Edition du Samedi 22 Mai 2010
Des gens et des faits
L’humiliation
La nouvelle de Adila Katia
Par : Adila Katia
RÉSUMÉ : Abdelghani est bien triste. C’est le jour de son anniversaire et il n’a personne avec qui le fêter. Il a perdu ses parents depuis longtemps. Il constate que sa vie privée est un vrai échec. En se rendant au bureau, il est surpris par une apparition qui le fige sur place…
2eme partie
Pour la première fois de sa vie, Abdelghani regarde une femme, celle-ci est jeune, très jeune par rapport à lui.
Elle est à une dizaine de mètres de lui et, pourtant, comme agrandie par une loupe géante, il peut voir ses traits fins sur un visage ovale parfait, encadré de longues boucles châtain. Les lèvres pincées lui arrachent un sourire, lui qui avait l’âme en peine quelques minutes plus tôt. Apparemment, la pluie, ne la rend pas joyeuse.
Il hésite. Il a envie de l’approcher de lui dire bonjour. Il ne veut pas la laisser partir ainsi. Ce serait comme s’il aurait laissé passer l’unique occasion que lui aurait donnée le destin pour chasser la solitude.
Mais quelque chose le retient. Est-ce dû à sa jeunesse ? Ou au fait que ce sera la première fois qu’il abordera une femme ?
Abdelghani rougit comme un adolescent quand les yeux marrons de l’inconnue se fixent sur lui, certainement surprise par son regard scrutateur.
Wissam se détourne, une moue à la bouche. Elle ressent un peu de dégoût. Elle n’aime pas qu’on la “mange” des yeux. Et c’est ce qui arrive presque chaque jour que Dieu fait !
Elle ne prête plus attention à l’homme qui la regarde comme si elle était tombée du ciel. Elle remonte frileusement le col de son imperméable et serre plus fort la poignée de son parapluie. D’un œil inquiet, elle scrute la rue. Il pleut, ses pieds flottent dans ses chaussures et pas un taxi à l’horizon.
La jeune fille quitte le trottoir et tend le cou pour examiner le flot de voitures qui arrive. Un soupir découragé lui échappe. Tout Alger semble s’être donné rendez-vous mais de taxi, il n’y en a point !
Quelle sottise d’être sortie du salon de coiffure ! Elle aurait dû rester à l’intérieur quand elle a vu la pluie. Elle aurait été à l’abri et elle aurait chaud au lieu d’être plantée là, les pieds dans l’eau, à attendre un taxi qui, apparemment, ne viendra pas !
Wissam serre plus fort son parapluie. Le vent semble vouloir le lui arracher des mains. Quel beau spectacle elle ferait à courir en s’accrochant à son parapluie que tenterait de lui voler le vent !
Un éternuement la secoue. Elle ferme les yeux une fraction de seconde et elle sursaute quand elle découvre l’homme qui n’avait cessé de le regarder, tout près d’elle. Elle pense à un coureur de jupons. Il n’y a qu’eux qui ne se découragent pas.
A. K.
(À suivre)
13 août 2010
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