Edition du Lundi 30 Août 2010
Des gens et des faits
“L’inacceptable cause”
La nouvelle de Adila Katia
Résumé : Kahina est malade en constatant que ce qui s’était passé à Alger dépassait en horreur ce qu’elle s’était imaginée. À la fin du journal, l’épouse du médecin remarque son air figé. En réalité, son cœur s’était arrêté…
31eme partie
Le médecin fait deux injections à Kahina, aussi raide qu’une morte. Son cœur s’était arrêté. S’il n’avait pas eu dans sa boîte à pharmacie les médicaments, il est sûr que son cœur n’aurait plus battu. Même s’il le faisait de manière irrégulière et très faiblement, avec une bonne surveillance, Kahina s’en sortira bien.
- Vous connaissez son mari ? Savez-vous où on peut le trouver ?
L’homme qui avait amené Kahina chez le médecin ne la connaissait pas et ignorait qui pouvait être son mari. Le médecin n’a pas le choix, il est contraint à ouvrir son sac à main où il trouve sa pièce d’identité et son livret de famille.
- Est-ce que vous pouvez aller voir à cette adresse ? Il faut prévenir sa famille. Elle a un fils Sami. Passez voir les jeunes du quartier !
Avec un peu de chance, il sera avec eux !
L’homme, qu’on appellera Mohand pour cette histoire véridique, ne refusera pas de chercher la famille de la malade. Mais à l’adresse écrite par le médecin, il n’y a personne. Et il a beau questionner les jeunes qui se sont formés en petits groupes à travers le quartier, personne n’a vu Sami. Mohand a pu apprendre qu’il s’était rendu à Alger et qu’il n’était pas revenu. Il comprend la peur de cette inconnue. En voyant le journal télévisé, en sachant que son fils était parmi la foule, elle avait été choquée en voyant les
affrontements.
Comment ne pas imaginer son fils blessé tabassé à mort ? Son cœur de mère en avait pris un terrible coup.
- Vite ! Il faut l’emmener à l’hôpital ! décide le médecin Amar. Cela fait près de deux heures qu’elle n’a pas repris connaissance. Je crains qu’elle n’ait des séquelles à son réveil. À l’hôpital, il y a au moins un spécialiste pour étudier son cas.
- Je vais débrouiller un fourgon, répond Mohand, partant tout de suite, en comprenant que la femme risquait de mourir si elle n’avait pas les soins appropriés.
Mohand a de la chance. Dehors, il tombe sur un ami qui propose de l’aider eT lui remet les clefs de sa voiture. Kahina est vite emmenée à l’hôpital. Malgré les bousculades aux urgences, des blessés avaient été ramenés de plusieurs villages qui vivaient une nouvelle nuit d’émeutes, Kahina est vite examinée par un cardiologue venu aider aux urgences.
- Je ne peux rien faire d’autre pour l’instant, dit-elle. Je dois attendre son réveil.
Comme les lits des chambres étaient tous occupés, Kahina reste sur un brancard dans le couloir parmi tant d’autres. Mais il y avait une différence entre elle et les autres. Ces derniers étaient conscients et pas les autres. Si elle l’avait été, elle aurait pu voir Sami, sur un chariot poussé vers le bloc opératoire. Il criait de douleur. La plaie qu’il avait au ventre le faisait terriblement souffrir.
à suivre
A. K.
30 août 2010
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