Quelquefois j’ai l’impression de parler pour ne rien dire, parler pour faire peur au silence. Parler pour tout dire me fait mal. Les situations sont tellement inqualifiables que j’ai l’impression de trop, toujours trop demander aux mots.
Plus qu’ils ne peuvent dire. Des situations qui me croisent, me cinglent. Essayez de scruter vous-même. Regardez ce type. Tiré à quatre épingles, matraque à la main, semblant dire: «ici, c’est mon fief. C’est ma partie de ma patrie.» Sans son gourdin, on dirait qu’il s’est échappé d’une revue de mode, si ce n’était sa fatcha qui n’a pas eu la chance d’assister à la distribution de la beauté chez moulana. En plus, sans gêne, il crache sur un pavé fatigué de le porter. «Zid, zid redrissi, ça y est, c’est bon !» et il prend ses jambes à son cou. C’est une voiture qui quitte son stationnement. Pas question qu’il laisse le chauffeur partir sans payer les «impôts trotoiresques». Il l’arrête, créant l’embouteillage. Il s’en moque. Les voitures derrière peuvent toujours actionner leurs trompettes. Rien ne le perturbe. Même pas l’agent de l’ordre qui se trouve à quelques mètres. Ni les passants, rien ne le dérange. «Tu gares, tu payes, sinon » Le conducteur lui tend une piece de dix dinars. «Quoi, dix dinars ?» Il n’était vraiment pas content l’autoproclamé propriétaire du parking-trottoir. «Pour vous payer des grosses bagnoles, vous avez du fric, mais pour payer le stationnement ». Il est midi, son remplaçant arrive. C’est l’heure de la relève. Ils font le point. Ils comptent les voitures en stationnement. Le remplaçant doit le payer. Une somme forfaitaire selon le nombre de voitures en stationnement.
Ils se quittent. Le premier gardien passe au deuxième la matraque qui remplace en ces lieux la carte professionnelle et l’autorisation d’exercer. Au fait, c’est toute une organisation de racket qui s’est mise en place partout en ville
9 août 2010
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