Edition du Dimanche 25 Avril 2010
Des gens et des faits
Portrait de famille
La nouvelle de Yasmine Hanane
Par :Yasmine Hanane
Résumé : Ali rejoint son ami dès le lendemain matin. Ils décident de faire le tour des anciens quartiers de la ville. Le jeune garçon avoue à Mohamed qu’il aurait aimé trouver du travail afin de ne plus s’adonner au chapardage.
29eme partie
29e Le jeune garçon hoche la tête puis hausse les épaules d’un air impuissant.
- Je ne sais plus quoi faire. J’aimerai bien trouver un travail honnête et sans histoire. Mais tant que je n’ai pas l’âge…
Mohamed lui met la main sur le bras.
- Tu veux travailler ?
- Bien sûr.
- Que sais-tu faire ?
- Je peux nettoyer le parterre, laver le linge, porter des paniers, faire des courses, aider les maçons…
- Très bien, Ali. Je ne te promets rien car pour le moment, moi-même je suis au chômage, mais si jamais je tombe sur un boulot, je te promets de t’aider.
- Merci Mohamed. Heu… Tu disais hier que tu voulais visiter la ville.
- Oui. J’ai déjà parcourus la moitié, mais je crois qu’il y a des quartiers que je ne connais pas encore.
- Tu veux parler des quartiers arabes ou des colons ?
- Eh bien, les deux. Même si les quartiers arabes m’intéressent plus car je cherche une petite maison où loger.
- Viens. Allons tout d’abord voir de près ces quartiers qui peuvent t’intéresser, plus tard, tu auras le temps de visiter le reste de la ville.
LA MAISON
Mohamed et Ali sillonnèrent plusieurs quartiers mauresques et en fin de journée, Mohamed tombe sous le charme devant une belle petite maison aux murs en faïence, avec cour et jardin.
La maison lui plaisait beaucoup. Elle comportait en outre plusieurs chambres. Quelques-unes sont situées au premier étage et leur balcon donnait sur la cour.
Le jeune homme réfléchit un moment. Il avait encore sur lui les pièces d’or remises par sa mère et les billets de banque du marchand ambulant. Le prix avancé par le propriétaire de la maison paraissait dérisoire par rapport à la dimension et à l’architecture de la construction.
Néanmoins, et en bon négociateur, il tint à bien visiter la maison, puis à demander un moment de réflexion.
Mais le propriétaire qui, a priori voulait vendre vite et au plus offrant, le retint par le bras au moment où il s’apprêtait à faire demi-tour :
- Nous pouvons trouver un terrain d’entente, mon fils, lui dit-il. Cette maison coûte trois fois le prix que je te propose, mais comme je veux mourir en paix et partager moi-même mes biens entre mes enfants, je préfère te la vendre tout de suite. Combien proposes-tu ?
À ce moment, Mohamed pense à son père et aux biens que ses demi-frères avaient dilapidés. Il comprenait parfaitement cet homme qui voulait prendre lui-même l’initiative du partage de ses biens entre ses enfants.
Il garde un long silence, puis finit par lancer :
- D’accord, je prends. Mais si tu veux être payé tout de suite fais-moi un prix.
Le propriétaire se gratte un moment la tête avant de répondre :
- Combien peux-tu me donner ?
- Deux louis d’or.
- Deux Louis d’or ? Mais tu n’y penses pas, une pareille battisse coûte deux fois plus.
- Deux louis d’or. C’est à prendre ou à laisser. Par ces temps de misère, qui pourrait s’intéresser à cette maison et te proposer autant que moi ?
L’homme pousse un soupir.
- Trois louis d’or, jeune homme. Et on ira boire un café.
- J’ai dis deux. C’est mon dernier mot.
Mohamed prend la main d’Ali et fait mine de s’éloigner.
- Très bien. Très bien, jeune homme. Tu as gagné.
Mohamed sentit son cœur battre la chamade. Il revint sur ses pas et sourit.
- Tu veux dire que tu acceptes mon offre ?
Le bonhomme hoche la tête :
- Oui, fiston. Je n’ai pas le choix, comme tu le disais, par ces temps de misère. Concluons le marché tout de suite.
Y. H.
(À suivre)
15 août 2010
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