Le Carrefour D’algérie
date();Samedi 4 Septembre 2010
C’est le dernier virage: je leur ai tout cuisiné : les plats du pays, ceux du Moyen-Orient, du Proche-Orient, de l’ONU,
de la France et même les plats qui n’ont pas de pays, mais seulement des assiettes. Il ne reste plus rien à cuisiner de nouveau et le mari explique qu’il ne reste plus rien à manger que sa propre peau. Mais c’est pourtant moi qui a fondu à l’œil nu. J’ai perdu plus de kilos de viande que je n’ai cuisinée. J’ai les jambes lourdes, les yeux cernées comme si je portais de Ray-ban donné par Dieu, des mains si rêches que je peux me peigner avec, le dos cassé, les avant-bras vidé et la langue si lourde que je ne dis plus rien sauf à ma voisine ou seulement par Bluetooth. Un mois de travaux forcé mérite que les femmes se fassent payer à la fin du Ramadhan avec pas seulement une robe, mais un voyage vers la Tunisie ou un bijou rare. Car il faut le faire: c’est quand tout un pays travaille le moins que les femmes en cuisine travaillent le plus. C’est presque contraire à la loi du pays et de la nature: pourquoi réduit-on les heures de travail au bureau, dans les entreprises, dans les services publics et même dans le privé et on ne s’empêche pas d’augmenter nos heures de travail à nous les femmes pendant tout un mois et sans salaire ni primes de rendement? Sachant que le pays possède du pétrole alors que nous, les femmes, nous n’avons que nos bras. Ah! l’injustice: être la moitié des hommes et travailler deux fois plus qu’eux pendant qu’ils travaillent trois fois moins que pendant le socialisme!
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4 septembre 2010
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