Souriant, serein, cal me. Un mystère que cet homme. Une for ce de la nature. Ce ne sont pas les coups vaches qui lui ont manqué. Des hauts et des bas, il les a eus sans fléchir. Questionné sur son petit secret, il dira : il faut évacuer,
le temps qui passe il faut l’oublier, le présent, essayer de le vivre pleinement, quant aux problèmes, qui n’en a pas ? Le pauvre sera toujours en perpétuel combat avec la vie pour s’enrichir, le riche, lui, luttera pour ne pas s’appauvrir. Autant donc évacuer. Pour Otchimine, ça n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Il décide de faire comme son ami, évacuer, libérer sa mémoire de tout ce qui l’encombre. Mais par où commencer ? Lui qui pouvait apaiser les esprits, consoler les plus malheureux, lui qui savait planter le bon mot, le bouturer, l’arroser pour que renaisse l’espoir chez celui qui broie du noir, ne sait plus par où commencer. Il sait que la plupart du temps, l’être humain aime se raconter : ses dernières vacances ? Il n’en n’a jamais eu ni de premières ni de dernières vacances ! Sa façon de vivre avec rien ou trois fois rien ? ça peut intéresser qui ? Il est convaincu que l’auditoire sera accablé d’ennui et pourtant, dans une hypocrisie généralisée, chacun prendra sur lui et mimera une profonde considération. C’est que l’être humain tient à ce que son prochain fasse semblant de s’intéresser à ses récits tout autant qu’il le fait pour ses congénères. Non, le vieux retraité veut sortir du crétinisme latent de ce manège pathétique. Parfois, certains racontent des histoires et c’est véritablement intéressant. Ce n’est pas son cas. Parfois, ce sont des histoires totalement inventées, des fictions, et c’est encore plus captivant. Il n’a pas la force d’en créer ! Dans de précieux élans extraordinaires, certains en font même des oeuvres artistiques passionnantes. Mais la vie d’un retraité maltraité au boulot pendant des ans et mis en exil dans une pension qui arrive quand elle peut, ne trouvera pas de scénariste. Ni de producteur !
29 septembre 2010
Contributions