Le Carrefour D’algérie
Vendredi 24 Septembre 2010
Curieusement, le téléphone portable, accroché 24h sur 24 à l’oreille, n’est pas le signe, pour une femme, d’une femme d’affaires en plein travail de récoltes de bénéfices. C’est plutôt la preuve que cette femme n’a pas de travail,
n’a pas de carrière et n’a que sa Djellaba. Les femmes algériennes au foyer, les jeunes filles sans scolarité ou dépassant à peine la terminale, sont les plus grandes clientes des opérateurs installés en Algérie. La publicité ne les vise pas mais, tout le monde sait qu’on n’a pas besoin de les convaincre de parler parce que «parler» est leur principal exercice de vie et de liberté. Dans les rues, les arrêts de bus, au bas des immeubles, dans les magasins d’alimentation générale, on peut les rencontrer et les rencontrer partout. Parlant à haute voix avec des amies en crise de confessions, exposant les détails de leurs vies sans souci pour les autres qui écoutent dans la gêne, criant parfois au beau milieu d’un bus chargé, minaudant avec des courtisans insistants, distribuant leur numéro un peu partout et décrochant selon les choix, les voitures, les charmes, les envies ou les heures de travail du Père et du frère aîné. Le «portable» est, en effet, depuis les débuts, un instrument de libération pour les femmes: il leur permet de parler par-dessus les murs, le hidjab ou les interdits. Les femmes au foyer en usent, les jeunes filles en abusent, les mères l’utilisent et tous trouvent leur compte y compris les opérateurs. C’est ce qui explique que pour les publicités de promotion, les entreprises de téléphonie ne parlent presque pas de leur plus grosse cliente en Algérie et dans le monde arabe: la femme. C’est une cliente acquise et dont le Pouvoir est dans la Langue. Déjà que certaines jeunes filles de la génération Djellaba + flexy donnent l’impression de parler gratuitement avec leur portable et avec de l’argent quand elles s’adressent aux gens dans la rue ou dans la maison.
25 septembre 2010
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