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AOMAR IDDIR, AUTEUR DU ROMAN LE BOUT DU TUNNEL «La colonisation française fut horrible» Entretien réalisé par Aomar MOHELLEBI

4 octobre 2010

Histoire

AOMAR IDDIR, AUTEUR DU ROMAN LE BOUT DU TUNNEL «La colonisation française fut horrible» Entretien réalisé par Aomar MOHELLEBI dans Histoire logodzpr

   - Lundi 04 Octobre 2010 – Page : 19

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Aomar Iddir est un écrivain de la région de
Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Son premier roman,
Le bout du tunnel (éditions El Amel) raconte la Guerre d’Algérie dans la
région de Kabylie. Il s’agit d’un livre où plusieurs Algériens peuvent
se retrouver car racontant des faits bouleversants et authentiques.



L’Expression: Qu’est-ce qui peut vraiment pousser un ingénieur à prendre la décision d’écrire un roman?
Aomar Iddir:
Je crois que la prédisposition à l’écriture n’est pas le fruit d’une
appartenance à tel ou tel domaine d’activité professionnelle. On n’est
pas plus privilégié selon que l’on soit un littéraire ou un technicien.
Par contre, le fait d’avoir été ingénieur m’avait considérablement aidé à
découvrir la noble faculté d’écrire. En effet, durant mon tout premier
parcours professionnel, j’avais exercé un métier de chef de chantier
dans lequel mes collaborateurs et moi devions surveiller, à partir de la
salle des commandes, la bonne marche des machines de production. Et,
durant les postes de nuit où la marche de l’usine était quasiment calme,
chacun de nous s’adonnait à ses passe-temps favoris, tout en ayant
l’oeil sur le maintien des paramètres de la marche optimale. C’était à
ces moments de la nuit que l’idée d’écrire avait germé en moi. Depuis,
cette ardeur devint une passion si forte qu’à chaque moment où je me
retrouvais seul, mon esprit se remettait à voyager dans le passé, à la
recherche d’un événement à réanimer.

Le bout du tunnel, titre
de votre roman, reflète-il vraiment la réalité puisque le bout d’un
tunnel peut souvent être le début d’un autre…
Le bout du tunnel
est un titre que j’ai donné à mon livre car j’estime que la vie de mes
concitoyens de l’époque, telle qu’elle a été racontée, s’apparentait à
une existence sous un horrible tunnel, que fut l’amère colonisation. Le
bout de ce tunnel n’était autre que notre indépendance. Bien sûr que le
bout d’un tunnel, comme vous le précisez, peut déboucher sur un autre,
qui pourrait être, à son tour, tout aussi incommodant. Mais, aussi
pénible qu’il paraisse être, je ne crois pas qu’il puisse égaler celui
que nos pauvres parents avaient enduré. J’estime que malgré les tares
quotidiennes, vécues çà et là, le pire est derrière nous. Nos parents
étaient des gens qui se donnaient à fond et qui se contentaient de peu.
Je pense qu’ils ne se sont pas battus parce qu’ils avaient faim ou
froid. Le seul et véritable déclic était qu’ils n’acceptaient jamais
d’être humiliés ou brimés ou encore moins d’être déchus de leur
véritable identité. Nos ancêtres n’étaient pas gaulois.

Votre roman est-il entièrement autobiographique?
En
début de lecture, le lecteur aura l’impression qu’il s’agit d’une
autobiographie de l’auteur. Mais en y persévérant, il se détachera
progressivement de cette idée car l’histoire relatée n’est pas celle
d’un citoyen particulier mais celle de tout un peuple. Un seul et même
peuple partageant les mêmes valeurs et ayant les mêmes aspirations. Bon
nombre de lecteurs avaient eu l’impression qu’il s’agissait de
l’histoire exacte de leurs propres parents ou grands-parents. En
véritable miroir de la vie des paysans algériens, le roman offre une
rétrospective pour ceux qui l’avaient vécue et une heureuse découverte
pour leur progéniture. Bien sûr que l’auteur y a été entièrement
impliqué dans le récit puisqu’on ne peut bien parler que de choses que
l’on a vécues.

