Il y a quelque chose qui ne va pas dans le royaume de l’été. Une sortie en plage à la recherche d’une paix de fin de semaine nous a fait découvrir ce qui est fait pour une paix sociale.
Tu arrives aux Andalouses. Avec toute la smala embarquée dans une voiture à peine surchargée. Tu veux te garer, tu paies. D’accord. 100 dinars en échange d’un ticket anonyme. Maalich. Tu as le choix entre la plage publique, qui est en fait un couloir entre deux plages privées prises en concession, et les concessions : tu y es habitué. 200 dinars par tête de pipe.
Il t’est offert en échange une chaise et un parasol collectif. Une table et des multiplications de prestations. Il y a d’abord un DJ. Qui t’assomme avec une sono crachant et vomissant tous les tubes qu’il aime ne pas entendre chez lui.
C’est le repos total. Total repos. Totale sécurité. Tu viens respirer un bol d’air frais à tes frais. C’est extra. Des extras même, puisque tu as droit au gaz dégagé par le mazout des jet-skis qui sont proposés. Tu te dis que c’est normal : faut bien que ceux qui ont loué nos plages, les plages qui appartiennent à tous les Algériens, amortissent l’argent qu’ils ont investi. Ne te pose surtout pas la question : au nom de quelle logique du sable, une parcelle de plage est mise en adjudication. C’est de la politique et la politique, ce n’est pas le but de ces écrits. Et crie sur tous les toits que toi tu ne fais pas de politique. Si tu dis qu’à la place d’air pur, tu as des odeurs de chicha plein les poumons qui te parviennent, on te dira : «t’es contre la modernité».
En attraction, ce qu’on appelle «animation de plage», il t’est proposé des videurs qui jouent aux raquettes : lance-moi la balle que je te la relance… Il s’est même trouvé un raquetteur qui s’est écroulé sur un bébé, taquinant le sable. Il te regarde quand tu vas secourir ta progéniture et il s’excuse : «Je ne l’ai pas fait exprès, khouya». Manquerait plus qu’il le fasse exprès…
Après, tu en a ras les poumons. Tu décides de partir. Tu reprends ta voiture, Et tu gares aux abords d’un trottoir, en attendant que le reste de l’équipée arrive. Tu charges tout le petit monde et, au moment de redémarrer, car tu n’as pas quitté ta voiture, il te vient une autre chose qui pèse 90 kg et qui te demande 100 dinars pour avoir utilisé cet espace le temps d’une paix sociale.
17 juillet 2010
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