Il paraît qu’avant-hier, c’était le premier anniversaire du nouveau week-end. Il paraît qu’un docte monsieur est passé sur l’écran Unique pour dire tous les bienfaits de cette adaptation à la finance. Excusez l’expression, c’est du pipeau.
Les banques et établissements financiers ont toujours bossé le jeudi, pour se reposer le vendredi-samedi. Ils ont été les précurseurs de la formule. Le nouveau week-end ne leur apporte rien. Au plan des transactions internationales, le vendredi demeure pour eux une journée morte, comme le dimanche où il travaille.
Mais bon, il faut bien se reposer, même s’il y a des nuisances – pour ne dire que cela – à l’économie nationale. Alors reposons-nous. C’est le mot que s’est donné la majorité des autochtones de la multitude. Avant, il n’y avait qu’une journée et demie de repos hebdomadaire. Aujourd’hui, nous croulons sous les biens que nous produisons, nous sommes tellement riches qu’on s’offre deux jours. Vendredi et samedi.
Il y a, bien sûr, cette pauvre minorité d’autochtones soumis au travail posté, dans la Protection civile et les différents autres services publics qui fonctionnent H-24, dont les hôpitaux Encore que, hier dimanche premier jour de la semaine nationale, à 13h30, j’étais à l’hôpital de Beni-Messous (Alger) : c’était le service minimum. De nombreux employés étaient partis pour cause « d’astreinte ramadanesque », c’est-à-dire faire les courses, flâner, etc., m’a-t-on sérieusement expliqué, mais sous couvert d’anonymat.
Au-delà de l’aspect anecdotique, il est admis qu’en temps normal, le temps de travail – ici – n’est pas respecté. Alors, avec ce nouveau week-end, on n’y comprend rien. On ne comprend pas pourquoi les services de la Poste travaillent le samedi et pas ceux de la commune. On ne comprend pas que les enseignants universitaires bossent le samedi. Il paraît que c’est pour compenser la demi-journée de l’ancien week-end (mi-journée de jeudi et vendredi). Et donc ces enseignants et d’autres dans le secondaire, eux, n’auraient qu’une journée et demie (fractionnée) de repos hebdomadaire, tandis que la majorité des autochtones de la multitude jouiraient eux de deux jours. Injuste ! On ne comprend rien à la logique de ce système. Il est désorientant.
Faut-il s’étaler sur les cinq jours de la semaine censés être travaillés par ceux qui ont la chance d’avoir un emploi ? De vieilles statistiques des années 80, dans le secteur public, disaient que sur les 44 h, on bossait un peu plus de 10%. Cela aurait légèrement évolué. Mais dans l’ensemble, par rapport au temps travail hebdomadaire, on se repose beaucoup. C’est l’anniversaire du repos presque tous les jours. Gratter les heures de travail dans le secteur public, le premier employeur du pays, c’est un autre sport national.
Ce nouveau week-end de 48 h s’ajoute aux autres moments de repos volés par-ci par là. Finalement, tous ceux qui ont un salaire ignorent leur bonheur puisque, tout le temps, ils célèbrent l’anniversaire du repos.
Le Quotidien d’Oran du 15/08/2010
16 août 2010
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