Edition du Samedi 21 Août 2010
Des gens et des faits
“L’inacceptable cause”
La nouvelle de Adila Katia
Résumé : Kahina s’efforce de paraître calme et naturelle quand elle reçoit deux policiers chez elle. Tout en inspectant la maison, ils l’interrogent. Kahina, qui croyait que c’était gagné, a un doute quand ils perçoivent du bruit dans la salle de bain…
24eme partie
Kahina se demande que dire, que faire, pour détourner leur attention. L’un des policiers la regardait dans les yeux, les sourcils froncés. Il devait se douter de quelque chose.
- Qui est à l’intérieur ? l’interroge-t-il.
- Mon fils aîné. Il prend son bain maintenant, répond-elle, avant d’ajouter, sentant la prochaine question, ce n’est que très tard qu’il y a assez de pression.
- Oui.
- Maman ! appelle l’inconnu. J’ai oublié ma sortie de bain. Tu peux me l’apporter ?
- Bien sûr !
Kahina se presse d’aller lui chercher celle de son fils. Ils ne peuvent pas le voir. Il ne sort qu’un bras pour récupérer la sortie de bain.
Les policiers ne pensent plus à partir. Ils veulent voir son fils. Ils lui paraissent plus curieux. Celui qui ne cessait de l’observer avec dureté donne deux coups à la porte. L’inconnu feint de croire que c’est elle.
- Deux minutes maman. Je n’ai plus qu’à me raser et rincer la baignoire, dit-il en élevant la voix. Après, tu pourras régler la machine à laver.
- Est-ce que vous êtes présentable ? l’interroge un des policiers en s’apprêtant à ouvrir.
L’inconnu ouvre, le visage en partie dissimulé par la crème à raser. Il feint l’étonnement.
- Mais que faites-vous ici ?
- On inspectait les environs, on recherche un individu fort dangereux, répond le policier. On craignait qu’il ne soit introduit ici par effraction.
- Vous avez regardé partout. Maman, tu ne l’as pas laissé
entrer ?
- Non mon fils. Personne n’est venu avant eux, le rassure-t-elle. Mais comme ils tenaient à en être certains, ils sont entrés dans chaque pièce.
- Dieu merci, il n’est pas venu chez nous. Tu te rends compte, ils disent qu’il est dangereux.
- Si vous remarquez quoi que ce soit, si vous entendez du bruit dehors, n’hésitez pas à appeler notre poste de police, lui dit le policier en lui remettant le numéro de téléphone. Je vous souhaite une bonne nuit !
- Comment pourra-t-elle être bonne avec ce rôdeur dehors ? rétorque-t-elle en les devançant vers l’entrée. Elle venait d’apercevoir le sac de sport posé dans le coin de la salle de bain, sous les vêtements de son soi-disant fils.
- Même s’il est dans les environs, votre fils saura que faire s’il ose s’aventurer jusqu’ici. Cet homme est dangereux. Il est armé.
- Ah. Merci de nous avoir prévenus, murmure Kahina, avant de rabattre la porte derrière eux, tout en se demandant si elle avait bien fait d’ouvrir la porte à cet homme dont elle ne connaissait rien, absolument rien.
- Est-ce que vous êtes réellement dangereux ?
- Non, je ne pourrai jamais l’être avec une femme aussi bonne que vous, répond l’homme. Est-ce que vous pouvez m’offrir un café ?
Kahina le précède à la cuisine. Sans qu’elle lui pose une seule question, il se met à lui faire le récit de sa vie, de ses derniers jours précisément. S’il était recherché par la police, c’était parce qu’il était dans chaque émeute de la région. Maâmar, c’est son prénom, ne se rend pas compte, mais Kahina est suspendu à ses lèvres et il en fallait peu pour qu’elle pleure.
à suivre
A. K.
21 août 2010
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