Interview réalisée par Said ZAHRAOUI |
À un mois du prochain SITEV (Salon international du Tourisme et des Voyages) qui se tiendra à Alger du 1er au 3 décembre prochain, M. Mohamed Benelhadj, Directeur général de l’ONT (Office national du tourisme), a bien voulu nous entretenir de la nouvelle stratégie du développement du secteur mise en oeuvre par le gouvernement depuis deux ans et, surtout, des premiers résultats enregistrés à ce niveau et indices attestant la pertinence de cette démarche, ainsi que des nouvelles missions confiées à son entreprise dans ce cadre.
Lakoom-info : Le prochain Salon international du Tourisme et des Voyages se tiendra à Alger du 1er au 3 décembre prochain. Comment l’ONT s’y prépare-t-il, et quels bénéfices en attendez-vous pour votre entreprise ? Mohamed Benelhadj : Nous avons introduit de la rigueur dans l’exécution de notre mission. En choisissant « nos sorties » de manière à coller à l’amélioration constante de nos produits, nous évitons la dispersion qui nous conduirait à tromper la clientèle sur leur qualité. Le désenchantement serait ruineux. La mise en tourisme de l’Algérie a commencé à la suite de nos Assises de février 2007. Nous avions alors procédé à un recensement rigoureux de toute la gamme du tourisme national. Ces états généraux, à l’image de ce que vous faites lors de vos réunions rue de Grenelle à Paris, ont été notre « Grenelle du tourisme ». Nous y avons tout mis à plat. Et la mission de communiquer la destination devait accompagner les processus de mise à niveau. En toutes choses. Un produit est-il immédiatement consommable et présente-t-il pour le consommateur une garantie de fiabilité, on le met sur nos étals. Nous espérons ainsi être au diapason de notre schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT 2025), initié par le gouvernement. Il faut situer le Salon International du Tourisme et des Voyages (Sitev) dans cette continuité et dans cette logique. Du reste, la coloration saharienne de ce salon en est une parfaite illustration. Nous disposons de ce que les amoureux de l’aventure considèrent comme le plus beau désert du monde. Nous pouvons y recevoir nos hôtes dans les meilleures conditions qui soient. Le réceptif spécialisé dans ce produit, qui est notre produit d’appel, sera massivement présent et la concurrence s’annonce redoutable. Qu’on nous sache gré d’une approche intelligente de notre mission, tel sera l’unique bénéfice escompté par l’O.N.T !
Lakoom-info : Une nouvelle stratégie concernant le tourisme est mise en œuvre par les pouvoirs publics dans le but d’amorcer durablement le développement de ce secteur. 10 ans, c’est l’échéance fixée pour que toutes les conditions devant assurer une dynamique irréversible à ce développement soient mises en place. Depuis deux ans que cette démarche a été définie et les premières actions lancées, comment voyez-vous les choses se passer concrètement sur le terrain ?… Y a-t-il quelques premiers résultats ou indices encourageants, et lesquels ? Mohamed Benelhadj : Sur le terrain comme vous dites, nous avons identifié sept Pôles Touristiques d’Excellence (Nord/Est, Nord/Centre, Nord/Ouest, Sud/Est Oasien, Sud/Ouest Touat, Gourara et enfin deux pôles grand sud (Tassili N’Ajjer et l’Ahaggar). Pour chacun d’entre eux ont été recensés les gisements et les vocations et déterminés les objectifs en termes de projets en cours ou existants. Il est attendu quelques 2,5 millions de touristes étrangers à l’horizon 2015. Il a été programmé une capacité supplémentaire de 75.000 lits d’excellence pour répondre à cette demande ainsi qu’à celle de la clientèle nationale et internationale exigeant des produits haut de gamme. Depuis plus d’une année, nous avons commencé un cycle de réception de ces réalisations. Nous sommes en rythme soutenu sur une vitesse de croisière qui augure d’un respect scrupuleux des charges pour la partie réalisation. Cela signifie que la destination capte de l’investissement, national aussi bien qu’étranger. Les mesures édictées dans la Loi de finances complémentaire de 2009 pour la partie tourisme étant naturellement susceptibles d’accélérer le mouvement par les mesures d’accompagnement et d’encouragement qu’elle introduit. Nous observons une augmentation du flux sur le balnéaire mais ce n’est pas la ruée. En ce domaine, la coïncidence du Ramadan avec la saison estivale biaise un peu les statistiques, et il en ira ainsi durant les années qui viennent, jusqu’en 2015 au moins. Sur les autres aspects, nous constatons effectivement une forte pression. Mais, vous savez, la chance du tourisme Algérien est double. Primo, le ministre qui en a la charge, M. Chérif Rahmani, est en même temps ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, cela permet une vision d’ensemble qui structure et harmonise la transversalité des projets et leur intégration dans une globalité cohérente. Et secundo, en tant que « nouvel entrant » dans le tourisme mondial, nous nous inscrivons d’emblée dans ce que nous appellerons « le nouveau tourisme », c’est-à-dire, précisément, dans un tourisme respectueux de la nature et des cultures locales. La territorialisation et la valorisation de la destination à travers nos atouts propres et par rapport aux attentes et aux tendances émergentes procèdent de cette exigence. Le marché touristique est volatile par définition. Nous nous devons par conséquent de diversifier les destinations (Sud et littoral), les produits, les partenaires et les promoteurs, afin de ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier, en quelque sorte. Nous éviterons ainsi d’être les otages d’un seul produit. Nous disposons d’aménagements naturels que nous avons obligation de préserver. Nos casbahs et nos ksours, notre patrimoine bâti néo soudanais, nos parcs sahariens, nos offres itinérance, attestent bien de ce tourisme écologique. Bien évidemment, notre côte vierge est promise à une intégration, dans nos pôles d’excellence, par des aménagements sans concession quant au respect de ce paradigme écologique.
Lakoom-info : Votre entreprise s’est-elle vue confier de nouvelles missions et de nouveaux moyens dans le cadre de cette nouvelle stratégie ? Si oui, lesquels ? Mohamed Benelhadj : L’ONT est sous statut d’entreprise publique à caractère administratif (Epa). C’est un peu comme si vous disposiez d’un véhicule avec une carrosserie Ferrari et un moteur de 4 chevaux pour courir les grands prix ! Aussi, en vue de cette mission de redéploiement de l’ensemble de nos activités marketing et communication, les services du ministère du Tourisme ont travaillé sur un changement de statuts. ous deviendrions une entreprise publique à caractère industriel et commercial (Epic). Nous définirions, à ce moment, les instruments nécessaires à une politique audacieuse. Nos moyens à venir seront à la mesure de nos ambitions.
Lakoom-info : Vous avez été nommé Directeur général de l’ONT il y a seulement quelques mois ? Avez-vous été amené à mettre en œuvre des actions inédites ou des réaménagements particuliers dans l’organisation et le fonctionnement de l’entreprise pour accroître son efficacité ? Mohamed Benelhadj: J’ai introduit de la fluidité dans les relations entre nos cadres et la famille du tourisme. J’ai décloisonné et instauré un travail d’équipe. Nous travaillons, pour ce qui concerne la communication proprement dite, en brain storming permanent. J’associe à nos travaux périodiquement non seulement les différents agents du réceptif mais aussi des universitaires, des associations, des artistes, des commerçants du quartier. Nos locaux sont situés aux portes de la Casbah d’Alger, lieu mythique s’il en est. Ses habitants ont peut-être une idée de ce qu’il convient de faire, n’est-ce pas ? |
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S.Z. |
27 septembre 2010
Mohamed Benelhadj