Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Le FLN entre dauphins et requins
Le FLN est bien plus qu’un parti politique : c’est un patrimoine immatériel national. Pourquoi? Tout simplement parce qu’il a permis de réunir toutes les tendances nées de l’exercice politique avant le déclenchement de la guerre de libération.
C’est un front anticolonial qui a fini par réunir, les nationalistes, les islamistes, les communistes, et les autres tendances sous un même objectif : libérer le pays et le conduire vers l’indépendance. Il a fallu mettre au placard les divergences et les idéologies, privilégier la cause nationale à la cause partisane, se placer dans une hiérarchie nécessaire à l’organisation sans contestation, faire passer la compétence avant le clientélisme. Dans certaines régions où persistait l’esclavagisme, le tribalisme, et autres formes de différenciation sociale, cette machine de lutte armée et politique qu’était le FLN, a permis à des Algériens désespérés d’accéder à la responsabilité politique et militaire. Si le front a su comment gérer la guerre à coup de sacrifices en biens et en vies humaines de tout un peuple, il n’a, par contre, que très peu géré la paix ou alors s’est laissé prendre au piège des partis uniques qui ont mis nombre de pays en faillite à terme. Octobre 88 en est la preuve. D’aucuns pensent que l’Algérie aurait été autre sans être obligée de confisquer le pouvoir entre les mains d’un appareil unique bien qu’à pensées multiples malgré tout. Au sein du FLN d’après indépendance et devant le verrouillage de la vie politique, persistaient des résistances au sein des appareils appendices appelés pour les besoins de la récupération, les « organisations de masse » et au sein même des instances supérieures pour divergences de point de vue ou d’intérêt. Les choses n’ont pas été faciles pour les dirigeants, preuve que l’Algérie est restée vivante et que sa dynamique est demeurés intacte. Aujourd’hui que le vieux parti s’inscrit dans la concurrence parce que le paysage politique a changé, parce que le monde a changé pourquoi, s’étonner qu’en son sein, persistent des désaccords de fond ou de forme. Il est normal que des militants réagissent d’une manière ou d’une autre et désapprouvent ou approuvent les décisions prises « là-haut ». Le carriérisme n’a plus d’avenir pour ceux qui y croient encore et seule, compte la force de l’argument et de l’action, loin de toute agitation. Les agités ont leur place dans les cirques et si le FLN veut continuer à vivre y compris en dehors de l’Alliance présidentielle qui n’est que conjoncturelle, il est temps de se remettre en cause et de penser la modernité comme seule capable de propulser les idées. D’ailleurs, les jeunes dauphins du FLN ont bien recommandé d’envoyer un Algérien dans l’espace pour créer une nouvelle façon de voir. Même si cela paraît utopique pour le moment, de telles idées sont le signe que les requins doivent enfin céder la place, avant d’être poussés vers la porte à coups de pied.
9 août 2010
Contributions