Edition du Mardi 13 Octobre 2009
Culture
Je l’ai rencontré pour la première fois à Mostaganem. Malgré son jeune âge, il occupait déjà la fonction très convoitée à l’époque de directeur de cabinet du préfet. Inutile de vous dire qu’il a vu défiler tous les ministres dans les salons de l’hôtel des hôtes. Ténor de barreau, fils de magistrat et père de deux juristes, maître Rachid Benblal,
qui a si souvent hanté les prétoires d’Oran, fait partie de ces personnages emblématiques qui passent difficilement inaperçus en ville. Et pour cause : il vient d’ajouter à son arc plusieurs flèches. Celui d’écrivain et celui d’historien, très peu connu du grand public dans la mesure où les carences de l’édition ont encore de beaux jours à vivre. En 1996, il publie l’histoire des Idrissides, un ouvrage volumineux de 230 pages sur un sujet que personne n’avait encore abordé et encore moins fouillé dans ses moindres détails. Après cinq ans de difficiles recherches, il récidive avec un autre titre de 380 pages sur Tlemcen, ses sites et son histoire. Apparemment introuvable aujourd’hui sur les rayons. Comme toujours. L’histoire des Rostémides qui lui tient vraiment à cœur et actuellement en chantier, il a valu dix ans de travail, dix ans de sa vie. Parallèlement à ce violon d’Ingres, M. Benblal envisage de se lancer dans un premier roman qui aurait pour trame de fond la ville de Tlemcen dans les années 1950, c’est-à-dire à la veille du déclenchement de la révolution. Et à ce propos, il n’est pas inutile de rappeler que cet avocat de renom qui fait presque école a aussi été un homme d’action. Au sens plein du mot. Fidai à 16 ans, il ne quittera les rangs du FLN qu’au lendemain de l’indépendance. Il parle rarement de cette étape de sa vie par pudeur, par respect aux anciens. Tiareti de naissance, Tlemçani d’adoption, M. Benblal, qui s’est essayé à tous les genres littéraires, se sera abreuvé toute sa vie aux sources de la poésie et de l’hagiographie. Il a également apporté une exceptionnelle contribution à de nombreux journaux tels que Algérie Actualité, El Moudjahid, Horizons. Pour paraphraser sottement Victor Hugo, je reste persuadé que l’œuvre de cet humaniste discret est capable de porter l’homme à l’homme et l’esprit à l’esprit.
27 septembre 2010 à 14 02 37 09379
Edition du Mardi 15 Décembre 2009
Culture
Intrigues au royaume berbère
“HISTOIRE DES IDRISSIDES”, DE RACHID BENBLAL
Par : MUSTAPHA MOHAMMEDI
Passionné par tout ce qui touche le Maghreb, chercheur infatigable, Rachid Benblal nous invite à une somptueuse fresque avec son dernier livre Histoire des Idrissides. Une histoire captivante, rédigée avec une précision d’horloge et qui se lit d’une seule traite. Le challenge était d’autant plus difficile que l’auteur — un avocat de profession — est parti de rien, sans aucune référence, sans outil de travail.
Il lui faudra cinq ans d’investigation et de recoupement pour qu’il arrive enfin à jeter toute la lumière sur un pan du Moyen-âge très peu connu du Maroc (788 à 948).Pour écrire cette étonnante saga d’une dynastie qui assoira les bases du futur royaume dont les Alaouites son les actuels dépositaires, Rachid Benblal fera appel à l’hagiographie, à l’archéologie, aux textes anciens, à Ibn Khaldoun, aux récits des voyageurs et, bien sûr, aux historiens européens dont les textes parcimonieux ne révèlent pas grand-chose de cette époque. Dans ce récit de plus de 230 pages où l’écrivain rapporte dans les moindres détails les batailles qui ont opposé chefs et califes musulmans après la mort du prophète (QLSSSL), omeyyades et abassides, khereidjites et sunnites, le lecteur incrédule tombe des nues, de chapitre en chapitre en découvrant le marchandage de certains imams, leurs intrigues et, surtout, leur cruauté. Ainsi, par exemple, Hossein, le petit-fils du Prophète (QLSSSL), alors calife du Hedjaz et de l’Irak, sera décapité par les sbires d’Omeyya, son corps foulé par les chevaux, 87 personnes de son entourage, dont son fils aîné Ali subiront le même sort et le reste de sa famille et de ses proches envoyés en captivité en Syrie. Le Maghreb, fraîchement islamisé, n’en menait pas large lui non plus. Des hobereaux s’entretuent à longueur d’année pour un titre, pour une parcelle de royaume. Profitant des troubles d’abus et de la confusion générale, un homme, Salah Ibn Taref, d’origine juive et venu à l’islam on ne sait pas trop comment, décréta qu’il était prophète. Il codifiera sa nouvelle religion, allant jusqu’à écrire des pseudos sourat à qui il donnera le nom de perdrix, de sauterelle, du diable, de ne manger ni poule ni coq, et il demandera à ses fidèles de lécher ses crachats parce qu’ils avaient des vertus… thérapeutiques. C’est au milieu de ses bouleversement catalytiques du monde islamique, trisaïeul du prophète en droite ligne s’enfouira discrètement du Moyen-Orient, traversera l’Égypte et s’installera au Maroc où il fondra la ville de Fès. Toutes les tribus berbères lui furent allégeance et le surnommèrent Idris El Akbar. Il sera assassiné au cours de son règne et son fils Idris 2 sera proclamé roi… dans le ventre de sa mère. à noter enfin le remarquable travail de généalogie de l’auteur qui remplit ainsi un grand vide de l’histoire des peuples et de la mémoire des hommes.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup