Edition du Samedi 31 Juillet 2010
Des gens et des faits
“L’inacceptable cause”
La nouvelle de Adila Katia
Par : Adila Katia
Résumé : Samra prend le chèque que lui donne Kahina. Celle-ci était convaincue que le marché était conclu, que Samra va rompre. Kahina passe une affreuse nuit blanche à se demander si c’est vraiment le cas. Les propos que lui a rapportés Sami ne l’ont pas rassurée. Samra pouvait bien se venger en lui parlant du marché proposé par sa mère…
9eme partie
Kahina doit se retenir avec peine pour ne pas s’arracher les cheveux. Elle s’était tendue un piège. Lorsque Sami saura, il partira. Il ne reviendra plus.
- Maman ? murmure ce dernier, un peu inquiet en la voyant pâle, les traits tirés et surtout, elle avait cette habitude de parler seule quand ça n’allait pas. Qu’est-ce que tu me caches ?
- Rien, mon fils, rien.
- Tu en es sûre ? À te voir, insiste-t-il en voyant ses yeux devenir larmoyants, je suis persuadé du contraire. Je suis ton fils, lui rappelle-t-il. Tu peux ouvrir ton cœur à moi.
Kahina ne peut s’empêcher de soupirer. Elle lui a ouvert à maintes reprises son cœur et sa peur de la solitude n’avait rien pu changer en ses sentiments, en sa volonté de partir. Si elle faisait la folie de tout lui confier, il ne voudrait plus vivre avec elle.
- Tu sais que je t’aime, que tout ce que je fais, c’est pour ton bonheur, lui répond-elle. Tâche de ne jamais l’oublier.
- Mais ça ne répond pas à ma question ! lui fait-il remarquer.
- Peut-être. Plus tard, tu comprendras, insiste-t-elle, avant de lui servir son déjeuner. Je t’ai préparé ce que tu aimes le plus, la chorba frik. Tu vas te régaler.
- Et toi, tu ne déjeunes pas ?
- Plus tard, murmure-t-elle avant de sortir de la cuisine pour aller ranger la chambre de Sami. Comme d’habitude, une dizaine de cassettes traîne sur la table de chevet, il y a aussi des revues sous le lit, des revues qu’il a dû feuilleter avant de s’endormir. Kahina les range dans le tiroir de la table de chevet puis elle fait le lit après avoir changé les draps. Sur le bureau, il y a un désordre indescriptible, mais comme il n’aime pas qu’on y touche, elle n’y regarde que de loin. Dans un coin, il y a la photo de Samra, celle-ci est toute rayonnante de bonheur. Son sourire semble la narguer. Si Kahina ne craignait pas la colère de son fils, elle prendrait un malin plaisir à casser le cadre, à déchirer la photo.
- Non, il faut que ce soit toi, dit-elle en son for intérieur.
En entendant le téléphone sonner, Kahina décroche en même temps que Sami depuis le salon. Comme toujours, c’est Samra.
- Comment se fait-il que tu ne m’aies pas appelé hier soir ? lui dit-il
- J’avais à faire, prétexte-t-elle. Qu’est-ce que tu fais cet après-midi ?
- Rien, pourquoi ?
- Il faut qu’on se voit, répond-elle. J’ai des choses à te dire. On se retrouve au jardin ?
- OK ! ça a l’air urgent, remarque Sami. Je peux savoir de quoi on va parler ?
- Tu le sauras plus tard. Dans une heure au jardin !
Sami n’a pas le temps de dire un mot qu’elle a déjà raccroché. Kahina en fait de même dans la chambre. Sami la trouve en train de plier son pyjama.
- Samra a appelé, lui dit-il. Elle m’a paru étrange dans sa façon de me parler, confie-t-il à sa mère. Je me demande pourquoi ce rendez-vous de dernière minute ?
- Tu dois lui manquer, c’est tout, émet Kahina. C’est ça l’amour !
- J’aimerais bien te croire, dit Sami en prenant son blouson et quelques pièces de monnaie. Je ne tarderai pas.
Kahina attend qu’il soit parti pour appeler chez Samra. Elle aurait voulu savoir de quoi il en retournait mais manque de chance, la jeune fille était déjà sortie.
à suivre
A. K.
31 juillet 2010
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