Après avoir refusé avec morgue la constitution d’une commission d’enquête indépendante sur le raid meurtrier de la marine israélienne contre la flottille de la paix pour Gaza, dont Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, avait appelé à la création, les autorités de Tel-Aviv se sont essayées à donner le change en faisant diligenter deux enquêtes israélo-israéliennes.
L’une, qui a été menée en interne dans l’armée par des militaires exclusivement. L’autre, confiée à des magistrats et des personnalités de l’Etat sioniste, dont «l’indépendance morale et le courage politique» ont été par avance encensés.
La commission d’enquête de l’armée a rendu ses conclusions la semaine dernière. Sans surprise, elle a justifié le recours à la force qui a fait, pour rappel, 9 morts et de nombreux blessés parmi les humanitaires embarqués sur la flottille de la paix. Elle a tout au plus reconnu «des erreurs lors de la planification et de l’exécution du raid».
L’ONG turque IHH, dont des membres ont été tués dans l’opération, a rejeté les conclusions de l’enquête militaire israélienne en estimant «qu’elles n’étaient bonnes qu’à mettre à la poubelle». Jugement que partage la majorité de l’opinion internationale, qui n’est pas dupe de l’objectif visé par les autorités israéliennes à travers leurs enquêtes en interne.
Il n’est pas dans l’intention de Tel-Aviv de faire la lumière sur le raid sanglant de la marine israélienne, encore moins de soumettre à critique les raisons politiques qui ont conduit à la décision de le lancer. Sur le principe même du raid, il y a eu consensus entre les establishments civil et militaire. La mystification par les deux enquêtes israéliennes consiste à entretenir l’illusion que l’Etat hébreu, «démocratique et respectueux du droit», est apte à diligenter des enquêtes sur ses propres fautes. L’enquête militaire ayant déduit qu’il n’y a eu que des «erreurs», le commandement de l’armée israélienne annoncera sans aucun doute «des sanctions» contre quelques officiers subalternes. Mais ce tour de passe-passe laisse entier le fond du problème, qui est que le raid sanglant contre la flottille de la paix est illégal, injustifiable et la décision politique dont il est la conséquence, criminelle et ses auteurs passibles de la justice internationale. Ce que la Turquie, dont les citoyens ont été assassinés, soutient et réclame.
Refermer au plan international le dossier du raid israélien sous prétexte que l’Etat hébreu a fait ses propres enquêtes et désigné quelques lampistes pour des sanctions «administratives», confortera ses dirigeants dans la certitude qu’ils sont intouchables et au-dessus des lois internationales.
Une certitude qui leur a fait commettre sans le moindre questionnement des crimes contre l’humanité et leur donnera argument pour en perpétrer d’autres à l’avenir.
20 juillet 2010
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