Edition du Dimanche 05 Septembre 2010
Culture
Si Sarah Haïder, Mustapha Benfodil et L’Kheïr Chouar représentent la nouvelle littérature algérienne, alors celle-ci est subjective, personnelle et dépourvue de tout engagement. Chacun de ces jeunes auteurs s’inscrit à lui seul dans un mouvement, confond engagement et activisme politique et, surtout, refuse de s’inscrire dans la continuité vis-à-vis des fondateurs de la littérature algérienne.
Ce constat annihile totalement l’hypothèse qui affirme qu’au début des années 2000, une nouvelle génération d’écrivains a émergé. Car qui dit génération dit dénominateurs communs. Or, il n’y a pas de convergence, juste des divergences et une réelle envie de se distinguer, de faire la différence, tout en créant des concepts douteux et en proposant des définitions improbables. Écrire semble être un acte, uniquement, individuel, alors que la littérature est aussi et surtout une action collective puisqu’on écrit à partir d’un contexte, avec une sensibilité émanant d’un groupe et qu’on destine à un collectif. La première question qui a été posée, lors de la rencontre organisée avant-hier à l’espace Mille et Une news, a concerné le positionnement de ces jeunes par rapport aux fondateurs de la littérature algérienne.
Sarah Haïder a estimé qu’elle ne s’inscrivait pas du tout dans la continuité, “c’est un dépaysement. Si j’écris un roman sur l’Algérie, ce serait un roman râleur. Mes romans sont plutôt intérieurs”. Mustapha Benfodil a estimé que les écrits des prédécesseurs sont “un héritage qui nous parle”. L’Kheïr Chouar a expliqué dans quel courant il s’inscrivait, tout en évoquant le rôle important et déterminant des mythes et légendes dans ses écrits. Chacun des trois a présenté son écriture et tenté de raconter ses romans, sans pour autant définir ce qu’il fait. Les invités de la libraire Socrate News, qui représentent, en théorie du moins, la nouvelle littérature algérienne, ont préféré se réfugier dans des concepts bancals. Ils se sont d’ailleurs, quelque peu, moqués d’une question pourtant si déterminante dans la littérature : pourquoi écrire ? Le pourquoi de l’écriture est une manière de définir l’acte d’écrire et de présenter sa vision du monde. C’est une problématique qui hante les écrivains et donne du sens à leur démarche. Si un auteur ne sait pas pourquoi il écrit, comment alors saura-t-il qu’est-ce qu’il écrit et pour qui il l’adresse ?
Si autrefois il y avait le prétexte de l’engagement — qui n’est pas uniquement politique comme semble le croire nos trois auteurs —, qu’y a-t-il aujourd’hui ? Des expériences et des expérimentations qui pourraient ne jamais laisser de trace, tant l’écrivain algérien est fragile.
Il n’y a manifestement pas de nouvelle littérature algérienne ; elle est en devenir.
5 septembre 2010
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