[Bouillon de culture] Commentaire sur : « Rêves prémonitoires, sentiments de tendresse, efforts désespérés Ricochets ou recueil de textes poétiques de Ameur Ammar »
Lundi 19 juillet 2010 12h25
Auteur : izarralune (IP: 88.161.60.222 , pas72-1-88-161-60-222.fbx.proxad.net)
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4 – LES POETES DU VENT
De nos jours l’art poétique s’est démocratisé en bassesse et incompétence. Et, se répandant dans toutes les sphères du possible (de la plus inepte à la plus insane, de la plus populaire à la moins honnête, de la plus minuscule à la plus infâme), la poésie est devenue prétentieuse, soporifique, creuse.
Et pour lui donner plus de poids, un cachet, bref pour faire impression sur les imbéciles, on la fait comiquement hermétique. Là où je ris, d’autres s’extasient. Ou feignent de s’extasier. A moins qu’ils ne croient vraiment à la valeur de ce qu’ils lisent, dupés par l’imposture du verbe mis en vers sous les plus ridicules prétextes.
Ici on chante le ciel bleu et les oiseaux, mais on les chante dans un langage parfaitement abscons. Là on peint l’imaginaire « émoi cosmique » issu de la cervelle la plus ordinaire qui soit, et c’est grotesque, pitoyable.
Ainsi l’art poétique a été si dévalué qu’un simple, inoffensif ciel bleu devient chez le poète une affaire d’état ou un enjeu phraséologique aux conséquences infinies… Ou bien la plus insignifiante des humeurs tourne, sous la plume d’immatures auteurs, au raz-de-marée verbeux.
Nul ne sait plus discerner l’art véritable des simples gammes que fait sur son piano l’élève qui a encore tout à apprendre de la musique. Un quidam improvise selon son intuition maladroite sur le clavier : il en sort du bruit et les ânes applaudissent… Ils n’entendent eux-mêmes rien à la musique mais ils applaudissent quand même, trop heureux de pouvoir ajouter du bruit au bruit, histoire de s’exprimer eux aussi, à leur manière, dans cette cacophonie générale.
Chacun s’exprime avec ce qu’il possède : pour certains ce sera avec le vide, pour d’autres ce sera en tapant des mains. Remarquons que les premiers offrent un écho aux seconds, sachant que le vide fera toujours résonner le moindre son.
Surtout lorsqu’il émane de cloches.
RAPHAËL ZACHARIE DE IZARRA
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19 juillet 2010
1.POESIE