Cet article a été écrit au mois de janvier 2010, c’est-à-dire juste après le match d’Oum Darmane, au Soudan, qui a consacré la victoire de l’équipe nationale sur l’Egypte et sa qualification pour le Mondial sud-africain. De rares privilégiés ont pu avoir accès au document…
Le quotidien « Sawt El Ahrar », organe central du FLN, vient de me faire publier un article écrit au lendemain du match d’Oum Darmane, et dans lequel j’ai attiré l’attention sur les dangers qui se forment aujourd’hui autour des tensions nées des confrontations de football entre l’Algérie et l’Egypte. J’ai relevé dans cet article la position respectable de beaucoup d’écrivains égyptiens, qui n’ont pas suivi la campagne de médisances, et j’ai affirmé que la France, à travers ses jetons en Algérie comme en Egypte, est le premier bénéficiaire d’une telle situation, après le crispation qui a touché son économie de plein fouet.
Premièrement, ce que je constate c’est ce retour inquiétant au style révolu des années cinquante et soixante concernant les événements d’ordre stratégique et vital, et cette audace à lacérer les constantes des peuples et les valeurs des Nations avec des mots d’enfants, cette curieuse fixation devant des détails et des choses insignifiantes (On raconte qu’un Oriental s’essayait devant un magasin d’huile tenu par un Algérien, et à chaque fois qu’il éternuait et que l’Algérien lui rendait les souhaits, l’Oriental se fondait en vastes éruditions et le submergeait par un flots de mots recherchés et de délicatesses, devant quoi l’Algérie restait sans mot. Un jour, c’était l’Algérien qui avait éternué, et alors l’Oriental se fondait dans d’élégantes proses et obligeantes poésies. Alors, l’Algérien se leva et dit simplement : « Merci mon frère, pour le reste tu peux le prend en huiles, oui, tu peux en prendre tant que tu désires… »
Je ne penses pas que les Egyptiens méconnaissent à ce point la nature des Algériens, ces neveux de Tarik Ibn Ziyad, qui avait dit : « La mer est devant vous et l’ennemi est derrière vous… », qu’ils méconnaissent les assassins de Okba Ibn Nafaâ, ainsi que la Kahina, cette altière guerrière qui a brûlé le sol sous les pieds de ses ennemis au lieu de céder si aisément à la poussée des conquérants.
En fait, nous ne connaissons pas la mesure : nous partons de la sunna à l’ibadisme, puis au chiisme, avant de revenir à la sunna. Je l’ai dit dans un de mes romans : « si l’Algérien met sa main dans sa poche, c’est pour sortir de l’argent et te l’offrir ou pour faire sortir un poignard et te tuer… » La pire chose qui puisse arriver à un Amazigh c’est de l’offenser, de l’humilier…
Je suis sur que les services de sécurité égyptiens ont tenté de jouer ce jeu-là, mais les choses n’ont pas fonctionné, et l’Egypte n’a pas été qualifié au Caire. Au Soudan, les officiels égyptiens n’ont pas fait de cadeaux à leurs artistes en les impliquant dans un jeu de stratégie sournois. Les artistes étaient là pour crier l’innocence des jeunes supporters égyptiens. Ces artistes, comme Ahmed Badir, qui était un Monsieur très estimé en Algérie, ont été traînés devant les caméras comme des pantins.
Pourtant, les techniciens auraient du dire aux joueurs, comme à Chahata, qui est un excellent entraîneur, que leur équipe n’était pas encore au point, et que la qualification ne serait pas au rendez-vous au Soudan. L’Egypte était une équipe épuisé et vidé physiquement et tactiquement.
Aussi, je dois dire que si nous avions laissé le match dans son contexte ludique et footballistique, les choses n’auraient pas débordé de la sorte. Si nous avions évalué le match comme un derby entre Zamalek et Al Ahly, ou comme un derby entre El Harrach et la JSK, les choses auraient restées en l’état. Mais, je dois le dire aussi, nous n’avons pas d’Etats, qui possèdent des stratégies de gestion, mais des gouvernements au pouvoir. Des pouvoirs qui craignent pour …leur pouvoir, et qui ne se soucient pas de l’Etat qu’ils représentent outre mesure.
Autre chose aussi : l’Algérien de 2010 ne connaît pas l’Egypte de Djamal Abdennacer, mais connaît l’Egypte de Sadate, l’Egypte de la modération et des tractations…envers Israël et envers Gaza…envers l’Iran aussi.
L’Egypte a donné des armes aux adversaires de l’Egypte en Algérie, leur a donné des motifs pour attiser la hargne les foules. Alors, cessons ce jeu d’enfants, cessons ce massacre du nationalisme arabe, cessons ces mots assassins qui ne réveilleront ni les endormis, ni ne toucheront les esprits lucides…
16 août 2010
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