Edition du Mercredi 11 Août 2010
Culture
Tant qu’il y aura Aït Menguellet…
SON NOUVEL ALBUM VIENT DE SORTIR EN ALGÉRIE
Par : Farid Belgacem
Les succès de Lounis s’écoutent et s’apprécient. Les auditeurs sont unanimes : les textes du fis d’Ighil Bwamas sont tellement bourrés d’expressions qu’il faudra du temps pour s’imprégner du contenu d’une chanson.
Très attendu par ses fans, le nouvel album de Lounis Aït Menguellet est, enfin, chez les disquaires. Composé de sept titres, cet énième succès vient couronner les exploits poétiques d’un véritable sage qui a donné toute sa vie à la beauté du texte, avec en sus des mots savants, des expressions et des adages recherchés, mais surtout des tournures de phrases usuelles, souvent oubliées face aux aléas d’un quotidien difficile à vivre. L’album est, encore une fois, dédié à la vie.
À chaque jour suffit sa peine, Lounis finira par mettre le poète devant le fait accompli avec ce sublime texte de Tawriqth tachebhant (la feuille blanche). Est-ce une manière d’inviter le poète à “refaire le monde” ou simplement une façon d’observer une halte devant un rythme de vie tantôt époustouflant, tantôt chargé de chagrins au point de en plus avoir envie de les décrire ? Difficile de répondre devant des mots savants qu’emploie Lounis qui revoit et explore le quotidien d’un poète, lui qui se lève à l’heure du berger et qui ne connaît guère l’heure du thé, sinon pour apprécier, à sa façon, les profonds dons de Dame Nature sur les monts du Djurdjura. Le texte suivant, un enchaînement logique, se veut beaucoup plus un soliloque. Loin d’être un bavardage, Lounis rappellera dans Amenugh (le combat) que les coïncidences de la vie, de la pensée humaine et des philosophies que développe l’homme sont justement inspirées du vécu. Et chaque combat nécessite courage et ténacité. Lebghi nwul (les envies du cœur) et Serreh iwaman adelhun (expression populaire qui signifie le pardon) sont aussi deux beaux textes à travers lesquels Lounis voudrait exorciser la colère humaine des esprits tant que la vie continue. En ce sens, le poète décrira certains aspects de ces péripéties dans ses trois autres textes, à savoir Ghas ma nruh (même si on part), Taggara Ntezwert (la fin du début) et Lewdjab degwadu (la réponse dans le vent). Et le poète fera appel à la conscience humaine pour “accepter” les multiples facettes de la vie, sans forcer le destin. Pour Lounis, rien n’a changé dans la philosophie des choses puisque la vie est un ensemble d’engagements. Bourré d’expressions populaires et poétiques, de métaphores et d’interrogations, il faudra du temps pour s’imprégner du contenu d’une seule chanson. Après tout, les succès de Lounis s’écoutent et s’apprécient. Au plan musical, Lounis préfère plutôt donner la chance à la relève pour intégrer plusieurs instruments à vent, comme l’harmonica dans Lewdjab degwadu. En somme, un album qui redonne de l’espoir à la scène artistique tant qu’il y aura des poètes. Mais surtout des Lounis.
12 août 2010
Non classé