34.“L’inacceptable cause” La nouvelle de Adila Katia

Edition du Samedi 04 Septembre 2010

Des gens et des faits

“L’inacceptable cause”

La nouvelle de Adila Katia

Résumé : Tahar est enfin de retour. Quand il apprend qu’elle a eu un malaise cardiaque, il regrette son absence et culpabilise. Il la rejoint à l’hôpital où ils ont une longue conversation. Tahar reprend les recherches, allant à la salle de réanimation où il trouve enfin Sami…

34eme partie

-Vous êtes son père ? Ou un ami?
Tahar se tourne vers l’homme qui l’avait interrogé. Ce dernier venait juste d’arriver. Il avait encore sa veste et son cartable. Il se débarrasse du cartable pour lui serrer la main. Tahar se détourne pour qu’il ne puisse pas voir ses larmes. Mais il est difficile de les ravaler.
- Je suis son père, répond-il. Que lui est-il arrivé ?
- Il a reçu deux coups de couteau à l’abdomen, lui apprend le chirurgien. Ses jours ne sont pas en danger.
- Pourquoi est-il inconscient ?
- J’ai préféré le mettre sous sédatif. Il se réveillera dans une heure ou deux. Inutile de vous faire du mauvais sang, insiste le chirurgien. Il est hors de danger.
- Si j’avais été plus présent, plus autoritaire, rien de tout cela ne lui serait arrivé, dit Tahar, plein de remords. Je n’ai jamais rien fait pour le retenir. Je l’ai toujours encouragé à suivre son cœur. Il aurait pu mourir.
- Mais ce n’est pas arrivé ! réplique le chirurgien. Vous ne devez pas vous culpabiliser. Votre fils s’en est très bien sorti. Quoi que vous auriez pu faire pour le retenir, rien n’aurait changé ses opinions et sa volonté. Il n’est pas le seul à être sorti dans la rue et à en revenir blessé.
Comme pour appuyer ses dires, deux enfants sont amenés. L’un a le front ouvert, l’autre le crâne. Le chirurgien doit laisser Tahar pour aider l’équipe des urgences.
- Mon Dieu, faites qu’il s’en sorte.
Tahar a complètement oublié sa femme Kahina. Ce n’est que lorsqu’elle le rejoint devant la salle de réanimation, elle ne voit pas tout de suite Sami. Tahar le dissimulait en partie. Il doit faire un effort pour se tourner vers elle. Quand elle le voit, elle devine à la tristesse de son visage qu’il avait des nouvelles de leur fils.
- Tu sais où il est ? l’interroge-t-elle.
- Oui.
- Comment va-t-il ? Comment as-tu fait pour savoir où il est ? Serais-tu tombé sur un copain à lui ?
- Oui, quelqu’un qui l’a sauvé de la mort, lâche Tahar en se tournant. À partir d’aujourd’hui, plus rien ne sera pareil.
- Pourquoi ? Il ne reviendra plus à la maison, avance-t-elle. Serait-il recherché par la police ?
- Non, la rassure-t-il. La police ne cherche pas après lui, mais Sami s’est attiré des ennuis. Il… Il…
- Ne me dis pas qu’il est en
prison !
- Non, ce n’est pas ça ! rétorque Tahar.
- Il n’est pas mort ! Il ne l’est pas, où est-il ? crie-t-elle en ne comprenant plus ce qu’il disait. Où est mon fils ? Tahar, je t’en prie, ne me laisse pas dans l’ignorance.
Tahar s’écarte et lui montre le premier lit de la salle de réanimation. Il faut un moment à Kahina pour reconnaître son fils, et quand elle réalise qu’il est inconscient, elle s’évanouit.

à suivre
A. K.