22.L’humiliation La nouvelle de Adila Katia

Edition du Samedi 19 Juin 2010

Des gens et des faits

L’humiliation

La nouvelle de Adila Katia

Par : Adila Katia

RÉSUMÉ : Abdelghani a eu l’idée d’inviter Dahmane. Il demande à sa femme de se préparer. Elle regrette de ne pas l’avoir fait suivre par un psy. Elle refuse de lui obéir…

22eme partie

Wissam refuse en secouant la tête. Elle serre les dents pour ne pas crier quand il la frappe. Elle recule et se retrouve coincée entre lui et le mur. Le fourneau est à porter de main. Abdelghani saisit une fourchette, celle abandonnée quelques minutes plus tôt par Wissam alors qu’elle retirait des merguez de la poêle. La fourchette est noire et fumante, rongée par le feu. Quand Abdelghani la brandit sous son nez, Wissam se sent au bord de l’évanouissement. Elle a aussi l’impression que le contenu de son estomac est en train de remonter.
- Je te brûlerai sur toutes parties sensibles de ton corps, la menace-t-il.
- Abdelghani, je t’en prie… je suis ta femme, sanglote-t-elle.
- Alors, obéis-moi ! lâche-t-il. Sinon, tu le regretteras !
je ne comprends pas pourquoi toi, tu ne serais pas obsédée alors que tu es normale ! Moi, je rage de ne pas pouvoir le faire alors que je sais que c’est impossible ! Toi tu dois avoir des envies. Alors, autant les satisfaire.
Wissam ne répond rien et quand il recule, elle glisse le long du mur. Elle se sent avoir été vidée de toutes ses forces. Son mari qui a quitté la cuisine, attiré par un bruit dans le couloir, ne l’entend pas sangloter.
Son invité Dahmane est parti en claquant la porte. Il a tout entendu. Abdelghani retourne dans la cuisine. Enragé, il casse plusieurs assiettes et verres pour ne pas s’en prendre à elle. Mais il l’avertit.
- Tu as réussi pour cette fois vu que tu n’étais pas prévenue ! Mais maintenant, tu sais ce que j’attends de toi. Prépare-toi pour jeudi prochain. Cela te donne quelques jours pour te reprendre et t’y faire.
Wissam regrette de ne pas l’avoir poussé à suivre le conseil du neurologue. Mais comment pouvait-elle se culpabiliser, ignorant alors qu’en ne l’encourageant pas à être suivi par un psychologue, il irait tout droit vers une douce folie ?
Tout ça, parce qu’il est impuissant.
Depuis cette fameuse nuit où il avait amené quelqu’un avec lui, Wissam ne dort pas.
Abdelghani passe un peu plus de temps dehors, traînant d’un bar à l’autre. Parfois, il rentre ivre et il la menace de la battre à mort si elle lui refait une scène qui fera partir celui qu’il lui aura choisi.
- Abdelghani, pourquoi ne m’écoutes-tu pas ? lui demande-t-elle, une fois quand il rentre plus tôt que de coutume, bien avant le dîner. Pourquoi ne tiens tu pas compte de ce que je te dis ?
- Et moi, qui m’écoutera ? qui m’obéira ? rétorque–t-il.
- On est très bien comme ça ! crie-t-elle. Pourquoi amener un étranger quand tu sais que cela nous séparera !
- Rien ne nous séparera ! Ce n’est pas parce que je vais te permettre d’aimer physiquement, que tu vas te dire que tu pourras me quitter ! Ton cœur, tu le gardes pour moi, lui répond-il. Quant à ton corps, chaque mois, je t’amènerai quelqu’un pour le satisfaire ! D’ailleurs, ce jeudi, tu te prépares !
Wissam passe toute la nuit à essayer de le raisonner mais Abdelghani fait le sourd. Il ne veut rien entendre et il a tout dit…

A. K.
(À suivre)