A deux bouchées du mois de tous les tracas, le pays en entier paraît comme suspendre son souffle, tant l’évènement religieux pour un petit quart et «oesophago-alimentaire» pour les trois-quarts, nous «touille» plus les esprits que les estomacs. La vedette, malgré elle, pour le ramadhan
de cette année, est la viande venue du pays du Tadj Mahal pour être dégustée au pays des ripailles abdominales. Les premiers containers sont déjà annoncés au port d’Alger qu’ils suscitent un sentiment peu «décodable» chez le commun des jeûneurs-consommateurs que nous sommes. Et même s’il est tristement vrai qu’un peuple qui ne mange pas de ce qu’il produit avec ses propres mains, est un peuple voué à becqueter de tout ce qui tombe de la table des autres; la viande venue du pays du Mahatma, qu’elle soit comestible ou pas, pose le problème à l’envers. Le téléphone arabe n’étant pas un problème de faiblesse de débit, le bruit assourdissant, répandu, selon la «main de l’étranger» par la «maffia carno-financière», court les rues du pays pour parler d’une viande indigne de renter dans l’estomac des Algériens, parce que, paraît-il, provenant de l’abattage de la vache, supposée être le quadrupède le plus sacré au pays de Bollywood.
Un événement terrible s’abattrait donc, sur tout jeûneur qui toucherait à cette viande «sacrée» ( ?!). Ce fourre-tout ramadhano-carêmeux, lui-même enfariné dans un écheveau impossible à démêler, revient en réalité, à savoir si c’est le ramadhan qui nous mange ou si c’est nous qui devons dévorer le ramadhan et en finir, avec lui, une bonne fois pour toutes ? Parce que, regarder le monde tourner par le chas de ses gros boyaux, revient à dire que le ramadhan n’est rien d’autre, qu’une sorte de période «morte» où tous les coups tordus sont permis, entre le lever et le lever du soleil.
Et si des histoires de grand-mère séniles nous parlent encore de ces Esprits frappeurs qui sont enchaînés pendant le mois où le Coran fut révélé au dernier des prophètes, comment parbleu, menotter les mains à ceux qui courent après une place au paradis en apprenant à faire des brushings «made in» sur la tête teigneuse des chauves fauchés?! Une histoire, tragiquement vraie celle-là, raconte qu’un ex-col blanc compte proposer, pour expier sa faute, d’importer trois cents livres de viande, à faire manger par ses subalternes grugés. Une philosophie de la vie, inspirée du monde effroyable des charognes affamées, que d’autres hommes, regroupés en un cartel dit des «chipeurs repentis», auraient, eux aussi, proposé d’ouvrir des restos du cœur, avec soda et amuse-gueules à la clef, moyennant l’autorisation «halal» de «casser» du ramadhan à une période où il leur est impossible de ne pas «irriguer» leur gosier! Mais qui, au fait, se souvient, encore, de ce pauvre mérinos, lui aussi interdit d’importation pour un problème de «queue» ?! Une blague si dingue qu’elle avait inspiré (en son temps), à un génial caricaturiste, bien de chez nous celui-là ( !), la truculente idée que le pauvre mouton australien devait venir chez nous pour mourir aussitôt arrivé tandis que son congénère algérien rêve toujours du pays du kangourou pour y vivre pour toujours et
y mourir
7 août 2010
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