Edition du Lundi 26 Juillet 2010
Culture
Il y a quinze ans disparaissait cheikh Djillali n Aïn Dedles
Reflet culturel
Par : ABDENNOUR ABDESSELAM
Nous n’avons pas besoin de donner des gages de reconnaissance mutuelle mais désirons seulement que soit assumée la culture plurielle du pays sur la base de ses particularismes.
Ainsi la diversité devient un facteur d’unification. Voilà quatorze ans que disparaissait cheikh Djillali n Aïn Dedles sans qu’aucune voix ne daigne penser à s’en remémorer du côté de la culture certifiée. Plus que de se souvenir d’un homme, c’est tout un genre musical que l’oubli a vite englouti. Un genre spécifiquement algérien appelé Agellal ou l’guellal proche de l’Ahellil. Toute la série d’hommes et de femmes ayant joué du l’guellal ont disparu pour certains ou vivent encore pour d’autres dans une froideur et une indifférence totale. Qui se souvient du maître Ali Bacha de la région de Chbacheb tout près de Khemis El Khechna, disparu dans les années 1970, ou de Hadda Beggar des Béni Barbar à Souk-Ahras, El Mamachi et Abdelkader Bensebbane d’Oran, Ali Al-Khenchli des Aurès, ou encore cheikh Ahmed Palikao de Tighenif. La bédouinité n’est pas orientale. Elle est spécifiquement algérienne mais l’esprit inféodé ou méconnaissant de cette richesse, d’autres richesses aussi, s’entête à trouver à toutes nos valeurs une origine autre. Elles deviennent sans âme et sans fondement social. En 1996, j’ai, par hasard, rencontré dans une rue d’Alger cheikh Djilali n Aïn Tedles. C’est alors qu’autour d’un café, nous avions engagé une discussion se rapportant à la culture plurielle du pays et plus précisément de la poésie. Me sachant de Kabylie, dans la foulée de l’entretien, il se référait à si Mouhend Oumhend comme pour montrer qu’il ne pouvait pas reconnaître l’une sans l’autre des variantes sinon, me disait-il, ce serait mutiler la poésie et la culture du pays. Cette vision large et dénuée de toute exclusion sortait de la bouche d’un personnage, hélas, plaqué aujourd’hui dans les marges de la vie culturelle. De le savoir en assez bon connaisseur de cette poésie mohandienne me surprit. C’était, me dira-t-il, un ami à lui, un Kabyle, résidant dans l’Ouest qui lui en parlait souvent. Ce qu’il faut peut-être retenir de cette rencontre, c’est ce besoin de connaissance et de reconnaissance des uns par les autres et réciproquement loin de la bêtise humaine… la plus officielle. Ce bref souvenir est en hommage à l’un des spécialistes du l’guellal, spécialité strictement algérienne, disparu il y a quatorze ans.
A. A.
(kocilnour@yahoo.fr)
27 juillet 2010
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