Edition du Samedi 04 Septembre 2010
Editorial
Construire le pays, c’est laisser en héritage aux générations à venir une assise pérenne et solide où elles pourront évoluer en toute tranquillité dans un cadre démocratique.
Imperturbable et stoïque dans sa démarche qui suit un raisonnement moulé dans une sagesse froide, Ahmed Benbitour revient sur la malédiction qui frappe l’Algérie : ce pays aux grandes richesses mais dont la population est pauvre, dans sa majorité. Comparativement à ses richesses justement.
On pensait que “l’élément déclencheur” allait venir après notre délestage du bloc de l’Est, suite à la chute du mur de Berlin. On a frôlé le pire avec l’incursion par le verbe et la menace de la peste islamiste.
La société civile avec tout ce qu’elle comprend de bonnes volontés s’est retrouvée dans l’incapacité à faire face à l’hydre à sept têtes et à se démarquer nettement de ses anciens mentors, parrains du parti unique. Les plus récalcitrants à l’ordre établi par les tenants de la légitimité historique se sont vu marginalisés ou écartés. L’élite a vite fait d’entrer dans les rangs, se contentant d’être dans l’arrière-cour du pouvoir.
Il s’agit de la génération d’après-indépendance qui attendait son tour venir mais en vain… jusqu’au jour où c’est leur propre progéniture qui a décidé d’envahir la rue, un certain octobre 1988.
Que faire ? s’interrogent Benbitour et, avec lui, Ahmed Cheniki, autre intellectuel de valeur, universitaires qui ne reconnaît plus son université. Il s’y sent étranger, déçu du peu de publications scientifiques à même de faire avancer, un tant soit peu, les choses.
Beaucoup d’occasions se sont présentées pour le bond en avant, d’abord le Congrès de la Soummam, véritable charte pour l’Algérie indépendante, ensuite l’Armée des frontières pour la reconstruction du pays et l’autorité mais qui s’est maintenue par la force. L’intellectuel aura le beau rôle de clamer qu’il n’a jamais été sollicité !
Construire le pays, c’est laisser en héritage aux générations à venir une assise pérenne et solide où elles pourront évoluer en toute tranquillité dans un cadre démocratique, loin des inquisitions et des donneurs de leçons, car elles n’auront comme seules armes que le savoir et l’esprit d’entreprendre tout ce qui est bon pour le pays légué par les anciens.
Alors que faire ? La sentence est lourde si on en croit l’ancien premier ministre quand il assène que le changement ne pourra venir ni de l’intérieur ni de l’extérieur et que, pour l’instant, aucun élément déclencheur n’est en vue.
O. A.
abrousliberte@gmail.com
4 septembre 2010
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