L’urbanisme est en fleurs. Nos quartiers ont de très jolis noms. Il y a la très prisée houma, la bien nommée «haï Ennakhil» les palmiers. Des palmiers qui ne font pas «deglet nour» ni du «feggous».
Des palmiers sans date à retenir. Haï el Yasmine et ses senteurs qui gâtent le nez qu’on n’a plus. Haï el Yasmine et ses bouquets de poubelles aux effluves des quatre saisons. Une cité qui côtoie haï Essabah où chaque matin l’enfance attend la nuit pour grandir. Haï el wouroud se fane et comme à toute fleur le manque de civisme a flétri la beauté. Haï el wouroud où, comme chaque cité, tout est «barreaudage». Haï el wourod où poussent des centaines d’antennes paraboliques comme des grosses oreilles à l’écoute de la moindre rumeur, la moindre nouvelle qui fera de la vie de ses habitants un printemps. Haï ezzitoune, là, il y en a à tous les goûts. A tout l’égout élevage industriel de moustiques. Le zitoune vert kémia salée pour ces jeunes du quartier qui n’ont pour seul loisir que de faire tourner le verre plein de leur amertume. El kess idour, la tête aussi, pour partir vers le rêve, avant de se retrouver à l’ombre, au commissariat du coin à «cuver du président». Il y a aussi le zitoune dénoyauté qu’on nous sert en tajine, lors de mariages qui coûtent les yeux de la tête qu’on a perdue. De toute façon des zitounes il y en a autant que les guitounes en béton fi haï ezzitoune. Il y a haï ellouz, les amandiers, une cité édentée d’avoir trop mâché l’insécurité. A haï essanaoubar, «les planteurs» avaient fait pousser des pins quand le pain manquait. Haï essanaouber où les taxis refusaient d’accompagner un client. Les planteurs de béton tentent aujourd’hui de déménager toute cette population vers des cités nouvellement construites. Mais il y a aussi le nouveau Haï doubai, où les architectures bousculent toutes les lois de l’esthétique. Les coûts et les couleurs ne se discutent pas. Y a el palais des congrès malgré son nom attend les con-grès malgré les retards. On nous a promis qu’il sera opérationnel bientôt. Sauf qu’il l’est déjà. Des énergumènes de tous acabits, squattent l’espace. Il y a eu déjà quelques agressions et crimes. Tu entres dans le haï vivant, tu n’es pas sûr d’en sortir.
15 août 2010
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