“L’inacceptable cause” La nouvelle de Adila Katia -1re partie

Edition du Lundi 19 Juillet 2010

Des gens et des faits

“L’inacceptable cause”

La nouvelle de Adila Katia

Par : Adila Katia

1re partie

Pour ses dix-huit ans et pour l’obtention de son bac avec mention, Sami eut la chance de partir en France pour un mois de vacances. C’était le cadeau de ses parents. Il est leur unique enfant et il ne les avait jamais déçus.

Depuis toujours, Kahina avait été surprise par sa gentillesse, sa tolérance, son ouverture d’esprit qu’il tenait de son oncle maternel Aziz. Ce dernier avait beau habiter en Belgique, chaque fois qu’il venait pour les vacances d’été, Sami le suivait comme un petit chien, allant partout, buvant ses paroles et surtout il avait toujours l’habitude de le défendre à coups de mots ou de pied. Gare à celui qui avait une opinion différente de celle de son oncle. Le tonton avait toujours raison, sur toute la ligne.
Heureusement, pour elle et pour les autres, tonton Aziz ne restait que deux mois et demi. Après son départ, la tempête allait sur une autre région, un autre pays et le calme revenait enfin. Kahina soupirait alors, mais derrière le dos de son fils. Sami adore son oncle. Il faut préciser que tonton Aziz enseigne au lycée et qu’il travaille dans un centre culturel. Il a le sens du contact et il a toujours quelques sujets qui accrochent les jeunes : le foot, la politique. Et il semblait connaître la vie privée de tous les acteurs et chanteurs étrangers. Sami adorait la chanson anglo-saxonne. Tonton Aziz n’oubliait jamais de lui apporter des disques ou des cassettes où il avait pris soin de lui enregistrer les tubes de l’année.
- Qu’est-ce que tu écoutes ? demande Kahina en allant le voir dans sa chambre. Encore du saxon ?
Sami a beaucoup plus lu les questions sur ses lèvres qu’il ne les a entendues. Par respect pour sa mère, il se débarrasse de son walkman et le glisse dans le tiroir de sa table de nuit.
- Tu veux discuter avec moi ? dit Sami.
- Oui. Maintenant que la discussion est enfin possible, je voudrais savoir comment ont été les
cours ?
- Les enfants étaient super. Ils sont très intéressés par ce que je leur enseigne, lui apprend-il. Avec un peu de chance, ils vont avoir de très bonnes notes en maths et en physique. Leurs parents vont être très satisfaits par leurs résultats.
- Je suis fier de toi, murmure Kahina. Et tes études ? L’anglais te plaît toujours autant ?
- Oui, je vais étudier en parallèle l’allemand. Je tiens à bien maîtriser ces deux langues, insiste le jeune homme. Je voudrais tenter ma chance à l’étranger.
- Encore une idée de ton oncle, lâche Kahina. Il a le don de souffler les mauvaises idées aux autres. Ce n’est pas parce qu’il vit loin d’ici qu’il faut impérativement que les autres aussi fassent comme lui !
- Maman, il n’y est pour rien ! Tous les jeunes rêvent de partir d’ici, dit Sami comme si elle ignorait la chose. Ils sont licenciés et n’ont pas travaillé une seule fois, même pas une heure. Ils ne font rien de leur vie. Ils attendent ce qui ne viendra jamais. Je ne veux pas faire comme eux. Je veux prendre en main ma destinée. Je partirais dès que j’aurais ma licence.
Sami est sérieux. Kahina a le cœur serré par l’angoisse. Il n’est pas encore à sa dernière année mais le temps passe si vite. Ces quatre années seront les plus courtes de son existence. Sami est son unique enfant et elle ne voudrait pas être séparée de lui. Mais que faire pour le retenir lorsque le moment fatidique arrivera ?