Par Hassane Zerrouky
Mois sacré ou pas, les groupes islamistes continuent leur djihad contre ceux qui ne partagent pas leur projet politique si toutefois ils en ont un. Mardi en Irak, un attentat kamikaze a tué plus de 60 jeunes devant un centre de recrutement de l’armée irakienne, ce qui porte le nombre de civils tués dans des attentats perpétrés par des groupes islamistes depuis le début de l’année à 683 morts et plus d’un millier de blessés.
Si c’est beaucoup moins qu’en 2006-2007 au plus fort des massacres interconfessionnels (sunnites/chiites) qui avaient fait plus de 50 000 morts, ce sont toujours des morts de trop. Ces attaques terroristes interviennent pourtant en plein retrait des forces américaines. Fin septembre, il ne restera que 50 000 soldats américains en Irak avant un retrait définitif prévu fin 2011. D’ici là, rien ne permet de penser que l’Irak, sorti exsangue d’une occupation qui aura duré plus de huit ans, sera en mesure de se relever. Ils laisseront un pays au bord d’une implosion ethnicoconfessionnelle que Washington a ravivée et exacerbée —elles existaient déjà sous la dictature de Saddam — pour les besoins de sa stratégie dite de «guerre contre le terrorisme». Et de ce fait, il faudra un miracle pour que les différentes parties irakiennes puissent surmonter leurs divisions afin de préserver l’unité géo-politique du pays. C’est bien l’Irak en tant que nation et pays qui est en jeu dans les années à venir. Pression islamiste toujours, au Pakistan et en Indonésie. Dans le premier pays, incurie de l’Etat pakistanais aidant, avec un chef d’Etat, Asif Ali Zardari, qui a préféré ne pas interrompre sa visite à l’étranger alors que son pays faisait face à la pire catastrophe naturelle de son histoire, les groupes islamistes ne se sont pas fait prier pour aider les millions de sinistrés et leur porter la bonne parole. Principales causes du déluge selon les barbus, les femmes et la non-observance de la loi divine par la population, non le réchauffement climatique. En Indonésie, dans l’Etat autonome d’Aceh au nord de l’île de Sumatra, le GAM (Mouvement pour un Aceh libre, islamiste) fait régner l’ordre islamiste. Des femmes sont flagellées publiquement pour non port du foulard islamique ou pour avoir parlé à un homme. Ils expliquent aux habitants que si le tsunami a frappé Aceh (190 000 morts) c’est à cause «des femmes qui ne recouvrent pas leur intimité» ! Simple mais efficace argumentation pour convaincre celles qui hésitent – il n’y en a plus beaucoup – à porter le hidjab : la bastonnade ! La faute aux femmes ? Un air connu et entendu chez nous. Rappelez-vous le tremblement de terre de Boumerdès en 2003 ! Au lieu d’expliquer que l’Algérie se situe sur une zone sismique et qu’elle ne sera jamais à l’abri de secousses telluriques – il s’en produit régulièrement chaque jour – rien ne vaut un détour religieux. Ainsi faisant donc fi des explications scientifiques — c’est à se demander pourquoi l’Etat dépense de l’argent pour former des sismologues et construire des immeubles avec des normes parasismiques – le discours religieux, largement répercuté par les médias lourds et tout un réseau de mosquées, a expliqué aux croyants que le tremblement de terre était une punition divine : c’est parce que des femmes ne portent pas le hidjab et que des gens boivent de l’alcool que Dieu a sévi ! Sauf – et là je n’invente rien – que ces religieux ont fait le silence sur le fait que des mosquées de Zemmouri et d’ailleurs, dont beaucoup dirigées par des imams salafistes, se sont effondrées comme des châteaux de sable ! C’est encore au nom de Dieu et de son prophète que des salafistes sont en train d’expliquer que la corruption est licite pour faciliter le commerce entre deux pays musulmans, allusion à l’Algérie et au Maroc dont la frontière terrestre empêche la circulation des marchandises. Allons donc ! Et c’est aussi au nom de Dieu que l’on n’interdira pas le hidjab dans les hôpitaux, que les pouvoirs publics ont reculé sur des questions telles que le port de la barbe et du voile sur les photos destinées au passeport biométrique. Mais arrêtons là ce tour d’horizon et bon Ramadan !
H. Z.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/08/19/article.php?sid=104755&cid=8
19 août 2010
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