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Islam et Occident Les amalgames de Arkoun

25 septembre 2010

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 L’islam est apparu dans une période historique déterminée. Il donne de dieu une représentation qui correspond à une conception et une vision particulières. Libre à chacun d’y croire ou non. Lorsqu’on défend une telle représentation ou une autre, on ne fait que défendre sa propre conviction, ni plus ni moins. Au nom de quel argument d’objectivité s’autorise-t-on à défendre son point de vue religieux, sa foi, dans un débat philosophique où la question, en fait, ne devrait pas se poser ?

C’est malgré tout avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu le texte de Mohammed Arkoun où l’amalgame entre occident, christianisme, islam et judaïsme règne et où sont opposés des concepts qui n’auraient pas dû l’être. Exemple : Occident-Islam. L’Occident est un espace géographique où la pensée philosophique s’est développée, plus ou moins librement, dans telle ou telle direction. Par contre, l’Orient constitue un autre espace où la pensée philosophique est restée confinée dans le moule d’une conception définitive qui, par cela même, postule l’interdiction, voire l’impossibilité, pour reprendre le terme de Arkoun, de son affranchissement. De ce point de vue, on ne saurait opposer Islam, simple conception philosophique et religieuse hégémonique dans une partie donnée du monde, à Occident, entité géographique qui s’est libérée d’une telle hégémonie pour suivre le cours de son développement. C’est comme si on opposait Thomas d’Aquin ou Saint Augustin, non pas à Ibn Rochd ou El Ghazali, mais à Kierkegaard ou Heidegger. Ceux qui légitiment ce genre d’opposition falsifient les données du problème, en ce sens qu’ils déplacent le débat philosophique vers le terrain politico-religieux. Ils utilisent les ressorts de la foi pour soutenir des raisonnements. S’ils se contentaient seulement de comparer entre elles les trois religions monothéistes par exemple, ils s’apercevraient rapidement de l’improductivité d’une telle entreprise. Que peut-on bien dire, en effet, sur trois religions dont les références s’interpénètrent et qui reposent toutes sur un même socle, celui de l’unicité de dieu ? Peu de choses fondamentales les séparent en effet, sinon dans la pratique, le rituel et l’histoire. Mais il se trouve qu’en Occident, le christianisme hégémonique a été vaincu par des courants de pensées rationalistes, qui n’ont donc rien de religieux, et en tout cas rien à voir avec l’islam. Depuis lors, la philosophie n’a cessé d’explorer la question de l’Etre, du divin, ou de l’Etant comme dirait Hegel, sous l’impulsion du génie humain et de la pensée rationnelle.              Que ces courants soient critiquables et régulièrement développés ou remis en cause, cela s’inscrit dans la liberté même de l’esprit dont ils procèdent et que, ce faisant, ils attestent. Mais qu’on fasse comme si l’Occident, depuis la mort de Dieu nietzchéen, ou le repli du christianisme, a perdu sa vocation morale pour n’être plus que cette entité matérialiste que l’on nous décrit, voilà qui relève d’une intention dissimulée : celle de proclamer supérieure à lui une conception hégémonique de dieu que, dans une belle osmose, les circonstances historiques et les partisans de la pensée unique ont imposée, souvent de force, au monde dit musulman.  Le fait est qu’aujourd’hui, l’Occident est en avance sur le reste de la planète. Libre à chacun de ne retenir de cette supériorité que les aspects matériels ou techniques, et de renvoyer, avec mépris, l’Occident à ce qu’il n’est pas : un continent dépourvu de spiritualité. La défaite de la religion chrétienne en Occident pose, certes, beaucoup de problèmes, y compris aux Occidentaux  eux-mêmes; tout simplement parce que l’Histoire ne s’arrête pas à cette défaite. Mais le statut de l’islam comme religion hégémonique sur la liberté de pensée en général en pose beaucoup plus. Quel est cet argument qui consiste à décrire un Occident sous un angle qui ne rend compte de rien du tout, si ce n’est d’un désir parfaitement dérisoire de nier ses énormes progrès, et par là de cautionner ses propres faiblesses ? Dire que l’Occident est en déperdition, ce qui est faux, ou dire encore qu’il est en déperdition à cause de sa matérialité, entendre par là son relatif abandon de la religion au profit de la liberté de pensée, ce qui est tout aussi faux, c’est dire que nous avons raison, nous autres musulmans, de penser que c’est mieux de vivre comme nous n’avons pas cessé de le faire depuis plusieurs siècles, sous la domination plus ou moins totale, à la fois de l’Occident et de nos propres tyrans.  