Edition du Mardi 17 Août 2010
L’Algérie profonde
La tasse
Noir Et Blanc
Par : Mustapha Mohammedi
Que le phare de Ouilis, perché depuis un siècle au-dessus de la Dahra, s’éteigne et rende le dernier râle après de bons et loyaux services, n’est pas grave, après tout, les navires qui font la chaîne pour accoster de nuit sur ce bout de plage, il n’y pas des masses. On l’aurait su.
Et je me demande même si ce lieudit figure sur des cartes marines. Mais, qu’un chalutier, par contre, sombre au beau milieu du port de Mostaganem et sans raison, là, on est en droit de se poser quelques questions. Du jamais vu en cette histoire ! D’abord ce drame est récent. Il est arrivé il y a tout juste une semaine. Or, cette même semaine — et tous les météorologues sont d’accord là-dessus : aucun typhon n’était signalé au large de la Méditerranée, pas plus qu’au large de l’Atlantique. La mer était d’huile, il faut le signaler, même si question huile, les poissons évitent en général d’y frotter leur queue… De plus, aucune élipse n’était enregistrée dans le ciel ce jour-là qui aurait pu aveugler le capitaine du chalutier et l’aurait obligé à piloter à vue. Il ne reste qu’une seule explication, d’ordre géologique : les plaques tectoniques du port se seraient déplacées causant la catastrophe que l’on sait. Mais là aussi, les experts sont catégoriques : aucune d’entre elles — puisqu’ils les connaissent toutes — ne s’est taillée ou a essayé de se la jouer en solo. Elles sont toutes restées sur place. Sagement.
Les unes à côté des autres. Alors, qu’est-ce qui a fait sombrer ce chalutier ? Son poids évidemment. Sa cargaison. On l’a chargé comme une mule. Fatalement, il devait prendre la tasse. La tournée, c’est pour l’équipage.
17 août 2010
M. MOHAMMEDI