Aux auteurs qui nous assènent des messages, elle oppose la race des baladins qui nous fredonnent des confidences. Aux mémorialistes qui raclent le fond de leur mémoire, elle préfère la suggestion des émotions passées…
Avec son fameux typique d’une Algérienne aguerrie, avec ce génie très particulier qu’elle a de faire renaître certaines traditions du bercail si nonchalantes que l’on ne trouve qu’une envie de les reprendre et se laisser entraîner dans des histoires drôles et sensuelles qu’elle fait naître d’une voix aussi vivace que le teint de sa féminité berbère, Nora Aceval El- Khaldia, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a écrit de plus beaux livres de souvenirs. Née d’un père Français d’Algérie et d’une mère Algérienne, à Tousnina, au sud-ouest de Tiaret, en 1953, Nora est, avant tout, une infirmière diplômée d’État. Un diplôme qu’elle avait détenu, en plus de celui portant sur la maîtrise de lettres modernes, qui lui avait permis de s’engager dans une profession qu’elle exerçât avec abnégation et amour, de longues années durant, en France. Sa motivation innée pour la recherche, la collecte, la traduction et surtout la narration, a fait d’elle une conteuse, aujourd’hui, avérée. Elle écrit avec une miraculeuse délicatesse sur des signes qui ressemblent à des cordes de guitare, qui vibrent, émeuvent et retournent au silence. Mine de rien, Nora a ainsi écrit sur un mode mineur, un air qui relève du répertoire berbère émaillé de la plus belle littérature de légendes et contes du berceau. Elle s’est attelée à un agenda qui touche et qui intéresse toutes les couches de la société. Ainsi, elle a pensé aux enfants qu’elle gratifia de «Contes nomades», «Perrault et Grimm au soleil», «l’Algérie des Contes et Légendes», «Les 1001 nuits à Tousnina», «Contes arabes», «Contes du Maghreb»et «Contes Berbères». Aux adolescents, Nora a dédié «Légendes des Bnou Hillal» et aux adultes «La science des femmes» qui s’illustre par des récits grivois populaires. Souvent, Nora se montre d’une modestie charmante et respectueuse, comme le dicte la tradition chère à sa tribu maternelle, à savoir «Ouled Sidi Khaled». Elle nous prévient, entre les mots, que le souvenir est peut-être un faux, un instant rêvé, un décor, une fausse porte, un trompe-l’oeil ou une vue de l’esprit. «Dans la solitude du désert, les caravanes de nomades avancent. Et du plus loin qu’on s’en souvienne, des histoires se racontent. Celle de Herbe verte qui, égarée, a été recueillie par un couple d’ogres, celle de Peau de Chamelle, réduite par son aînée tyrannique à garder les troupeaux, celle de Loubna, qui par sa naissance dispersa ses sept frères… Quinze contes inscrits dans l’imaginaire des Hauts-Plateaux algériens, où se croisent sultans, nomades, serpents et chameaux, et où la magie et les métamorphoses…», commentait ainsi Elène Usdin sur «Contes du Djebel Ammour» une publication de 168 pages de Nora Aceval, parue aux éditions du Seuil le 2 février 2006. Par ailleurs, «Le prince tisserand », «L’élève du magicien», et «Hadidouène et l’âne de l’ogresse» sont les albums de Nora qui n’ont pas cessé de déferler la chronique depuis leur édition en 2007. M. Zouaoui
Le Courrier du Dimanche 29 août 2010
Sa motivation innée pour la recherche, la collecte, la traduction et la narration, a fait d’elle une conteuse aujourd’hui avérée .
25 septembre 2010
Nora Aceval