Edition du Jeudi 19 Août 2010
Editorial
Le syndrome du sachet noir
Par : Outoudert Abrous
Il sera facile de jeter la pierre aux sociétés de ramassage des ordures ménagères, mais loin s’en faut les coupables sont bien les algériens que rien n’intéresse hormis leur territoire intra-muros.
L’Algérien aime-t-il la saleté ? À simple question, réponse tranchante : oui.
Sinon comment expliquer ces amoncellements d’ordures qui s’érigent comme des stèles dans la plupart des villes, centres urbains compris ? Et sans que ce spectacle ne dérange personne, comme s’il faisait partie de notre paysage quotidien. Ce syndrome du sachet noir qui consiste à laisser un sachet de détritus quelque part pour que le lendemain on en trouve une dizaine, même si l’endroit n’est pas approprié, se généralise à tel point que tous les espaces en sont occupés.
Il sera facile de jeter la pierre aux sociétés de ramassage des ordures ménagères mais loin s’en faut les coupables sont bien les algériens que rien n’intéresse, hormis leur territoire intra-muros, c’est-à-dire chez eux. Il utilise un cendrier chez lui mais écrase sa cigarette du pied au bureau ! Il utilise la poubelle chez lui mais jette sa canette de soda par-dessus bord, en pleine autoroute.
Le problème est plus grave, il dépasse l’incivisme et a gangrené la mentalité. L’algérien ne se considère chez lui que chez lui ; l’extérieur, pensant ne pas pouvoir se l’approprier comme espace de proximité et de partage, devient un “bien vacant”, libre d’y faire ce que l’on veut. Ce que, paradoxalement, il ne fait pas quand il se trouve dans un pays étranger où il devient plus méticuleux que les autochtones.
De l’autre côté du décor, demeure la responsabilité des pouvoirs publics qui va des maires aux walis qui se rejettent la balle, oubliant qu’ils sont les premiers responsables de la cité et qu’ils ont le pouvoir de prendre des arrêtés, aussi coercitifs fussent-ils. Les banderoles suspendues en guenilles “Pour une ville propre” relèvent plus de l’humour noir que de la provocation et les journées de pseudo-sensibilisation de folklore.
Cette saleté, qui prend possession de la ville en gangrenant les rues, est devenue un véritable fléau qui peut entraîner des maladies ailleurs disparues.
Faut-il attendre un conseil du gouvernement ou des ministres qu’il inscrive à son ordre du jour ce point pour que la machine se mette en branle ? Ce n’est pas impossible.
O. A.
abrousliberte@gmail.com
19 août 2010
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