Par Abdelmadjid Bouzidi
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Après avoir été toute proche d’une situation de faillite, l’économie algérienne est aujourd’hui une économie désendettée. Rappelons-nous :
en 1994, durant le premier trimestre, le service de la dette, c’est-à-dire le paiement du principal et des intérêts dus par L’Algérie à ses créanciers, était de 100 %. Ceci signifie que l’Algérie devait consacrer l’intégralité de ses recettes d’exportation à ses créanciers pour le paiement de sa dette. Cette situation a conduit le pays à demander le rééchelonnement de sa dette extérieure après un accord signé avec le FMI qui imposait une réduction des dépenses publiques, un blocage des salaires, une réduction des subventions aux produits de première nécessité et une libéralisation des prix, une forte dévaluation du dinar. Les Algériens s’en rappellent bien ! Tout cela, dans un contexte de crise sécuritaire sans précédent. L’Algérie a ainsi rééchelonné 16 milliards de dollars à rembourser sur une période de près de 11 ans, sur une dette extérieure totale de plus de 30 milliards de dollars. Le pays a pu sortir ainsi du «piège de la dette» dans lequel il s’était enfermé et qui l’amenait à s’endetter pour rembourser la dette : les crédits mobilisés servaient non pas à financer le développement économique mais à rembourser la dette.
En 2004, l’Algérie, grâce à des recettes d’exportation d’hydrocarbures en augmentation, a décidé de rembourser sa dette extérieure par anticipation et régler ainsi trois problèmes :
1/ Diminuer le fardeau des intérêts payés aux créanciers.
2/ Assainir la situation financière vis-à-vis de l’étranger en faveur des générations futures.
3/ Augmenter la marge de manœuvre pour la politique économique nationale.
Ainsi, depuis 2004, ont été remboursés plus de 16 milliards de dollars, auprès du Club de Paris (dette publique) et du Club de Londres (dette privée), 8,5 milliards de dollars ont été remboursés. Auprès de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et des autres institutions financières internationales : 3,1 milliards de dollars. Auprès de la Russie 4,70 milliards de dollars de dette ont été annulés en contre-partie d’achat de matériel militaire. Ainsi, la dette extérieure de l’Algérie a évolué comme suit :
Evolution de la dette extérieure (en milliards de dollars)
1999 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 |
28.14 | 23 | 21.8 | 16.5 | 5 | 4.9 | 4.3 | 3.9 |
En 2009, le service de la dette, c’est-à-dire la part des recettes d’exportation consacrée au remboursement de la dette extérieure (capital et intérêt) n’est que de 2 % contre 39 % en 1999, 9,5 % en 2005 et 2,3 % en 2007. Comme on peut le constater, l’économie algérienne n’est plus aujourd’hui une économie endettée. L’Etat algérien a-t-il eu raison de rembourser sa dette par anticipation ? Même si on n’en était pas convaincu au moment où la décision fut prise, la crise financière internationale lui a donné raison et lui a permis d’éviter d’avoir à recourir au marché financier international devenu très coûteux et d’économiser plus de 4 milliards de dollars de paiement d’intérêt si la dette était restée au même niveau. Enfin, il faut ajouter qu’aujourd’hui l’Algérie a une qualité de signature rétablie sur les marchés financiers internationaux et la note que lui attribuent les agences de notation des risques est bonne. Bien évidemment, ces remboursements par anticipation ont été rendus possibles grâce à une amélioration sans précédent des recettes d’exportation d’hydrocarbures qui ont permis à l’Algérie d’accumuler des réserves de change très importantes estimées à 148,35 milliards de dollars à la fin de l’année 2009 (y compris les avoirs en droit de tirage spéciaux — DTS — auprès du FMI). Hors DTS, les réserves de change sont évaluées à 147,22 milliards de dollars à fin 2009.
A quoi servent les réserves de change ?
Les réserves de change d’un pays remplissent trois fonctions essentielles :
1/ garantir la valeur de la monnaie nationale
2/ financer les importations
3/ préserver la position financière extérieure du pays.
