Edition du Mardi 10 Août 2010
Des gens et des faits
“L’inacceptable cause”
La nouvelle de Adila Katia
Par : Adila Katia
Résumé : Kahina aperçoit son fils mais la foule les sépare. Les cris d’une femme de son âge donnent raison à son cœur. Personne n’a le droit de leur prendre leurs enfants. C’est un miracle qu’ils aient échappé aux terroristes. Les mots d’ordre sont criés très fort, pour être entendus par le pouvoir et plus haut encore…
17eme partie
Kahina ne pensait plus retrouver son fils. Le cœur et l’esprit tout au mouvement, les bras accrochés à deux femmes avec qui elle criait. L’une d’elles portait un fichu noir et l’autre un bandeau. Kahina n’avait pas pensé à en porter un en sortant de chez elle. Elle ne refuse pas le bandeau que l’une d’elles lui donne. Ce n’était plus la mère qui cherchait son fils pour lui recommander d’être prudent mais une mère qui manifestait pour que son fils ne meure pas, pour que d’autres enfants n’aient pas à mourir par les balles des forces de l’ordre.
- Ils font la paix avec ceux qui ont assassiné, massacré des familles, mis le feu aux écoles et aux entreprises ! Et nous, parce qu’on est kabyle, parce qu’on est plus dignes, plus attachés aux valeurs ancestrales, pour rien, ils osent tirer sur nos enfants ! Ils n’auraient pas dû faire ça ! Ils vont s’en mordre les doigts ! La mort de Massinissa va remettre bien des choses en question. Ils vont le regretter. Ils n’ont pas le droit de toucher à nos enfants. Comme s’ils n’avaient pas mieux à faire ailleurs.
Les premières rangées de manifestants venaient de s’immobiliser devant l’APC. On ne criait plus de mots d’ordre.
- Quelqu’un est en train de parler au président de l’APC! dit un manifestant en se haussant sur la pointe des pieds pour voir mais les banderoles brandies empêchaient de distinguer au loin. On n’entendait rien d’ici. Apparemment, ce qui était dit reflétait ce qu’ils voulaient car les manifestants qui étaient devant applaudissaient parfois. Pendant quelques minutes, Kahina et ceux qui l’entouraient ne pouvaient pas suivre ce qui se disait. Il faut qu’un jeune étudiant pense à apporter un porte-voix pour qu’ils puissent être au courant.
- On demande à ce que justice soit faite ! Qu’une fois l’enquête sur la cause de sa mort bouclée soit rendue publique, qu’il y ait des sanctions et rapidement.
Certains se mettent à scander “Gloire à nos martyrs”, “Vive la démocratie”, alors que d’autres criaient de nouveau qu’il n’y aurait pas de pardon : “Ulac Smah !”
La plus grande partie des manifestants se disperse peu de temps après, ayant des choses à faire qui ne pouvaient pas attendre plus longtemps. Kahina qui s’était soulagée en criant sa colère et sa peine décide de rentrer à la maison après avoir déposé sa chaussure chez le cordonnier du quartier. Ce dernier n’était pas là.
- J’aurais dû me douter qu’il ne travaillerait pas maintenant ! Qui n’est pas concerné par cette marche ?
À part les gendarmes.
Ces derniers n’étaient pas sortis, même leurs véhicules n’étaient pas visibles. Les rues retrouvaient leur calme. La plupart des manifestants étaient rentrés chez eux. Kahina venait d’ouvrir la porte pour faire comme eux quand des cris lui parviennent. Il y avait aussi des bruits étranges. Il lui fallu un moment pour comprendre qu’il y avait des affrontements. Elle entra vite à la maison et alla voir depuis la fenêtre du salon. Des jeunes couraient. Et ce n’est qu’à cette seconde même qu’elle se rappella que Sami était dehors.
à suivre
A. K.
10 août 2010
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