Les négociations dites «de proximité ou indirectes» entre Palestiniens et Israéliens, engagées depuis mai dernier sous l’égide des Etats-Unis, n’ont donné lieu à aucune avancée pouvant justifier que l’Autorité palestinienne accepte de passer à des négociations directes avec le gouvernement Netanyahu. En dépit de ce constat, c’est pourtant cette option que l’émissaire américain pour le Proche-Orient a cherché à faire admettre hier au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avec lequel il s’est entretenu hier à Ramallah.
Abbas ne peut, sans se déconsidérer irrévocablement auprès de son opinion publique, donner son accord à une reprise du dialogue direct avec Israël, alors que celui-ci campe sur la poursuite de la politique et des agissements qui ont conduit à sa rupture. En acceptant de le reprendre dans ces conditions, il donnera ainsi pleine satisfaction à Benjamin Netanyahu et son cabinet qui sont à l’origine de l’initiative américaine voulant substituer aux négociations de «proximité» un dialogue direct.
Bien que rien n’ait filtré de l’entretien qu’ont eu vendredi l’émissaire américain et le Premier ministre israélien, il est quasi certain que ce dernier a accepté le principe du dialogue direct, du moment que cela ne le contraint à aucune concession préalable aux Palestiniens. Ce que les Américains ont d’ailleurs renoncé à obtenir de lui. Ce dialogue direct étant leur conception de la relance des pourparlers de paix, ils veulent désormais le promouvoir en pesant de toute la force de leurs pressions sur Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne.
Le président palestinien sait parfaitement que son refus de ces discussions directes lui sera reproché en tant que «volonté de confrontation» avec le président américain Barak Obama, qui en a fait la clef de voûte de la contribution américaine à la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien.
Il ne peut malgré cela se déjuger en passant à des négociations directes alors qu’Israël persiste et signe dans son refus du moindre «geste» ou «signal» indiquant qu’il prend en compte les demandes formulées par l’Autorité palestinienne et appuyées par la communauté internationale. Abbas est allé au bout des concessions qui lui ont été demandées à chaque fois que les Etats-Unis et la communauté internationale se sont avisés de bouger pour débloquer la situation entre Palestiniens et Israéliens.
Cette fois et malgré la pression américaine, il est dos au mur. Son propre mouvement, le Fatah, pourrait le désavouer s’il donne son accord à la reprise du dialogue direct. Lequel a fait savoir jeudi, avant la rencontre Mahmoud Abbas-George Mitchell, que les négociations indirectes «n’ont abouti à aucun progrès en raison de la défiance et du manque de crédibilité des Israéliens» Ce que empêche, selon le Fatah, le passage à des négociations directes.
Devant cette conclusion aussi nette émise par ses propres partisans, Mahmoud Abbas peut-il passer outre et donner son feu vert à la démarche qu’est venu lui vendre l’émissaire américain, qui n’a rien obtenu des Israéliens qui plaide en sa faveur ?
La solution au conflit israélo-palestinien passe effectivement par des négociations directes entre ses protagonistes. Mais pour y arriver, faut-il que le poids des pressions internationales cesse de ne s’exercer qu’unilatéralement, sur la partie palestinienne, alors que le monde entier et le président américain le premier ont admis et reconnu que les obstacles et le blocage que connaît le processus de paix au Proche-Orient viennent d’Israël.
18 juillet 2010
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