Tout le pays est en chantier. De mémoire d’Algérien, on n’a pas vu autant de ciment couler et autant de dalles entre les dédales des villes. Logements, routes, autoroutes, barrages, mosquées, hôtels, palais de congrès, centres de convention, musées, stades, métro, tramway Tramway ? Le cauchemar. C’est toute la ville qui est fermée. D’est en ouest, du sud au nord.
Mais pourquoi ne pas entamer un tronçon, le finir, le mettre au service de la population et continuer le reste ? Ainsi, on pourra maîtriser son fonctionnement et démontrer à la population réticente l’utilité et les bienfaits de ce mode de transport. En plus, un tronçon peut servir d’école pilote à la maintenance et à la maîtrise de ce nouveau matériel.
Non, on creuse partout dans la ville, on encombre toutes les artères et on paralyse toute la ville. On étouffe les commerces, on bouleverse le plan de circulation et nul ne sait quand le tout sera opérationnel. C’est à ne rien comprendre.
Pour l’instant, des commerçants, étouffés par le chantier, ferment boutique. A d’autres, on a promis l’allègement des taxes et impôts. A quoi cela servirait à un commerçant de ne pas payer les impôts quand il n’arrive pas à faire le minimum de chiffre d’affaires ?
Les habitants de quelques avenues qui seront desservies par le tramway sont inquiets. Ils se demandent si leurs immeubles, construits lors de la période coloniale, vont résister aux vibrations de l’engin transporteur. Ils auraient aimé que des experts viennent d’abord étudier la résistance de leurs murs. Sans ça, disent-ils, quand le camion des éboueurs passe pour le ramassage, c’est tout le plancher et les vitrages qui tremblent et nous avec. Que serait-ce lors des va-et-vient du tramway ?
Chacun expose ses craintes et l’entrepreneur qui a choisi de creuser en même temps toute la ville ne l’a pas fait gratuitement. Livrer tronçon par tronçon pourrait ne pas le servir si jamais le client, dans un moment de lucidité ou de colère, se rétractait
A chacun ses craintes.
14 septembre 2010
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