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Lui Portrait… Par : Hamid Grine

8 août 2010

Contributions

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Edition du Dimanche 08 Août 2010

Culture

Lui

Portrait…

Par : Hamid Grine

Il est le pelé, le galeux d’où nous vient tout le mal. Les harragas fuient l’Algérie au risque de leur vie ? C’est de sa faute. C’est lui qu’ils fuient. Tout, sauf lui. Même la mort. La malvie de la jeunesse ?

C’est encore lui qui la déboussole, cette jeunesse perdue. Les émeutes ici et là pour ceci ou cela ? Toujours lui. Votre enfant n’a pas eu le bac, on vous a refusé le visa, pas d’augmentation de votre salaire, la faute à qui ? Lui. Et cette chaleur déprimante et ces coupures d’électricité, lui, lui, rien que lui. Sans lui, l’Algérie serait un paradis ; avec lui, c’est l’enfer. L’enfer, c’est lui. Lui qui tue, qui déprime, lui qui fait pleurer, lui qui rend fou les plus sages, lui qui défait les amoureux, lui qui fait tomber les voitures en panne, augmenter le coût de la vie, fait hurler la ménagère, de 20 à 70 ans. Et son mari avec, couple pour une fois uni dans la même détestation. Il est le plus faible, le plus nul, le plus vénal, sans caractère et sans personnalité, sans idées et sans niveau. Il est juste bon à lapider. Et encore, c’est le moindre des châtiments. Après ce qu’il a fait, c’est le peloton d’exécution qui doit lui tirer une salve en plein cœur s’il en a. Un quidam, fou furieux contre lui, m’a même lancé après un match de défaite en Coupe du monde : “Il faut le brûler vif ce mec-là !” Cet homme me semblait raisonnable avant la rencontre. Il était même délicieux si je puis dire. On lui confierait la belle-mère sans trop de crainte. Mais voilà, lui l’a transformée en bête furieuse. Ils sont des millions d’Algériens à être comme lui. Enfin pas lui, l’objet de ce portrait, mais l’autre, le supporter. Lui les rend fous. Sans faire exprès. Pour paraphraser Aragon, on dira qu’en respirant, il empêche beaucoup de gens de vivre.
Lui n’a pas toujours été si haï. Il fut un temps où il était Superman, le plus beau, les plus belles moustaches même s’il n’en avait pas, les plus beaux cheveux même s’il en avait peu. Il était le magicien, le faiseur de miracles. Il n’y a plus de gris, de noir en Algérie. Que du vert et du rose, plus de détritus, plus de pénuries d’eau, plus de chômage, plus de harragas (pourquoi partiraient-ils ailleurs puisqu’il est là.) Plus de divorces, plus de crises de nerfs, plus de nerfs en crise, plus de nerf tout court et plus de crise. Lui a créé la prospérité. Il était le lion des Aurès, le symbole d’une Algérie qui gagne, le dispensateur de bonheur, l’homme le plus aimé d’Algérie, le plus populaire, le plus vertueux, le plus compétent, le plus honnête (ce n’est pas très difficile), on donnait aux  nouveau-nés son nom, il était la baraka, l’homme providentiel, on l’acclamait là où il passait, on le fêtait, chouchoutait, congratulait à l’étouffer. Il était le cheikh, le chèque sans prix.
Il était le meilleur des maris, le plus beau des pères, le plus sympa des Algériens, le plus calme (pas difficile aussi), le plus guerrier, le plus “fhel”, le plus exportable, meilleur que le pétrole, plus rentable que le gaz. Il était l’unique, le seul, un monument vivant, notre prix Nobel cumulant tous les genres : littérature, médecine, physique, paix. L’incroyable, c’est que ni les succès ni les défaites ne dépendent de lui. Lui théorise. Aux autres de faire le reste. Si le buteur ne marque pas, c’est lui. L’attaque stérile, c’est lui, le gardien fébrile, c’est lui. Et même l’arbitre, c’est lui. Pourtant, lui est un être bon comme du petit pain, comme du petit-lait. Il est si bon que la meilleure façon de le remercier pour beaucoup de gens est de le faire cuire à petits feux. Et de le déguster chaud. Mais si demain, il gagne, on le ressuscitera pour le cajoler, l’encenser et le porter aux nues avant de le déguster à nouveau.
Ainsi est son destin. En bon stoïcien, il accepte ce qu’il ne peut changer. Lui a un nom et un prénom : Saâdane Rabah. Il est né dans un pays où l’on brûle les symboles. Et si on ne les brûle pas, on les massacre. Et si on ne les massacre pas, on les renie, on les oublie. Saâdane n’est qu’un maillon d’une langue chaîne qui étouffe les meilleurs fils de l’Algérie. Chaîne made in Algérie. C’est dire sa solidité.

H. G.
hagrine@gmail.com

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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