Ceux qui dans notre pays revendiquent l’utilisation des réserves de change pour financer les investissements et le développement économique font une erreur sur la compréhension qu’ils ont de la finalité des réserves de change. En Algérie, les réserves de change (en devises) sont gérées par la Banque d’Algérie. Une partie de ces réserves est placée en bons de Trésor américain et auprès de banques centrales étrangères.
En procédant ainsi, la Banque d’Algérie a opté, si l’on en croit son gouverneur, pour :
- la sécurité
- la liquidité (on dispose de nos devises quand on veut)
- une bonne gestion des risques
- une diversification des devises.
Ces placements ont produit jusqu’à présent entre 2 et 4 milliards de dollars par an ; ce qui a permis à l’Etat de maintenir les programmes d’équipement du pays malgré la baisse des recettes d’exportation des hydrocarbures de moitié entre 2008 et 2009.
Ces placements ont permis aussi de préserver nos réserves de change et de les maintenir à la hausse. Les réserves de change de l’Algérie sont libellées en dollars (46 %) et en euros (42 %). Jusqu’à à présent, l’Etat algérien a utilisé ses réserves de change à rembourser par anticipation la dette extérieure du pays et pour assurer et consolider la position financière extérieure de notre économie. Il faut savoir que la contrepartie en dinars des réserves de change existe :
• dans le fonds de régulation des recettes
• dans le compte de Sonatrach auprès de la BEA
• en dépôt devises.
Il est incontestable de souligner que les réserves de change et le Fonds de régulation des recettes ont permis à l’Algérie de faire face à la crise financière et économique mondiale tout en maintenant et en poursuivant les importants programmes d’équipement du pays. Ces réserves de change ont aussi, bien évidemment, permis de préserver la stabilité macroéconomique du pays. On peut terminer cette note optimiste en rappelant que le prix du baril oscille entre 75 et 80 USD et que la période du pétrole cher est encore devant nous. Pour conclure, on peut reconnaître que, dans le domaine particulier de la gestion des équilibres financiers du pays, et grâce à un marché pétrolier mondial favorable, l’Etat algérien a correctement géré les ressources du pays. Aujourd’hui, l’économie algérienne est pratiquement désendettée, la position financière extérieure du pays est favorable, l’avenir financier du pays à moyen terme est préservé. Cette embellie financière, qui, certes, a permis les énormes programmes d’équipement du pays, doit maintenant servir à reprendre le développement de l’outil de production du pays et relancer l’investissement productif.
Il faut savoir semer son pétrole.
A. B.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/07/21/article.php?sid=103317&cid=8
21 juillet 2010 à 14 02 45 07457
Toutes nos félicitations à l’auteur de ce brève rapport financier et les commentaires qu’il y associe. Rafraichissante la vérité appuyée de statistiques, elle remet de l’ordre dans la maison et balaye les ordures que déversent les voisins malveillants.
La clôture de l’opération de paiement par anticipation de la dette devrait être décrétée jour férié et fête nationale ! L’Algérie a retrouvé son indépendance !
Et comme l’a déclaré publiquement Bouteflika : «Jamais ! Plus jamais !». Entendre: «nous ne tomberons jamais plus dans cette trappe!». Les maitres de l’intox parlent eux de « richesse appauvrissante » et refusent de reconnaitre la portée et la valeur des décisions prises, de dimension historique, garantissant l’avenir du pays. le problème à résoudre par tous les algériens est celui de l’éradication de la corruption et des détournements de biens publiques, un cancer qui ronge l’économie depuis 1962, pas seulement 1999 !
23 juillet 2010 à 15 03 22 07227
On parle d’indépendance financière, c’est vrai. Seulement, l’Algérie me semble fragile et dépendante d’un seul facteur : le prix du baril. Et ça, c’est gênant. De fait, il est difficile d’établir un plan financier annuel de l’Etat valable au vu des variations du baril.