction à la sociologie Barcelone, Ariel 1978.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
17 mars 2011 à 12 12 16 03163
Bonsoir,
J’ai trouvé votre blog sur Yahoo par hasard, et j’ai trouvé un site Internet très agréable à lire.
Je vous remercie beaucoup de partager tous ces billets avec le Web.
Continuez comme cela