Dans un pays comme l’Algérie, un autre argument revient sans cesse qui invoque l’islamisation contre l’occidental dans la continuité du combat anticolonial. L’indépendance acquise en 1962 ne serait qu’un jalon de ce long combat destiné à permettre, dans une sorte de phase ultime, le «recouvrement de la personnalité algérienne» qui serait caractérisée par la culture arabo-musulmane, culture dont nous devrions subir la problématique – politique entre autres – les yeux tournés vers l’Orient.     La posture intellectuelle d’hommes comme Mohamed Arkoun, que l’on pourrait à loisir tenter d’expliquer par des raisons subjectives, représente ce qu’on fait de mieux aujourd’hui en terre d’islam. C’est le néo réformisme poussé à l’extrême, c’est-à-dire à l’absurde. On commence par faire allégeance aux exégètes et aux croyants en général, pour se prémunir de leur mécontentement ou de leur colère. On veut réfléchir dans le cadre d’un sacré, et non en dehors de lui, avec ses présupposés et non en s’en défiant. Ce n’est jamais Dieu qui est sacré, mais cette façon précise dont l’islam le conçoit et l’interprète. On prétend ensuite le réformer, de l’intérieur en quelque sorte, sans jamais le ramener aux catégories historiques dans lequel il s’inscrit objectivement. On se plaint ensuite de n’être pas écouté, ou, quand on veut se mettre en avant, d’être attaqué. Mais on ne réussit, ce faisant, qu’à exposer sa propre schizophrénie qui consiste à trouver dans l’islam lui-même les éléments nécessaires à son dépassement. Pourtant, si nous sommes ce que nous sommes, n’est-ce pas parce que nous ne pouvons être autrement ? Vaut-il la peine d’opérer une critique radicale de tel ou tel exégète, voire de toute la littérature islamique durant ces derniers quatorze siècle, pour aboutir aux mêmes conclusions, à savoir le triomphe d’une conviction religieuse, qui implique une croyance pure et un mode de vie adéquat, et que l’on dit bien plus heureuse à vivre que le matérialisme occidental, sans jamais en apporter la preuve probante ?  Vouloir réconcilier les trois religions participe d’une démarche qui n’a rien à voir avec la philosophie. Qu’il s’agisse de Tariq Ramadhan, de Soheib Bencheikh ou de Mohamed Arkoun, ainsi que de bien d’autres, l’œcuménisme est une donnée politique et religieuse à traiter comme telle. On peut nous objecter toutes les raisons du monde, il ne s’agit là que de discours au sens le plus banal du terme. Lorsqu’on dit que la religion a fait avancer l’humanité pour justifier des enjeux présents, on privilégie, en fait, un courant de pensée que l’on voudrait encore dominant. Toutes les grandes pensées ont fait avancer l’humanité. Ce n’est pas l’expansion de l’islam au Nigeria et en Chine, ou du chritianisme en Inde et en Afrique, qui fait avancer le monde d’aujourd’hui. Vouloir trouver au sein d’une conception du monde donnée les arguments nécessaires à son renouvellement ou à sa consolidation est une entreprise saine, à la condition de ne pas faire fi de ce que l’humanité, en Occident ou ailleurs, a donné comme fruits. Opposer l’Occident à l’islam, et vouloir ramener le premier aux postulats de ce dernier, est aussi vain que de vouloir réduire la marche du monde à ses petits intérêts mesquins.  Pour autant, faut-il dans un bel élan mettre à l’écart l’histoire propre des musulmans et les conditions géopolitique dans lesquelles cette histoire s’est déroulée et se déroule aujourd’hui encore, en imputant l’unique responsabilité de ses résultats à l’islam tel qu’il a été vécu et tel que ses tenants l’ont utilisé pour les besoins de leurs privilèges ? Non, bien sûr. S’il est une des causes, l’islam en lui-même ne peut être une cause.   A. K.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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Une réponse à “Islam et Occident Les amalgames de Arkoun”

  1. Hannibal Lecteur Dit :

    Article illisible : sautez des lignes pour faire des paragraphes !

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