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LETTRE DE PROVINCE Réconciliation sous embargo et wali du… bled Par Boubakeur Hamidechi

2 octobre 2010

Contributions


hamidechiboubakeur@yahoo.fr

Alors que jusque-là, il considérait les lois sur la concorde et la réconciliation comme son grand d’œuvre, le régime s’abstient de célébrer ce double anniversaire. Un curieux bémol qui n’aurait d’autres explications que celles du contexte international. En effet, la frayeur qu’alimente la nébuleuse islamiste Aqmi, à nos frontières et la surenchère sécuritaire des pays occidentaux semblent l’avoir dissuadé cette fois bien mieux que ne le firent durant dix longues années de mises en garde indigènes.


C’est que la paix, dont il a été l’inlassable architecte et le zélateur souvent agressif vis-à-vis de la critique, n’est qu’un produit local interdit à l’exploitation au nom de sa toxicité ! Depuis septembre 1999 (référendum sur la concorde), le concept du «tout sécuritaire» avait, lui-même, varié dans la signification et l’application. L’arme au pied, l’Etat capitulait en rase campagne au nom d’une mystique paix des braves, ajoutant ainsi de la confusion dans les esprits. La «réconciliation» de 2005 achèvera l’œuvre à travers la décision régalienne de recourir à l’amnistie générale. Effacer par l’artifice de la loi le devoir inaliénable de l’Etat de défendre la mémoire des victimes et, pis, la décréter comme thérapie, devint bien plus qu’une ligne de partage entre les décideurs. Elle provoqua très vite une nouvelle fracture sociale, à ce jour mal guérie. La réhabilitation sans condition des maquis islamistes et des réseaux urbains du terrorisme, laquelle prétendait résorber un vieux clivage sociétal, horrifia les consciences et retarda du fait l’émergence d’un débat possible sur le rôle de la religion dans la refondation de l’Etat. En escamotant la question de fond, le régime poursuivait un autre objectif : celui de réintégrer le populisme islamisant parmi les courants de pensée qui structurent la société, pensait- il. Or, cinq années après la fameuse loi, il s’aperçoit qu’il avait fait fondamentalement le mauvais choix en estimant que les maquis étaient une des composantes du rayonnement religieux. D’abord fasciné par son propre activisme, puis rappelé à l’ordre par ses ex-interlocuteurs de la montagne, il se trouve dorénavant dans la voie étroite où nul discours de sa part n’est convaincant. Car, contrairement à l’assurance du tribun de 2004 quand il martelait que l’amnistie a une contrepartie que chacun va payer», le chef de l’Etat de 2010 sait parfaitement qui, dans la supposée belligérance, est passé seul à la caisse. Par le refus persistant à qualifier le terrorisme d’atteinte à l’Etat, le régime n’a-t- il pas contribué à affaiblir la justice dans ce pays ? C’est de cette rhétorique de circonstance que se nourrit la nuisance des réseaux agissants. Car, enfin, quelles autres «contreparties » doivent encore payer les populations quotidiennement touchées par le malheur sinon celles d’enterrer l’espoir en un Etat juste après les cadavres de leurs proches ? Le virage vers la paix promise il y a 5 ans ne s’est-il pas révélé n’être qu’un mortel dérapage ? Un désarmement moral que seules les baudruches de la démagogie présentent toujours comme les répliques résiduelles d’une violence vaincue. Autrement dit, n’est-il pas venu le temps de tirer les leçons de la tragique démarche entamée à partir de l’an 2000 ? Car il ne suffit plus à ce pays que le pouvoir, par lui-même et pour sa seule crédibilité, s’empare de la question. La reconstruction de l’Etat invite à un autre traitement que le simple recadrage des textes référendaires de 1999 et 2005. Que le pouvoir en vienne à faire amende honorable et qu’il admette une telle éventualité ne serait pas une mauvaise initiative. Encore, lui faudra-t-il qu’il prenne cette fois langue avec les interlocuteurs de la plaine. Ces républicains qu’il a longtemps stigmatisés. Cela dit, passons à une actualité anecdotique mais pas pour tout le monde… Faute donc de pouvoir mobiliser les bateleurs de la politique officielle pour emboucher les trompettes festives de la réconciliation, en ces temps de grande paresse du pouvoir, El Mouradia bricole de la communication afin de faire de la diversion. C’est ainsi que dans le JT du 20 h de jeudi 30 septembre, l’activité du chef de l’Etat a été amplifiée à l’excès par l’annonce d’un mouvement des walis. Ce qui, dans les bonnes démocraties, relève d’un banal acte de gestion, prend chez nous une résonance particulière depuis quelques années tant il est notoire que le rôle de ces hauts fonctionnaires dans le dispositif global de l’Etat n’a cessé de s’élargir. Relais partisans plus que représentants de l’Etat et du gouvernement, ne les a-t-on pas connus, dans les plus basses œuvres, en s’impliquant lors des élections ? Mais l’intérêt que suscite ponctuellement toute nouvelle nomination intéresse également au plus haut point les journalistes de province. Car, à chaque départ ou arrivée, coïncide une disgrâce ou une allégeance ! C’est que le correspondant local connaît parfaitement bien les foudres d’un wali mécontent d’un compte-rendu. À l’inverse, qui de nos confrères n’a pas de réserves à faire sur la complaisance d’un pair accrédité par un autre journal ? Or, avant les élus, c’est le wali qui exerce la plus lourde des pressions sur l’information de proximité et la rectitude de son contenu. Cela fait bien des années que les correspondants sont soumis aux embargos des proconsuls de province et exposés aux menaces physiques. Or, ces pressions finissent par altérer leur désir d’objectivité. Parfois, manipulé, souvent, circonvenu, le correspondant de presse renonce progressivement à son indépendance et loue sa plume à la plus influente des autorités locales. Nous avons nommé le wali… du «bled». L’événement annoncé à la veille du week-end en était, par conséquent, un et de surcroît vital pour certains de ces confrères de province. Et pour cause, il désignait leur nouvel «interlocuteur ». Un euphémisme pour nommer honteusement le nouveau parrain de quelques-uns…
B. H.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/10/02/article.php?sid=106739&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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