Edition du Samedi 25 Septembre 2010
L’Algérie profonde
Je ne suis pas ce qu’on appelle un excité du foot, un de ces fêlés qui ne vit et ne respire que pour son équipe fétiche. Je ne suis pas non plus un tifosi enragé qui hurle et s’arrache les tifs à chaque fois que son onze rate le ballon, quitte à empoisonner la quiétude des voisins. Non. Mon adrénaline à moi est beaucoup plus douce, beaucoup plus “cool”.
Les foules déchaînées qui s’étripent et se crêpent le chignon, les supporters au bord des nerfs qui envahissent le terrain pour se faire la peau, les arbitres qui courent se réfugier dans les vestiaires ne me font même pas roter. J’en ai vu d’autres Ma poussée d’adrénaline, mon extrait de fièvre du samedi soir, serait plutôt le spectacle insolite, souvent incroyable que nous offrent certains titulaires sur les pelouses. Un pur régal dans le registre de la bêtise ! Qu’on le traite de lâche ou de vendu, ou qu’on l’attende à la sortie pour lui arranger les côtes et lui modifier le portrait, il faudrait qu’il en ait vraiment ras la patate, le pauvre kamikaze pour marquer volontairement un but contre son camp et risquer ainsi sa vie. Mais bof, s’il n’a pas d’autres moyens pour s’exprimer et mettre ses problèmes à plat, tant pis pour sa tronche. En plus du goal qui tourne le dos à ses filets pour discuter le bout de gras avec le public et qui, apparemment, n’a rien à cirer de la partie, le nec plus ultra de l’invraisemblable a été battu en 1964, à Sidi Bel-Abbès. Cette année, l’USMBA recevait l’équipe de Bordeaux en match amical. Un Algérien, curieusement, évoluait dans la formation française et, bizarrement, un pied-noir jouait dans la formation algérienne. Il faut croire que le hasard se mélangeait bien les pinceaux dans la vallée de la Mekerra. Vous ne le croirez peut-être pas, mais c’est l’Algérien de l’équipe de Bordeaux qui marquera contre l’Algérie… Et c’est le Français de l’équipe de Sidi Bel-Abbès qui signera l’égalisation.
M. m.
29 septembre 2010
M. MOHAMMEDI, Mohamed Benelhadj