Edition du Dimanche 29 Août 2010
Des gens et des faits
“L’inacceptable cause”
La nouvelle de Adila Katia
Résumé : Pour retourner dans leurs wilayas, il leur faut plusieurs heures à cause des encombrements. Les informations à la radio sont alarmantes. Kahina se sent très mal. En descendant du car, la douleur la plie en deux. Elle est vite emmenée chez le médecin du village…
30eme partie
Kahina s’assoie en face du téléviseur, les mains sur le ventre comme si cela pouvait diminuer la douleur. Des larmes coulent sur ses joues quand elle constate que ce qui passe à la télévision dépasse de loin ce qu’elle s’était imaginée. Les affrontements entre la police anti-émeutes et les jeunes manifestants aux bandeaux noirs et aux torses nus avaient de quoi révolter les morts. Pour les empêcher d’emprunter l’avenue menant à la Présidence, la police tirait des grenades lacrymogènes avant de se servir des matraques. Ils étaient aidés de jeunes qui “refusaient” qu’on vienne marcher dans leur capitale, qu’on y touche.
Les manifestants qui tentaient de s’échapper étaient vite rattrapés par ces derniers. Ils les rouaient de coups et les blessaient même à l’arme blanche sans crainte d’être pincés sur “le fait”. Les jeunes contre-manifestants semblaient avoir été rassurés sur l’impunité s’ils étaient surpris en plein acte.
Les manifestants se repliaient. Des images filmées depuis un hélicoptère montraient combien il leur était difficile de se frayer un chemin tant la foule était immense. Celle-ci, blessée, se met en colère et tout ce qui se trouve sur son chemin est cassé, les lampes des lampadaires, les panneaux de signalisation et même les grilles de protection ne résistent pas à leur colère.
D’épaisses fumées noires s’élevant jusqu’au ciel prouvaient que les émeutiers furieux et déçus étaient passés par là et avaient mis le feu à tout ce qui appartenait à l’État.
La journaliste venait de tendre son micro à des jeunes révoltés et déçus par la tournure des choses.
- On était venu manifester pacifiquement ! Personne n’avait l’intention de répondre à leur provocation
- Les pierres, dit un autre, ce n’était pas nous ! On voulait seulement se rendre à la Présidence. On ne voulait rien faire de mal. Des jeunes ont été manipulés pour que la manifestation pacifique se termine ainsi. Personne ne voulait que la manifestation dégénère, en tout cas pas nous !
Avant de conclure le bulletin d’informations consacré au pays, à la marche de ce jeudi 14 juin, la journaliste rappelle que les blessés ont été dirigés vers plusieurs hôpitaux d’Alger et ils se comptaient par dizaines. Le médecin change de chaîne mais aucune d’elles ne parlait de la situation du pays. Les journaux du soir étaient déjà passés. La télévision éteinte, tous se tournent vers Kahina pour s’enquérir de son état. Elle avait été bien silencieuse ces dernières minutes. L’épouse du médecin se penche vers elle et est surprise de voir son visage figé, la main qu’elle touche est glacée et raidie. Inquiète, elle prie son mari de venir.
- Pauvre femme, dit-il devinant ce qu’elle avait sans l’examiner. Son cœur n’a pas supporté les images diffusées lors du journal du soir. Venez m’aider à la porter au lit, dit-il à ceux présents dans le salon avant de demander à sa femme de lui apporter la boite à pharmacie ! Fais vite.
à suivre
A. K.
29 août 2010
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