Le Carrefour D’algérie
date();Dimanche 5 Septembre 2010
C’est déjà un métier de… femmes. Lequel? La mendicité professionnelle. On en retrouve près des feux rouges, aux carrefours des routes, aux abords des hôtels, à la sortie des banques et des Postes et près des mosquées. Ce sont les mendiantes «en famille»,
c’est-à-dire accompagnées souvent d’enfants en bas âge et de marmots glapissants aux vitres des automobilistes. Les pouvoirs publics auront beau déployer des politiques de prise en charge, des Directions d’Affaires Sociales, des foyers, des repas chaud et des auberges, la mendicité est déjà organisée en réseaux et industries et n’est plus une affaire d’émotion. Cet aspect d’industrie illégale est à prendre en urgence, pour comprendre ce phénomène et lutter contre, avant qu’il n’atteigne les stades de multinationale de la main tendue et du nourrisson exhibé comme en Inde. Car, si les mendiantes femmes jouent sur la sensibilité des Algériens, leurs sentiments de solidarité religieuse, sur la culpabilité néocoloniale, qui impose qu’on soit tous égaux et que ceux qui ne le sont pas sont des malhonnêtes, ou des coupables, il faut aussi garder à l’esprit que mendier rapporte énormément d’argent. Pour la mendiante comme pour ceux qui emploient ces réseaux. Une mendiante, même victime d’un mari abusif, d’un foyer inexistant, de l’exode sécuritaire des zones rurales après les années 90, victime de l’analphabétisme, ou de l’inégalité en Algérie, peut aussi être coupable de cupidité: le calcul entre une soupe gratuite et un lit «chez l’Etat», ou «chez l’association du coin», valent moins que les 300 DA jour ou plus, qu’on ramasse au bas d’un feu rouge. De quoi faire de la pauvreté un métier et des nourrissons des arguments de «vente». Bien loin de l’image que l’on se fait des femmes mendiantes, de leurs misères et de leur drame.
5 septembre 2010
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