La santé morale de nous autres est fortement liée à la prévision d’événements. On se rend compte assez jeune, en effet, que l’on ne se sentait bien que si on avait une perspective intéressante et encourageante à nous mettre sous la dent.
L’espoir fait vivre, dit-on, et cela semble une expression assez proche de notre ressenti pour la faire nôtre aujourd’hui. A partir du moment où il y a une «carotte» suffisamment alléchante, on est capable de bien des choses, efforts physiques ou mentaux, concentration, efficacité. Si on ne trouve plus de carotte, ou si on se rend compte que l’on ne pourrait jamais l’atteindre parce qu’elle est trop loin ou trop incertaine, psychologiquement, on s’effondre.
Aujourd’hui, les choses se sont compliquées. Mais cette fois, tout ne dépend plus que de nous. On n’est plus seuls maîtres à bord. D’une minute à l’autre, une chute inopinée, une otite carabinée, un caprice hystérique peuvent détruire les plans pourtant les mieux construits. Impossible de prévoir à coup sûr une sortie, un loisir, voire un petit quart d’heure de temps libre, en silence. Il faut maintenant voler ces instants, les optimiser à mort, en prévoyant la possibilité de devoir tout arrêter dans l’instant, pour une urgente urgence.
Bientôt c’est sidna Ramadhan el moubarak. On dira Ramadhan et point barre. Moubarak, ce qualificatif nous rappelle de mauvais souvenirs. En plus le pouvoir de ce dernier est en train de se plaindre parce que les gestionnaires de la zone arabe de libre-échange, mergou. Ils refusent aux commerçants de Misr de nous fourguer tout et n’importe quoi au nom d’une fraternité à sens unique. Nous autres, on accepte l’arnaque de nos importateurs, mais celle des autres, même au nom de la rahma de sidna Ramadhan qui s’annonce chaud dans tous les sens , rien.
24 juillet 2010
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