Edition du Lundi 04 Octobre 2010
Editorial
Les propos qu’aurait tenus le président Chadli Bendjedid à un universitaire japonais, dans le cadre d’un livre sur l’Algérie, marquent une nouvelle rupture dans la perception de ces évènements et leurs conséquences politiques ultérieures qui apparaissent, aujourd’hui, sous un nouveau jour.
Demain, nous serons le 5 octobre. Dans l’imaginaire collectif des Algériens, ce jour reste une date phare, car elle signifie la fin du système du parti unique et l’avènement du “printemps démocratique”. Cela fait vingt-deux ans que ces évènements, qui n’ont nulle trace dans l’historiographie officielle, sont revisités sans pour autant livrer tous les mystères et toutes les interrogations qui entourent leur genèse.
Comme s’il y avait de la part du pouvoir en place une volonté de déchirer la page et de faire passer “la révolution d’Octobre” pour pertes et profits. Mais les propos qu’aurait tenus le président Chadli Bendjedid à un universitaire japonais, dans le cadre d’un livre sur l’Algérie, marquent une nouvelle rupture dans la perception de ces évènements et leurs conséquences politiques ultérieures qui apparaissent, aujourd’hui, sous un nouveau jour. En forçant un peu le trait, on pourrait même dire qu’au plan du témoignage, c’est un 5 Octobre bis tant les révélations de l’ex-président sont majeures et inédites.
Ainsi, au détour de ses déclarations, on apprendra qu’il a quitté le pouvoir de son propre gré par respect à ses engagements de respecter “la volonté du peuple”. En décrypté, cela veut dire que ce ne sont pas les militaires de l’époque qui lui avaient mis le couteau sous la gorge pour s’en aller. Cette confession n’est pas un “simple détail” pour l’intelligence de ce qui s’est passé ce jour immortalisé ad vitam par le JT de l’ENTV où l’on voyait Chadli Bendjedid bégayant remettre sa lettre de démission à Benhabylès, président du Conseil constitutionnel de l’époque.
Mais on apprendra aussi, et c’est sans doute le plus important, que le président Chadli était partisan de laisser le processus électoral aller à son terme et donc permettre à l’ex-FIS de prendre le pouvoir en comptant sur les instruments constitutionnels pour le contrer en cas de dérive. En professant une telle thèse, l’ancien président fait de facto le procès de ceux qui avaient pris alors leur responsabilité historique pour sauver l’ordre républicain.
Une chose est sûre : les propos de l’ancien président, si tant est qu’il les a tenus, ne manqueraient pas dans les jours à venir de provoquer des remous politiques, surtout que vingt-deux ans après ces événement, nous sommes revenus à la case départ. Alors, octobre rupture révolutionnaire ou erreur politique d’aiguillage ?
4 octobre 2010
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