Edition du Mercredi 01 Septembre 2010
Des gens et des faits
“L’inacceptable cause”
La nouvelle de Adila Katia
Résumé : Quand Kahina revient à elle, elle n’a aucun souvenir de la journée passée. En voyant les blessés dans le couloir, elle se sent mal. La mémoire lui est revenue. Elle s’angoisse en pensant à Sami qu’elle se met à chercher à travers l’hôpital…
33eme partie
-Kahina ! Mais où es-tu ?
Celle-ci est déçue en reconnaissant la voix de son mari. Elle avait cru que c’était son fils qui avait décroché mais c’était Tahar. Après deux semaines d’absence, il était enfin de retour. Pour une journée ou deux. À cette pensée, elle manque de s’emporter. Depuis le début des émeutes, jamais il n’avait pris le temps de rechercher leur fils. Pour le retrouver, elle aurait remué ciel et terre mais son instabilité lui avait compliqué les choses. Elle avait su qu’il allait d’un village à un autre. Pendant toutes ces semaines, il avait été insaisissable comme le vent. Mais, maintenant, où pouvait-il être ? Puisqu’il n’était pas à l’autre bout de la ligne.
- Kahina, tu pleures ! devine son mari. Qu’est-ce qui se passe ? Où es-tu ?
- Je suis à l’hôpital, répond-elle. Je cherche Sami. Il y a tellement de blessés.
- Ecoute ! Ne bouge pas de l’entrée, j’arrive tout de suite.
Moins d’une demi-heure après, Tahar la rejoint à l’hôpital. Kahina l’attendait à l’entrée comme il le lui avait demandé. Quand elle lui apprend avoir eu un malaise cardiaque, elle le voit pâlir. Il est apparent qu’il culpabilise. Tahar regrette de ne pas avoir été là quand elle était malade.
- Je prends ma retraite, lui apprend-il comme pour la rassurer quant à l’avenir. Je serais toujours là pour toi, pour Sami.
- Jamais tu n’avais songé à prendre un congé pour être avec nous, pour le rechercher, dit Kahina très peinée. Tu n’étais jamais là quand j’avais besoin de toi, quand je m’inquiétais pour Sami, quand je voulais un soutien moral lorsque je m’efforçais à convaincre Sami de rester à la maison.
- Je regrette Kahina. Je peux te jurer que cela n’arrivera plus, lui promet-il. Tu allais bien avant et notre fils ne posait pas problèmes. C’est un garçon formidable et si je n’ai jamais rien fait pour le retenir et pour le rechercher quand les manifestations ont commencé et même quand la situation a dégénéré, c’est pour qu’il puisse s’accomplir. Il devait vivre ces expériences.
- Oui mais imagine qu’il lui soit arrivé quelque chose ! s’écrie Kahina. Il y a tant de blessés. J’ignore s’il est saint et sauf. Où il peut être actuellement.
- Tu as vu la liste des admis ?
- Oui. Notre nom n’y figure pas, répond Kahina. Qu’est-ce qu’on fait ? On va voir dans les autres hôpitaux ?
- Pourquoi pas ? Mais je préfère jeter un coup d’œil ici, décide-t-il. Ça m’évitera de revenir. Tu es d’accord ?
- Tu devras voir tout seul, lui dit-elle, en s’asseyant sur un banc, je me sens un peu fatiguée. J’ai déjà fait le tour…
- Attends-moi ici ! je n’en aurais pas pour longtemps.
Tahar ne pense pas si bien dire. Si Kahina a fait le tour des chambres et des salles, lui, décide d’aller en salle de réanimation. Là, il n’aura pas à en faire tout le tour. Le premier à être relié à l’appareil respiratoire est Sami. Tahar reste à le regarder, ne voulant pas y croire, se persuadant que c’était un mauvais rêve duquel il allait vite être réveillé.
à suivre
A. K
1 septembre 2010
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