Edition du Samedi 04 Juillet 2009
L’Algérie profonde
j’ai failli lâcher le volant de ma voiture lorsque j’ai entendu ce branquignol raconter sa vie sur les ondes de radio Dahra (Mostaganem).
Je ne connais ce personnage, sans doute un artiste local né entre Souk El Meddah et les faubourg de Tabana, je ne sais même pas à quoi il rassemble mais, j’ai senti clairement qu’il voulait à tout prix épater ses auditeurs et il le désirait tellement qu’il donnait l’impression que que son récit débite sur du papier cadeau, coulait par une boucle en forme de cul-de-poule.
Pour tout vous dire, je n’ai jamais entendu discours plus débile. Non seulement il rasait les pâquerettes mais c’est la manière avec laquelle il les rasait qui m’a donné la furieuse envie de taper sur le bouton FM de ma caisse pour réduire mon poste au silence. M…, me suis-je dit, il y a encore des Algériens qui n’arrivent pas à se détacher de leur jurassique au point de frimer avec l’accent des autres !
“Ya n’har assouad !”
Ce monsieur pour lequel je n’éprouve aucun respect parle de son pays avec le gaf. Il dit El Guazaïr, comme s’il débarquait du Nil…“Metelna fil kharradj El Guazaïr” (nous avons représenté l’Algérie à l’étranger). J’avais presque envie de lui dire “ya salem…”
Je suis persuadé que les pauvres micros de la station devaient être bombardés… de postillons de mouloukhia. Et puis, petite leçon de géographie en direction de nous autres, les analphabètes qui lui prêtaient l’oreille :
“Rouhna li Santiago fil djanoub Amarica.” C’est ce “djanoub” prétentieux qui m’a titillé l’oreille.
On l’a compris, il voulait replacer le Chili à sa véritable place pour les bourrins comme vous et moi qui le “situent” en général quelque part entre le méridien de Greenwich et la station d’essence de Bouziane “moul el poumpa”.
Pas un traître mot sur l’héritage d’Allende, ni sur l’art du pays hôte ni sur l’amitié entre les deux peuples.
Rien. Il leur a préféré les lumières de St-Dominique qu’il a vu à partir de Santiago et qui l’on ébloui . Il en parle avec délice.
“Rouh fi miat dayia”.
M. M.
27 septembre 2010
M. MOHAMMEDI