Edition du Mercredi 12 Mai 2010
Editorial
Le pain béni du terrorisme
Par : Saïd Chekri
Il en va du terrorisme comme du trafic de drogue et cela se vérifie autant au Pakistan qu’en Afghanistan, en Colombie ou ailleurs : c’est dans les pays dont les économies sont les plus rongées par la corruption que les deux phénomènes prospèrent le mieux.
L’Algérie l’a appris à ses dépens : on ne manipule pas impunément l’islamisme, car il finit toujours par nous exploser à la figure, et quand on s’y empêtre, on n’en sort jamais sans dégâts. Et pendant qu’on s’essaie, plutôt maladroitement, à “tourner la page” et que l’islamisme se redéploie en douceur mais en profondeur dans la société, l’islamisme armé, lui, a déjà développé de nouveaux procédés de recrutement et d’action. Des procédés qui lui sont devenus accessibles grâce au soutien logistique que lui offre Al-Qaïda depuis quelques années déjà, mais devenus possibles, aussi, par la grâce de facteurs strictement internes au pays, dont la corruption galopante.
Il en va du terrorisme comme du trafic de drogue et cela se vérifie autant au Pakistan qu’en Afghanistan, en Colombie ou ailleurs : c’est dans les pays dont les économies sont les plus rongées par la corruption que les deux phénomènes prospèrent le mieux.
Cela se vérifie de même en Algérie, avec cette affaire de détournement de matériel militaire ultramoderne au profit “détonnant” des terroristes qui voudraient en faire usage dans leurs opérations macabres mais aussi au profit “sonnant et trébuchant” d’agents civils ou militaires et d’importateurs véreux.
La corruption, ce n’est pas seulement un fléau qui menace l’économie d’un pays et qui condamne celui-ci au sous-développement perpétuel et ses populations à la pauvreté éternelle. C’est le pain béni du terrorisme par excellence et, au-delà d’un certain seuil, c’est un péril, aussi vrai qu’imminent, pour la sécurité nationale. L’histoire très récente regorge d’exemples de pays anéantis et d’États tombés en ruine pour n’avoir pas su ou voulu combattre la corruption qui gangrénait leurs entreprises et institutions.
La lutte contre la corruption en prend, par conséquent, des allures d’œuvre de survie nationale. Pour autant, elle peine visiblement à se mettre en branle. L’Algérie devra-t-elle attendre d’en faire l’expérience jusqu’au bout ? Quitte à apprendre, toujours à ses dépens, comme elle le fit face à l’islamisme, que la corruption se combat et qu’elle ne s’apprivoise jamais ?
14 août 2010
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