Votre récit est aussi l’occasion d’évoquer la société kabyle à l’époque coloniale, n’est-ce pas?
Le
roman dépeint les aspects de la misérable vie d’une frange majoritaire
de la société algérienne, en général, mais de la Kabylie en particulier,
berceau de mon enfance. Mais, partout ailleurs, sur toute la terre
d’Algérie, le colonisateur employait la même barbarie, les mêmes
atrocités. Un combat aussi inégal qu’illégal envers un peuple désarmé et
analphabète dans presque sa globalité. Il convient de ne pas occulter
la frange minoritaire de la société qui avait choisi d’aller vivre de
l’autre côté de la barrière, du côté hideux de l’Histoire. C’était
extrêmement blessant d’établir un constat aussi déshonorant. L’histoire
nous apprendra toujours que dans tous les conflits ou guerres, se
révélent toujours des héros et des traîtres. C’est peut-être dans la
nature humaine.

C’est un roman sur l’enfance également…
Oui,
je ne peux parler d’une société sans en impliquer les enfants. Avec
leurs cervelles vierges et innocentes, ils représentent, à mon sens, les
vrais témoins de l’Histoire. La mémoire d’un enfant est, dit-on,
infaillible et résiste à toute épreuve; contrairement à celle des
adultes, constamment assaillie par les tares d’un quotidien souvent
difficile.

Des enfants ayant grandi dans un environnement de
misère, de faim et de froid mais qui sont devenus, plus tard, des
hommes, de vrais hommes…
Avec émoi, j’ai relaté les conditions
de vie des enfants-que nous fûmes- qui avaient survécu à un
environnement de misère, de faim et de froid. Symbole de l’innocence
pure par excellence, ils ne pouvaient être mêlés à aucune compromission.
Les brouilles entre adultes doivent être réglées entre adultes.
Dans
ce qui les concernait, leurs parents avaient «commis» le délit de
réclamer leurs droits les plus élémentaires et les plus légitimes, à
savoir ceux de décider d’eux-mêmes. Pour toute réponse, ils ont reçu, de
plein fouet, la foudre de l’envahisseur français.
Une foudre qui
n’avait épargné personne, pas même les enfants en bas âge. Permettez-moi
de vous raconter un fait réel: Je me souviens qu’un jour, trois
djounoud avaient été abattus par l’ennemi, non loin de notre village.
Et, afin d’intensifier ses méfaits et perpétuer les représailles sur
leurs familles respectives, l’ennemi avait fait sortir tous les
habitants du village pour les faire défiler devant les dépouilles des
jeunes combattants, étalées à même la boue de la place publique, sans
aucun respect de la dignité humaine.
Ma pauvre mère me prit par la
main et passa devant les corps inanimés, sous l’oeil vigilant des colons
qui surveillaient les moindres traits d’affliction ou les moindres cris
de douleur, révélateurs des liens de parenté avec ces malheureuses
victimes. Une image terrible, et pour une mère aux sensibilités très
affirmées, et pour un enfant très vulnérable devant les horreurs qu’on
lui présentait. Pour ces enfants, aujourd’hui, mûrs et aguerris, la page
est peut-être tournée mais pas déchirée. Comme vous le dites, ils sont
devenus de vrais hommes qui aiment profondément leur patrie.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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3 Réponses à “AOMAR IDDIR, AUTEUR DU ROMAN LE BOUT DU TUNNEL «La colonisation française fut horrible» Entretien réalisé par Aomar MOHELLEBI”

  1. iddir louanes Dit :

    merci
    et repose en paix

  2. iddir louanes Dit :

    aujourdhuit nous comemeron tes 40eme jours

  3. mouloudj Mohamed Dit :

    repose en paix, dans nos cœurs tu demeure à jamais.

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