19.L’humiliation La nouvelle de Adila Katia

Edition du Lundi 14 Juin 2010

Des gens et des faits

L’humiliation

La nouvelle de Adila Katia

Par : Adila Katia

RÉSUMÉ : Abdelghani fait des examens. Les résultats sont normaux. Le gynécologue lui conseille de voir un psychologue. Abdelghani décide d’aller en France pour y être soigné…

19eme partie

-Inch’Allah, dit Wissam en posant sa main sur la sienne. Sache que quels que soient les résultats des examens que tu feras, je suis à toi et je resterai ici.
- Tu ne pourras rester ainsi toute ta vie, soupire Abdelghani, très réaliste. Car tu es normalement constitué… Ce serait un crime que de t’en priver alors que tu es faite pour être aimée. En te mariant, tu n’attendais pas à être seulement ma femme sur papier mais aussi pour tout partager.
- Je ne dis pas le contraire, l’interrompt-elle. Mais d’ici quelque temps, tout rentrera dans l’ordre. Pourquoi se torturer ?
Les jours suivants, Abdelghani et Wissam oublient un peu ce problème vu qu’il a repris son travail et aussi, étant convoqués à plusieurs reprises par le juge pour les interroger et les confronter avec la famille de Wissam avant de trancher, ils avaient un autre sujet à débattre.Malgré l’opposition de la famille de Wissam qui menaçait de la renier, le juge lui demande de témoigner et accepte de les marier, quatre mois après.
Abdelghani ne reprend pas son travail. Ayant formulé une demande de visa pour se rendre en France pour des raisons médicales, il a l’agréable surprise de trouver une réponse favorable. Il n’emmène pas Wissam. Il lui promet de faire vite.
Il part le cœur plein d’espoir. Là-bas, il trouvera un remède. Là-bas, les miracles existent. C’est ce qu’il croit. Et pourtant, il se rendra compte que c’est une illusion. Il prendra conscience que son mal en est réellement un et qu’aucun médecin ne peut y apporter un remède.
Si Abdelghani est parti avec le cœur plein d’espoir, quand il revient, c’est avec deux valises pleines de bouteilles de whisky. Dans celles-ci, il pu trouver un peu de réconfort.
Wissam, choquée à la vue de tant de bouteilles, lui fait passer un sale quart d’heure.
- Comment voudrais-tu que notre mariage tienne si tu t’adonnes à l’alcool ? Comment voudrais-tu que notre amour résiste ? L’alcool va le tuer !
- Un jour ou l’autre, tu ne m’aimeras plus, dit-il.
- Attends que ce jour arrive pour le crier, rétorque-t-elle, les larmes aux yeux. Je t’en prie, si réellement tu m’aimes, débarrasse-toi de ces bouteilles ! Elles n’apportent que le malheur.
Abdelghani, qui avait déjà un peu bu, est dégrisé à la vue des larmes de sa femme. Il fait un geste pour la prendre dans ses bras mais elle recule.
- Je refuse !
- C’est du chantage ! s’écrie Abdelghani. Tu sais que c’est pour oublier.
- Il faut te faire à la réalité, insiste Wissam en appuyant sur chaque mot. Même impuissant, je resterai ta femme. Je te dois tout Abdelghani. Et le peu d’amour que tu pourras me donner me suffira…
Quand Abdelghani s’assoie et éclate en sanglots, elle s’approche du fauteuil et s’agenouille devant lui, posant les mains sur ses genoux. En levant les yeux vers elle, elle s’aperçoit qu’elle pleure aussi.

A. K.
(À suivre)